Après la victoire décisive d'Alexandre le Grand à la bataille de Gaugamèles (331 av. J.-C.), l’Empire perse achéménide est en pleine désintégration. Darius III, le roi des Perses, fuit vers l’est pour rassembler une nouvelle armée, laissant la défense de sa capitale symbolique, Persépolis, au satrape Ariobarzane. Celui-ci, chargé de protéger l’accès à la Perse proprement dite (Persis), se retranche dans un étroit passage montagneux des monts Zagros, connu sous le nom des Portes Persiques.
Les Portes Persiques, situées dans l’actuelle province de Fars, en Iran, constituent un passage naturel stratégique reliant la région de Suse à Persépolis. Ce col étroit et facilement défendable est idéal pour tendre une embuscade et ralentir l'avancée d'une armée. Il est historiquement comparable au défilé des Thermopyles, où les Grecs avaient tenu tête à l'armée de Xerxès en 480 av. J.-C.
Alexandre, poursuivant sa conquête, vise Persépolis pour des raisons stratégiques et symboliques. Conquérir cette cité, cœur du pouvoir achéménide, serait un coup fatal pour l’empire perse. Pourtant, ce chemin n’est pas sans danger : il traverse les territoires des Uxiens, une tribu montagnarde hostile, et débouche sur les Portes Persiques où Ariobarzane a préparé une embuscade.
Statue d'Ariobarzane à Yasuj dans les monts Zagros
Ariobarzane, avec environ 40 000 soldats, fortifie la sortie est des Portes Persiques en érigeant des murs de pierre et en positionnant des archers sur les hauteurs. Lorsque l’armée d’Alexandre, estimée à 17 000 hommes pour cette expédition, entre dans le défilé étroit, les Perses lancent une attaque surprise. Des pluies de flèches et des blocs de pierre s’abattent sur les Macédoniens, provoquant d’importantes pertes. Pris au piège, Alexandre ordonne un repli désordonné, laissant derrière lui des morts et du matériel, une rare humiliation pour l’armée macédonienne.
Refusant de renoncer, Alexandre interroge des prisonniers pour découvrir une route alternative. Selon les récits, un berger ou un chef de tribu local indique un chemin escarpé contournant les positions perses. Alexandre divise son armée en deux :
Après une nuit d'efforts harassants, Alexandre surprend les Perses à l’aube. Pris à revers, les soldats d’Ariobarzane, encerclés et dépassés, succombent à une attaque en tenaille.
Ariobarzane, avec quelques centaines de survivants, tente une retraite vers Persépolis, mais il est repoussé par Tiridate, le commandant de la forteresse de la ville, qui a secrètement négocié avec Alexandre. Selon certaines sources, Ariobarzane mène une dernière charge héroïque contre les forces macédoniennes avant d’être tué.
La bataille des Portes Persiques est un exemple de la persévérance d’Alexandre face à une situation défavorable. Sa capacité à s’adapter, à exploiter les faiblesses de l’ennemi et à utiliser la ruse témoigne de son génie militaire. Cette victoire symbolise également la chute définitive de l’empire achéménide, remplacé par un empire hellénistique qui marquera durablement l’histoire de l’Orient.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Décembre 2010