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L'Irlande

LES GAËLS

Ce que l'on sait de la préhistoire en Irlande provient de deux sources: l'archéologie, qui a permis de nombreuses découvertes sur la vie à l'âge de la pierre polie, du bronze et du fer; et les sagas celtiques, riches en renseignements concernant la vie sociale et culturelle sous les Gaëls qui envahirent l'Irlande vers le milieu du IV e siècle de notre ère.

Les Romains n'ayant jamais tenté de conquérir l'Irlande, les Gaëls furent en mesure d'y développer leur culture sans aucune interruption pendant 800 ans. Ils créèrent une société unifiée sur le plan de la religion, du droit, des us et coutumes, de la littérature et des arts, mais où ne parvint jamais à s'imposer une unité politique. L'Irlande gaélique était en effet divisée en cinq royaumes principaux et en près de deux cents petits royaumes (tuatha). Tara était la capitale de l'île. La société hiérarchisée comprenait des nobles, des hommes libres et des esclaves, ainsi que certains groupes privilégiés, tels que les prêtres, ou druides, les hommes de loi (ou brehons) et les poètes (ou filidh). Les terres étaient communales, le pouvoir revenant d'ordinaire au plus gros propriétaire de bétail. Les sagas, transmises oralement, glorifiaient l'héroïsme guerrier et la conquête amoureuse.

LA CHRISTIANISATION

Les annales historiques de l'Irlande commencent vers l'an 400 après J.-C.: Niall aux Neuf Otages, la première personnalité reconnue de l'histoire nationale, était alors haut roi (Ard-Ri). Sous le règne de son fils, Laoghaire, saint Patrick introduisit sur l'île non seulement le christianisme, mais aussi la langue latine et l'écriture. Les divinités celtiques furent abandonnées et les druides évincés par un clergé chrétien. La nouvelle religion, cependant, ne modifia guère les structures sociales et les anciennes croyances survécurent.

Avec le christianisme, on vit s'instaurer l'organisation épiscopale de l'Eglise catholique et l'institution de monastères. Contrairement à ce qui se passait ailleurs en Europe, les monastères avaient en Irlande plus d'importance que les diocèses - sans doute parce qu'ils correspondaient plus ou moins aux anciens tuathas, alors que les diocèses mis en place par saint Patrick empiétaient sur les limites tribales. L'Irlande préserva aussi sa vénération pour les saints ermites.

LA FONDATION DES MONASTÈRES

C'était à son isolement géographique que l'Irlande avait dû d'échapper à la conquête romaine. Pour la même raison, au Moyen Age, l'invasion des hordes saxonnes, qui déferlèrent sur la majeure partie de l'Europe occidentale, lui fut épargnée. Pendant, le VI e et le VII e siècle, l'Irlande devint le refuge des érudits venus de tout le continent, et les monastères fondés à cette époque - notamment sur les îles d'Aran par saint Enda (vers 530), à Clonmacnoise par saint Ciaran (548), à Clonfert par saint Brendan (583), et à Glandalough par saint Kevin (622) - ne tardèrent pas à se transformer en centres du savoir, où l'on poursuivait des études latines et même grecques. Les manuscrits enluminés des monastères irlandais et leurs "croix rondes" délicatement sculptées, préservant les uns et les autres les gracieuses courbes de l'art gaélique pré-chrétien, étaient renommés pour leur beauté.

Un puissant élan missionnaire, parti d'Irlande pendant la période obscurantiste, contribua énormément à la diffusion du christianisme et de la culture à travers l'Europe occidentale et centrale. Saint Colomba, qui vint s'établir sur l'île d'Iona de 563 à 597 et convertit l'Ecosse au christianisme, et saint Colomban qui fonda l'abbaye de Luxeuil, en Bourgogne (vers 590), et voyagea inlassablement jusqu'à sa mort en Italie en 616, ne sont que les mieux connus des missionnaires irlandais. Jean Scot Erigène fut lui aussi formé dans les monastères d'Irland

LES INVASIONS SCANDINAVES

Au cours des dernières années du VIII e siècle, l'Irlande, si longtemps protégée des invasions étrangères, succomba à son tour et pendant deux siècles les Vikings infligèrent à une population presque sans défense leurs massacres et leurs rapines. Les envahisseurs pillèrent ou détruisirent presque tous les monastères de l'île. Celui de Clonmacnoise fut mis à sac au moins une douzaine de fois, de même que celui d'Armagh, la capitale ecclésiastique du pays. Les écoles monastiques durent presque toutes fermer leurs portes, et l'art de l'enluminure fut tout près de disparaître.

Les Norvégiens, qui n'étaient que l'avant-garde des raids vikings, établirent vers 837 près de l'embouchure de la Liffey un petit peuplement qui fut à l'origine de Dublin. En 851, ils furent vaincus par les Danois, au cours d'une bataille navale à Carlingford Lough, et chassés d'Irlande. Leurs vainqueurs fondèrent la plupart des autres ports du pays - notamment Waterford, Wexford, Cork, Limerick, Dundalk et Wicklow.

Dès l'an mille, la vigueur de la poussée viking était épuisée. Quelques-uns des envahisseurs avaient épousé des Irlandaises et certains avaient en outre adopté la religion chrétienne, même s'ils n'abandonnèrent pas notoirement leur mode de vie en délaissant Thor pour adorer Jésus. Le principal vestige architectural de cette invasion nordique consiste en quelque 80 tours rondes, qui servaient à l'origine de tours de guet et de donjons. 

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