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Guerre romano-étrusque (-389 - 308)

Avant la fondation de Rome : Conflits légendaires avec les Étrusques

Les origines mythiques des affrontements

Les premières interactions entre Romains et Étrusques sont enracinées dans des récits légendaires, qui mêlent histoire et mythologie. Selon la tradition romaine relatée par Tite-Live et d’autres auteurs antiques, les Étrusques jouent un rôle crucial dans les débuts tumultueux de Rome. L’un des épisodes fondateurs oppose le roi étrusque Mézence, connu pour sa cruauté, au roi des Latins, Latinus, allié à Énée, le prince troyen en exil. Mézence, avec l’appui de Turnus, chef des Rutules, attaque l’alliance latine-troyenne. Bien que victorieux, les Latins et Énée subissent de lourdes pertes, dont celle du héros troyen. Ce conflit aurait scellé la frontière du Tibre entre Étrusques et Latins, symbolisant une trêve précaire.

Ces récits légendaires soulignent la position dominante des Étrusques dans le Latium avant l’émergence de Rome et préfigurent les rivalités territoriales et culturelles à venir entre ces deux peuples.


Les Fidénates et Véies : premières rivalités territoriales

Au VIIIe siècle av. J.-C., sous le règne du fondateur mythique de Rome, Romulus, les premières hostilités éclatent avec les Fidénates, un peuple étrusque établi au nord du Tibre. Les Fidénates, percevant Rome comme une menace montante, lancent des incursions sur son territoire. Romulus, à la tête de ses troupes, tend une embuscade et capture Fidènes après une série de manœuvres stratégiques. Ce succès consolide la position de Rome, mais attire l’attention de Véies, une grande cité étrusque voisine.

Véies, inquiète de la chute de Fidènes et de la montée en puissance de Rome, réagit en lançant un raid sur le territoire romain. Bien que les Étrusques soient vaincus et contraints de signer un traité de paix de cent ans, cet épisode marque le début d’une rivalité durable entre Rome et Véies, caractérisée par des conflits sporadiques pour le contrôle des ressources et des terres.


La trahison d’Albe la Longue et la révolte des Fidénates

Le VIIe siècle av. J.-C. voit une escalade des tensions sous le règne de Tullus Hostilius, troisième roi légendaire de Rome. Les Fidénates, soutenus par Véies, se rebellent contre Rome. Albe la Longue, alors sous domination romaine, est appelée à fournir des renforts. Cependant, son dictateur, Mettius Fufetius, trahit Rome en tentant de faire défection lors d’une bataille majeure. La ruse de Tullus Hostilius, qui fait croire aux Fidénates qu’Albe la Longue prépare une attaque sur leurs arrières, sème la panique dans leurs rangs. Les Romains remportent une victoire décisive, renforçant leur domination sur la région.

Cet épisode met en lumière la complexité des alliances locales et le rôle central de Rome dans la pacification d’un Latium fragmenté. Il souligne également les rivalités internes entre cités voisines, souvent exploitées par Rome pour consolider son pouvoir.


Servius Tullius et les Étrusques : un renforcement de Rome

Sous le règne de Servius Tullius, au VIe siècle av. J.-C., les tensions avec les Étrusques culminent dans une nouvelle guerre. Bien que peu de détails subsistent, les récits évoquent une campagne victorieuse contre Véies et ses alliés étrusques. Servius Tullius est décrit comme un roi courageux et chanceux, qui non seulement consolide sa position à Rome, mais établit également une domination durable sur les territoires étrusques voisins.

Ces récits, bien que souvent embellis par la tradition romaine, illustrent la capacité de Rome à transformer des conflits initiaux en opportunités d’expansion territoriale et politique. Ils posent également les bases des rivalités qui marqueront les siècles suivants, lorsque Rome cherchera à subjuguer définitivement l’Étrurie.




Peinture étrusque — Wikipédia

Sous la République : Émergence d’un affrontement structuré

Contexte général

À partir du Ve siècle av. J.-C., les conflits entre Romains et Étrusques deviennent plus réguliers et documentés, notamment grâce aux récits de Tite-Live. L’historien romain décrit une Étrurie divisée, où les cités-États agissent de manière autonome, limitant leur capacité à opposer une résistance unie à l’expansion romaine.



