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L'Armorique et les invasions des Bretons

Les invasions bretonnes : un renouveau celtique en Armorique

Aux Ve et VIe siècles, un événement majeur marqua l’histoire de l’Armorique : l’arrivée massive de Bretons d’outre-Manche, fuyant les invasions germaniques en Grande-Bretagne. Ces populations celtiques, déjà chrétiennes, cherchèrent refuge en Armorique, transformant la région en un nouveau bastion celtique. Cette migration massive redessina les contours culturels et linguistiques de la péninsule, qui devint la Bretagne.

Ces Bretons, repoussés par les Angles, Saxons, et autres envahisseurs germaniques, apportèrent avec eux leurs traditions, leur langue celtique, et leur foi chrétienne. Les moines émigrés jouèrent un rôle central dans l'organisation des nouveaux arrivants : ils fondèrent des monastères, établirent des paroisses, et consolidèrent la christianisation de la région. Ces émigrés créèrent également des régions distinctes, comme la Domnonée, la Cornouaille, et le Bro Waroch (ou Broërec), souvent dirigées par des chefs locaux, à la fois guerriers et religieux.

L’installation des Bretons : une progression graduelle

L’implantation bretonne en Armorique ne fut pas un événement unique, mais un processus progressif, étalé sur plus d’un siècle, entre 440 et 600. Les Bretons s’installèrent principalement dans l’ouest de la péninsule, atteignant les embouchures du Couësnon au nord et de la Vilaine au sud, mais sans conquérir totalement les régions de Rennes ou de Nantes. La région de Vannes ne tomba sous contrôle breton qu’à la fin du VIe siècle, sous le chef Waroch.

Les Bretons prirent souvent possession des terres par la force, dépossédant les populations locales, mais trouvèrent également des terres abandonnées ou faiblement peuplées où ils s’établirent sans résistance. Cette dynamique permit aux nouveaux venus de devenir les maîtres de la partie occidentale de l’Armorique.


Deux zones d’occupation bretonne

  1. La Basse Bretagne (ouest) : Les Bretons s’installèrent en grand nombre dans cette région, assimilant rapidement la population clairsemée. La langue celtique devint dominante et est restée en usage jusqu’à nos jours dans cette partie de la Bretagne.

  2. Le pays gallo (est) : À l’est de la limite actuelle de la langue bretonne, les Bretons formèrent des colonies éparses au milieu d’une population gallo-romaine plus dense. Ces Bretons finirent par abandonner leur langue au profit du français, au fil des siècles.


Les comtés gallo-francs : une résistance à l’influence bretonne

Les régions de l’est, comme Rennes, Vannes, et Nantes, restèrent sous le contrôle des comtes désignés par les rois mérovingiens. Ces territoires, à majorité gallo-romaine, se tournèrent rapidement vers les rois francs pour assurer leur défense. Les évêques locaux, figures influentes, soutinrent cette alliance, voyant en Clovis et ses successeurs des garants de l’ordre et de la foi chrétienne.

Des figures comme Saint Melaine, évêque de Rennes, et Saint Félix, évêque de Nantes, jouèrent un rôle clé dans la soumission de ces territoires aux Francs. Leur influence permit de préserver la stabilité dans ces zones malgré les incursions bretonnes.


Sources et références

  1. Henri Hubert, Les Celtes et l’expansion celtique jusqu’à l’époque de La Tène.
  2. Patrick Galliou, Les Bretons et l’Armorique.
  3. Jean Markale, Histoire de la Bretagne.
  4. Bède le Vénérable, Histoire ecclésiastique des Anglais.


Auteur : Stéphane Jeanneteau

Juin 2011

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