Les Skires forment un peuple germanique connu par les romains dès le III°s avant notre ère. Ces derniers les situaient sur le pourtour de la mer Noire. En fait, ils arrivèrent à l’embouchure du Danube vers 230 av. J-C. en compagnie des Galates, une tribu gauloise, selon un itinéraire passant par l’isthme mer Baltique-mer Noire. S’établissant dans la région des Carpates et sur le cours moyen du Danube, ils devinrent de véritables ennemis du royaume grec de Macédoine puis de la république romaine. Cependant, le passage des Goths à travers leur aire d’installation au cours du III°s apr. J-C. incita les Skires à les suivre dans leur migration. Mais s’ils demeurèrent totalement indépendants vis-à-vis des autres peuples barbares et de Rome, ils se distinguèrent avec éclat grâce à l’action d’Odoacre
Fils du roi Edicca tué en 469 par le roi Ostrogoth Thiudimer, Odoacre était un prince barbare parfaitement romanisé puisque à l’instar de son frère aîné Hunwulf qui fit une brillante carrière dans l’administration romaine d’Orient, Odoacre se mit au service de l’empereur d’Occident Anthémius en tant que officier des gardes du corps de l’empereur. Mais il trahit néanmoins ce dernier en se tournant vers son adversaire le maître des milices Ricimer. La puissance de Ricimer semblait alors sans égale puisqu’il plaça sur le trône puis défit successivement deux empereurs à savoir Olybrius en 472 et Glycérus en 473. Mais Ricimer chuta pourtant lors de l’avènement de l’empereur Népos en 474 qui l’exila pour le remplacer par Oreste. Ce dernier parvint par la suite à placer sur le trône impérial son propre fils, Romulus Augustule. Ayant perdu son principal protecteur, Odoacre se révolta en 476 contre Oreste en acceptant de se faire proclamer roi à Pavie par les troupes de mercenaires barbares stationnés en Italie. Après avoir vaincu et tué Oreste, il déposa le fils d’Oreste qui entra dans l’histoire en devenant le dernier empereur romain d’Occident.
Mais les contemporains n’eurent pas conscience de la mort de l’empire d’Occident, bien au contraire. Le fait qu’il ne se proclama pas empereur et surtout qu’il laissa le trône vacant impliquait en théorie la réunification de l’Empire sous le diadème de l’empereur d’Orient Zénon. La réelle révolution provenait du fait que pour la première fois dans toute la longue histoire de Rome, un barbare exerçait la plénitude du pouvoir romain bien qu’il dédaigna le titre impérial au profit de celui de Régent.
Si le rôle joué par Odoacre fut déterminant et se répercuta dans l’ensemble de l’Empire, il se distingue surtout dans sa volonté de consolider l’Empire d’Occident en conciliant les romains, l’armée, le pouvoir impérial et les barbares, mettant ainsi fin à la longue crise institutionnelle de l’empire romain. Reconnut en tant que Régent par le Sénat de Rome et par l’empereur Zénon, Odoacre s’employa à panser les plaies de l’Italie en lui apportant une paix salvatrice et bienfaitrice tant interne qu’externe. Afin d’écarter de la péninsule italienne toute menace, il céda les provinces qu’il ne pouvait défendre : la Provence et la Tarraconaise en 477 qu’il donna aux Wisigoths, et la Norique en 488. En revanche, il écrasa les alliés des Goths, les Ruges, durant la bataille de Vienne en 487 afin de demeurer le maître de la péninsule italienne. Par sa triple position de Régent officiellement reconnu et légitimé par Zénon, de Roi des Skires et de chefs des armées barbares comprenant des Hérules, Odoacre se conciliait à la fois les romains et les barbares et maintenait la paix intérieure.
Malheureusement, son œuvre ne résista pas de son vivant. Lorsque l’empereur Zénon envoya les Ostrogoths de Théodoric Ier contre Odoacre en 487, ce dernier lutta farouchement après avoir proclamer son fils Théla empereur. Il dut finalement s’incliner en 493 après avoir longtemps résisté durant le siège de Ravenne. Ayant conclu un accord avec Théodoric Ier qui prévoyait de régner en commun, il se rendit à ce dernier qui l’exécuta par surprise ainsi que toute sa famille. Le peuple Skire ne résista pas à cette défaite et disparut avec leur roi.