Guerre de -389 à -386

Contexte et enjeux de la guerre

La guerre romano-étrusque de 389 à 386 av. J.-C. s’inscrit dans une période de turbulences marquée par l’invasion gauloise de Rome en 390 av. J.-C., un événement qui fragilise la jeune République. Rome, ayant à peine commencé sa reconstruction après le sac de la ville, doit faire face à des menaces multiples. Les Étrusques, autrefois dominants en Italie centrale, voient dans cette situation une opportunité pour contester l’influence romaine grandissante, en particulier après la chute de Véies en 396 av. J.-C., qui a permis à Rome d’étendre son contrôle sur des territoires essentiels pour le commerce et l’agriculture.

Plusieurs cités étrusques, notamment Volsinies, Vulci et Tarquinia, s’unissent pour résister à la progression romaine. Leurs motivations incluent la défense de leurs terres et de leur autonomie face à une Rome perçue comme une menace expansionniste. Cependant, la solidarité entre les cités étrusques reste limitée, ce qui affaiblit leur capacité à constituer une coalition efficace contre Rome.


Les premiers affrontements à Sutrium et Nepete

La guerre débute par une série de raids étrusques sur Sutrium et Nepete, des colonies stratégiques romaines situées à la frontière de l’Étrurie. Ces cités jouent un rôle clé dans la défense du territoire romain contre les incursions étrusques. En 389 av. J.-C., Sutrium est assiégée et forcée de se rendre sous des conditions humiliantes : les habitants doivent quitter la ville sans armes et vêtus d’un seul habit.

Marcus Furius Camillus, nommé dictateur en réponse à cette crise, réagit rapidement. Après avoir rallié une nouvelle armée, il intercepte les Sutriens exilés et mène une marche rapide vers Sutrium. Profitant du désordre des Étrusques occupés à piller la ville, Camille ordonne une attaque surprise. Les Étrusques, pris de court, subissent une défaite écrasante. Sutrium est ainsi reconquise dans la même journée, un exploit qui renforce le prestige de Camille et de Rome.

Les opérations militaires entre Rome et les Étrusques de 389 à 386

Victoire à Tarquinia et poursuite des opérations

En 388 av. J.-C., les Romains prennent l’initiative en envahissant le territoire de Tarquinia, une cité étrusque influente. Les villes de Cortuosa et Contenebra, mal préparées à résister à l’armée romaine, tombent rapidement. Cortuosa est prise par surprise, tandis que Contenebra tente une résistance limitée avant d’être submergée par la supériorité numérique romaine. Ces victoires permettent à Rome de démontrer sa capacité à mener des campagnes offensives malgré les répercussions du sac de la ville.


Défense des colonies et reconquête de Nepete

En 387-386 av. J.-C., les Étrusques relancent leurs offensives en s’attaquant aux colonies de Nepete et Sutrium. Nepete, fragilisée par des trahisons internes, tombe aux mains des Étrusques. Une fois encore, Camille intervient. Plutôt que de risquer un assaut frontal, il tente d’abord de convaincre les Nepetiens de se révolter contre les Étrusques. Face à leur refus, il lance une attaque directe. La ville est prise d’assaut, et Camille ordonne l’exécution des Étrusques ainsi que de leurs complices locaux. Une garnison romaine est ensuite installée pour sécuriser la région.


Conséquences immédiates

La guerre de 389-386 av. J.-C. marque une étape importante dans l’expansion de Rome. Grâce aux victoires de Camille, Rome parvient non seulement à repousser les incursions étrusques mais aussi à consolider son contrôle sur des points stratégiques, notamment Sutrium et Nepete. Ces succès renforcent la réputation de Rome en tant que puissance militaire et politique dans la région.

Cependant, les tensions avec l’Étrurie ne disparaissent pas. Les victoires romaines mettent en lumière les faiblesses structurelles des cités étrusques, notamment leur incapacité à s’unir durablement contre un ennemi commun. Cette guerre pose ainsi les bases de la domination romaine sur l’Étrurie dans les décennies suivantes.



Art étrusque : le sarcophage des époux

Clio et Calliope


Le conflit de -358 à -351 : Résistance et répression

Contexte général

Le conflit entre Rome et les cités étrusques de 358 à 351 av. J.-C. s’inscrit dans un contexte de rivalités territoriales et politiques croissantes. Après les guerres précédentes, Rome a consolidé son influence dans le Latium et étend sa domination vers l’Étrurie méridionale. Cependant, certaines cités étrusques, notamment Tarquinia et les Falisques, refusent cette expansion. Ces cités cherchent à préserver leur autonomie et à repousser l’avancée romaine.

Ce conflit est marqué par des raids, des batailles majeures et une brutalité qui reflète les enjeux stratégiques : contrôle des terres fertiles et des routes commerciales. La guerre expose également des divisions internes au sein des cités étrusques, dont certaines choisissent la neutralité, voire l’alliance avec Rome.


