L’histoire des Romains en Écosse témoigne de leur difficulté à soumettre les Calédoniens, derniers résistants celtes de l’île de Bretagne. Bien que marquée par des victoires militaires comme celle du mont Graupius, la domination romaine dans cette région resta toujours précaire et limitée.
Sous le gouverneur Julius Agricola, Rome entreprit une série de campagnes pour étendre la province de Bretagne vers le nord. Entre 71 et 84 apr. J.-C., Agricola mena ses légions jusqu’aux frontières des Highlands. Des forts furent établis pour consolider les territoires conquis :
Agricola obtint une victoire décisive contre les Calédoniens menés par Calgacos. Selon Tacite, environ 10 000 Calédoniens périrent, tandis que les Romains ne perdirent que quelques centaines d'hommes. Malgré cette victoire, Agricola se retira rapidement à Inchtuthill, incapable de maintenir un contrôle durable sur les Highlands.
Vers l'an 100, Rome abandonna ses positions avancées et se replia au sud de la Forth et de la Clyde. Plutôt que d'occuper militairement les territoires au-delà, les Romains établirent des alliances avec des tribus locales pour servir de tampon contre les incursions calédoniennes.
Face aux révoltes et aux raids constants, l’empereur Hadrien fit construire une ligne défensive monumentale s'étendant de Wallsend sur la Tyne jusqu'à Bowness sur le golfe de Solway. Ce mur de pierre, renforcé par des tours de guet et des forts, marquait la frontière nord de l'Empire romain en Grande-Bretagne. Il symbolisait à la fois l'ingéniosité romaine et leur incapacité à conquérir l’ensemble de l’île.
Sous Antonin le Pieux, les Romains tentèrent une nouvelle avancée, construisant un mur de tourbe et de bois entre la Forth et la Clyde. Cependant, la région resta instable, et des révoltes répétées contraignirent les Romains à revenir au mur d’Hadrien, jugé plus défendable.
Au début du IIIᵉ siècle, l’empereur Septime Sévère entreprit une grande campagne militaire contre les Calédoniens. Bien que victorieuses, ses forces ne purent forcer les tribus à un affrontement direct. Les Calédoniens, utilisant des tactiques de guérilla, harcelaient les armées romaines sans s’engager dans une bataille rangée.
Septime Sévère mourut en 211 apr. J.-C. avant de pouvoir pacifier durablement la région. Après son décès, Rome abandonna toute ambition de conquérir l'Écosse.
Au IIIᵉ et IVᵉ siècles, les incursions des Pictes, des Scots, des Irlandais et des Saxons devinrent de plus en plus fréquentes. La défense du mur d’Hadrien fut confiée à des troupes locales recrutées parmi les Celtes romanisés, qui entretenaient souvent des liens avec leurs homologues au-delà du mur.
Avec le déclin de l’Empire romain, les ressources nécessaires pour maintenir les garnisons se tarirent. À la fin du IVᵉ siècle, le mur d’Hadrien ne pouvait plus protéger efficacement la province romaine de Bretagne, permettant aux peuples du nord de pénétrer jusqu’au sud.
Les Romains laissèrent peu de traces permanentes en Écosse, mais leur présence eut un impact notable :
La tentative romaine de contrôler l’Écosse illustre les limites de l’expansion impériale. Face à un peuple déterminé et à un terrain hostile, Rome opta pour une stratégie défensive, symbolisée par le mur d’Hadrien. Si l’occupation romaine en Écosse fut brève et incomplète, elle laissa une empreinte durable dans l’histoire de la Grande-Bretagne.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Avril 2010