Déclenchement de la guerre

En 358 av. J.-C., des raids menés par des Tarquiniens sur le territoire romain déclenchent les hostilités. Ces incursions perturbent les zones frontalières, incitant Rome à déclarer la guerre à Tarquinia. Le consul Caius Fabius Ambustus est chargé de mener la campagne militaire, mais il subit une défaite cuisante face aux Étrusques. Les prisonniers romains capturés, au nombre de 307 selon Tite-Live, sont sacrifiés en un rituel macabre qui exacerbe les tensions entre les deux parties.


Extension du conflit aux Falisques (357 av. J.-C.)

En 357 av. J.-C., Rome étend la guerre aux Falisques, alliés des Tarquiniens, après leur refus de livrer des déserteurs romains. Le consul Cnaeus Manlius Capitolinus est chargé de cette campagne, mais il s’illustre davantage par des manœuvres politiques que militaires. Il convoque une assemblée à Sutrium pour voter une loi taxant l’affranchissement des esclaves, suscitant une vive controverse. L’inaction militaire de Manlius conduit à des raids sporadiques de part et d’autre, sans avancée décisive.


Les batailles décisives de 356 et 354 av. J.-C.

En 356 av. J.-C., Marcus Fabius Ambustus, élu consul, conduit une nouvelle armée contre les Falisques et les Tarquiniens. Les Étrusques, accompagnés de prêtres brandissant des torches et des serpents, tentent de semer la panique dans les rangs romains. Malgré cette tactique psychologique, les Romains rétablissent leurs lignes et dispersent les Étrusques. Leurs camps sont capturés, et une mobilisation générale de l’Étrurie suit cet échec.

Les Étrusques, renforcés, attaquent les salines romaines à l’embouchure du Tibre en 354 av. J.-C., mais sont repoussés par Caius Marcius Rutilus, nommé dictateur. Il mène une campagne audacieuse, transportant ses troupes à l’aide de radeaux pour surprendre les Étrusques. Son attaque éclair sur le camp ennemi capture 8 000 prisonniers, une victoire saluée par un triomphe.


La reddition de Tarquinia et la répression romaine

En 354 av. J.-C., les forces tarquiniennes subissent une défaite décisive. Rome impose des sanctions sévères : les prisonniers sont exécutés, et 358 nobles tarquiniens sont publiquement fouettés et décapités sur le Forum Romanum. Cette répression, d’une brutalité extrême, envoie un message clair aux cités étrusques : la rébellion contre Rome ne restera pas impunie.


L’affaire de Caeré (353-351 av. J.-C.)

Des rumeurs émergent en 353 av. J.-C. selon lesquelles la cité de Caeré, alliée traditionnelle de Rome, aurait soutenu les Tarquiniens. Des pillages des salines romaines semblent confirmer cette trahison. Rome réagit en déclarant la guerre à Caeré. Cependant, la cité, consciente de sa faiblesse, envoie des émissaires pour demander la paix. Grâce à ses relations historiques avec Rome, Caeré obtient une trêve de cent ans, évitant des représailles plus sévères.

En 351 av. J.-C., las des conflits répétés, Tarquinia et les Falisques demandent une trêve. Rome accepte un armistice de quarante ans, marquant la fin de cette guerre.


Conséquences du conflit

La guerre de 358 à 351 av. J.-C. illustre la détermination de Rome à imposer son hégémonie sur l’Étrurie méridionale. Les cités étrusques subissent des pertes humaines et économiques importantes. La soumission de Tarquinia et des Falisques marque un tournant dans les relations entre Rome et l’Étrurie. Les Étrusques, déjà affaiblis par des divisions internes, voient leur influence régionale décliner.

Rome, de son côté, consolide son contrôle sur les frontières septentrionales de son territoire, se positionnant comme la puissance dominante en Italie centrale. Cette guerre prépare le terrain pour les conflits futurs, où l’Étrurie ne pourra plus offrir qu’une résistance fragmentaire face à l’expansion romaine.



La guerre de -311 à -308 : Étrurie sous pression

Contexte et enjeux stratégiques

La guerre romano-étrusque de 311 à 308 av. J.-C. s’inscrit dans une période de tensions croissantes entre Rome et l’Étrurie, exacerbées par les affrontements avec d’autres puissances de la péninsule italienne, notamment les Samnites. Les cités étrusques, inquiètes de l’expansion romaine vers le nord, forment une coalition pour préserver leur autonomie. Rome, engagée dans la Deuxième Guerre samnite, fait face à un défi stratégique majeur : mener des campagnes simultanées sur plusieurs fronts.

Les enjeux de ce conflit sont à la fois territoriaux et politiques. Les colonies romaines de Sutrium et Nepete, situées aux marges de l’Étrurie méridionale, jouent un rôle clé en tant que postes avancés de l’influence romaine. Pour les Étrusques, la perte de ces territoires menace leur contrôle sur les routes commerciales et les terres agricoles.


Début des hostilités (311 av. J.-C.)

Selon Tite-Live, le conflit débute par une attaque des cités étrusques contre Sutrium, une colonie romaine d’importance stratégique. Les Étrusques, voyant Rome affaiblie par sa guerre contre les Samnites, espèrent tirer avantage de cette situation. Sutrium subit un siège, mais l’intervention du consul Quintus Aemilius Barbula renverse la situation. Les Étrusques sont défaits dans une bataille acharnée près de la ville. Bien que cette victoire romaine soit importante, elle ne met pas fin aux ambitions étrusques.


L’offensive en Étrurie (310 av. J.-C.)

En 310 av. J.-C., Rome décide de porter la guerre au cœur de l’Étrurie. Le consul Quintus Fabius Maximus Rullianus, célèbre pour ses exploits militaires, mène une expédition audacieuse à travers la forêt ciminienne, considérée jusqu’alors comme infranchissable. Cette manœuvre marque un tournant dans la guerre, permettant à Rome d’atteindre des territoires jusque-là protégés par des obstacles naturels.

Les troupes romaines affrontent les Étrusques dans une bataille décisive près de Pérouse. Selon Tite-Live, les Étrusques subissent une lourde défaite, avec 60 000 morts (probablement une exagération des chiffres réels). Cette victoire brise une grande partie de la résistance étrusque et ouvre la voie à une trêve de 30 ans avec certaines cités comme Pérouse, Cortone et Arezzo.


La bataille du Lac Vadimon (310-309 av. J.-C.)

La bataille du Lac Vadimon, l’un des engagements les plus célèbres de ce conflit, oppose une coalition étrusque à l’armée romaine. Cette bataille, bien que secondaire en comparaison des grandes batailles futures, est souvent décrite comme un coup porté à la puissance militaire étrusque. Les Romains infligent des pertes significatives à leurs adversaires, consolidant leur emprise sur l’Étrurie méridionale.


La campagne de 308 av. J.-C.

En 308 av. J.-C., les Romains intensifient leurs efforts pour soumettre les derniers bastions étrusques. Le consul Publius Decius Mus mène une campagne dans le territoire de Tarquinia et Volsinies. Il s’empare de plusieurs bourgs fortifiés, forçant les Étrusques à demander une trêve. Tarquinia obtient une paix de 40 ans en échange d’un lourd tribut.

Pendant ce temps, les Ombriens, alliés des Étrusques, tentent de marcher sur Rome, mais leur offensive est repoussée par Decius Mus, qui les bat près de Mevania.


Conséquences de la guerre

La guerre de 311 à 308 av. J.-C. marque un tournant dans l’histoire des relations entre Rome et l’Étrurie. Malgré des efforts pour former une coalition, les Étrusques ne parviennent pas à résister à la puissance militaire romaine, notamment en raison de leur manque d’unité politique. Certaines cités, comme Pérouse et Arezzo, préfèrent négocier avec Rome plutôt que poursuivre une lutte coûteuse.

Pour Rome, cette guerre est une étape clé dans sa domination sur l’Italie centrale. En soumettant une grande partie de l’Étrurie méridionale, elle sécurise ses frontières nord et s’assure le contrôle des routes commerciales reliant le Latium à la plaine du Pô. La soumission des Étrusques affaiblit également la résistance face à Rome lors des futurs conflits, notamment avec les Gaulois et les Samnites.

Rome utilise cette victoire pour affirmer sa supériorité en Italie centrale, tout en s’imposant comme la puissance dominante face aux peuples italiques. Les colonies romaines établies dans les territoires conquis servent de points d’ancrage pour une future expansion romaine dans la péninsule italienne.



Conséquences et intégration romaine de l’Étrurie

Affaiblissement des cités étrusques

La succession de guerres entre Rome et les cités étrusques, notamment celles de 389-386, 358-351, et 311-308 av. J.-C., marque le début du déclin des Étrusques en tant que puissance autonome. Ces conflits mettent en lumière plusieurs faiblesses des cités étrusques :

  1. Désunion politique : Les cités étrusques, organisées en une confédération lâche, manquent de cohésion pour résister efficacement à l’expansion romaine. Les rivalités internes entre cités, voire au sein des mêmes communautés, affaiblissent leur capacité à s’organiser militairement.
  2. Conflits sociaux : De nombreuses cités étrusques sont en proie à des tensions entre aristocratie et plèbe. Ces troubles internes affaiblissent leur résistance face aux forces romaines.
  3. Perte de ressources stratégiques : Les défaites successives entraînent la perte de territoires agricoles fertiles et de points stratégiques comme Sutrium, Nepete et les territoires autour de Pérouse, affaiblissant leur économie.

Consolidation romaine

Les victoires romaines sur les Étrusques permettent à Rome de consolider son emprise sur l’Italie centrale. Ces gains stratégiques se traduisent par :

  1. Colonisation : Rome établit des colonies dans les territoires conquis, comme Sutrium et Nepete, transformées en avant-postes pour sécuriser les frontières nord du Latium. Ces colonies servent également à diffuser la culture et les institutions romaines dans les régions nouvellement annexées.
  2. Trêves et traités : Rome impose des trêves, souvent accompagnées de lourds tributs, à des cités comme Pérouse, Cortone et Tarquinia. Ces accords garantissent une domination romaine tout en préservant une relative autonomie locale.
  3. Répression des révoltes : Les cités étrusques qui osent se révolter, comme Caeré et Volsinies, sont sévèrement punies. Certaines perdent une partie de leurs terres, redistribuées à des colons romains.

Intégration progressive dans la République romaine

Après leur soumission, les cités étrusques connaissent une intégration progressive au sein de la République romaine. Cette intégration repose sur plusieurs mécanismes :

  1. Statuts juridiques diversifiés: Les cités étrusques reçoivent des statuts différents selon leur degré de soumission ou de loyauté envers Rome :
    • Certaines deviennent des civitates foederatae (cités alliées), avec une autonomie limitée et l’obligation de fournir des troupes à Rome.
    • D’autres, comme Caeré, sont transformées en municipes sine suffragio, c’est-à-dire des communautés romaines privées du droit de vote mais soumises aux lois romaines.
  2. Colonisation stratégique : Des colonies romaines sont fondées dans des lieux stratégiques, comme la colonie de Cosa en 273 av. J.-C. sur les terres de Vulci. Ces colonies servent non seulement à sécuriser les frontières mais aussi à romaniser la région.
  3. Diffusion de la culture romaine : Les institutions romaines, telles que les systèmes juridiques et administratifs, remplacent progressivement les structures locales. Les élites étrusques, pour maintenir leur statut, adoptent les coutumes romaines, facilitant ainsi l’assimilation culturelle.

Chute de Volsinies et la fin de l’Étrurie indépendante

Le dernier sursaut de résistance étrusque se produit en 264 av. J.-C., avec la révolte de Volsinies, la dernière cité étrusque libre. Une révolte de la plèbe contre l’aristocratie locale pousse cette dernière à demander l’aide de Rome. Les Romains, menés par le consul Marcus Fulvius Flaccus, assiègent et détruisent Volsinies. La population est déportée, et une nouvelle ville est fondée près du lac de Bolsena. Cet événement marque la fin définitive de l’Étrurie indépendante.


Un territoire sous domination romaine

À partir du IIIᵉ siècle av. J.-C., l’Étrurie devient une région sous domination romaine directe. Les cités sont intégrées dans le système de la République et doivent fournir des contingents militaires pour les guerres romaines, notamment contre Carthage.

Les Étrusques, désormais soumis, jouent un rôle de plus en plus marginal dans la politique italienne. Leur culture s’efface progressivement au profit des institutions et de la langue romaines, bien que des vestiges de leurs traditions subsistent dans certains domaines, comme la religion (haruspices).


Conséquences à long terme

  1. Domination stratégique : L’intégration de l’Étrurie garantit à Rome une position dominante en Italie centrale, facilitant son expansion vers la plaine du Pô au nord et vers le sud de la péninsule.
  2. Romanisation de l’Étrurie : La région devient un modèle d’assimilation culturelle et administrative, prélude à la politique d’intégration que Rome appliquera dans ses futures conquêtes.
  3. Unification de l’Italie : Avec la soumission des Étrusques, Rome achève une étape cruciale dans son projet d’unification de la péninsule, posant les bases de sa domination sur le bassin méditerranéen.


Sources et références

  • Tite-Live, Ab Urbe Condita.
  • Plutarque, Vies parallèles.
  • Diodore de Sicile, Bibliothèque historique.
  • Polybe, Histoires.
  • Études modernes : Mary Beard, SPQR ; Fergus Millar, Rome in the Late Republic.


Auteur : Stéphane Jeanneteau

Décembre 2010