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Les autres peuples

LES PEUPLES BALTES

Des populations protobaltes occupaient, au 2ème millénaire avant Jésus Christ, un territoire couvrant la Prusse, la Pologne, la Lithuanie, le sud de la Lettonie, le Belarus, l'ouest de la Russie et une partie de l'Ukraine. Au nord se trouvaient des populations fino-ougriennes, au sud des slaves et des scythes. De la Baltique partaient les routes de l'ambre vers la Méditerranée, la Mer noire et le Golf persique. Les grandes migrations accentuèrent la pression des slaves sur les baltes dont le territoire s'étendait, au 8ème siècle après Jésus Christ, de la Vistule au nord de la Lettonie et à l'est, à 100 km de la frontière actuelle de la Lettonie. Ce territoire était divisé en de nombreuses principautés où l'on parlait ancien-prussien, lithuanien ou letton.


  • LES BORUSSES : Les Prussiens (appelés aussi Borusses) étaient un peuple parlant une langue baltique, installé entre Gdansk et la Lithuanie. L’écrivain polonais Boleslaw Prus doit être un de leurs descendants, de même que le M. Prusik (petit Prussien) bien connu des alpinistes pour avoir inventé un nœud génial. Au moyen-âge, sous prétexte de christianisation, les Chevaliers teutoniques les ont décimés et remplacés par des serfs allemands.    La Prusse serait née avec l'arrivée dans ce pays, au IIIème-IVème siècle, d'un peuple balte slave, les Borusses ou Prussiens, un peuple païen qui résista très longtemps à la christianisation puisque c'est seulement au XIIIème siècle qu'un moine cistercien devint le premier évêque de Prusse (Christian d'Oliva en 1215) et qu'il fallut l'intervention très musclée des Chevaliers Teutoniques (Ordo Sanctae Mariae Teutonicorum, ordre de moines soldats allemands créé en Terre sainte à Acre vers 1189), demandée par le duc polonais Conrad de Mazovie, pour convertir les irréductibles slaves et pour que la Prusse soit évangélisée par le glaive après plus d'un demi siècle de combats (1230-1283). 


  • LIVONIENS, LIVES : De même famille ethno-linguistique balte que les Lituaniens (et les Borusses disparus), les Lettons, mis à part une minorité catholique, partagent avec les Finnois estoniens la religion luthérienne. Mais avec ces deux peuples, ils forment un ensemble baltique très caractérisé que soudent d'évidents intérêts communs, face aux séculaires impérialismes de leurs voisins slaves et germaniques. Les premières tribus baltes, indo-européennes proches des lituaniens, ainsi que des Lives, peuple finno-ougrien, s'installent autour du golfe de R?ga vers 3 000 avant J.C. L'actuelle Lettonie se trouve alors sur la route de commerce entre les Vikings et les Grecs ainsi que les anciens Russes. Le couloir d'échange principal est le long de la Daugava. Les ancêtres du peuple letton tirent alors parti de ce flux pour organiser un commerce autour de l'ambre car cette matière est alors particulièrement prisée.


LES PEUPLES FINNO-OUGRIENS

  • ESTES, FINNOIS, MAGYARS : D'origine ouralienne et de langue fino-ougrienne comme les Finnois, les tribus des Estes, ancêtres des Estoniens, sont arrivées sur les bords de la Baltique vers 2500 av. J.-C.   Séparés par les populations de langue slave des autres ethnies ouraliennes, (Magyars d' Europe centrale et Ouraliens), les Finnois, avec leurs cousins Saame, sont très nettement caractérisés sur les plans linguistique et culturel par rapport à leurs voisins, les Scandinaves germaniques (Suédois et Norvégiens), les Baltes (Lettons et Lituaniens) et les Slaves orientaux (Russes et Biélorusses). Le Nord de la Finlande est peuplé depuis l'Antiquité par les Saamis. En ce qui concerne le Sud, on pense que la côte Sud-Ouest était originellement peuplée par des tribus germaniques. Des migrations de populations ouraliques, apparentées aux Baltes, s'installant dès les premiers siècles de l'époque chrétienne et se mélangeant aux populations germaniques formèrent le peuple finnois. Ainsi l'étude des groupes sanguins montre que les Finlandais sont aux trois quarts occidentaux (et notamment scandinaves) et pour le reste de type balte. Il est à noter que les peuples ayant effectué cette migration, issus des régions de la moyenne Volga, sont aussi à l'origine du peuplement de la Hongrie, d'où la ressemblance linguistique des langues finno-ougriennes. Jusqu'au XIe siècle, la Finlande reste un territoire habité par des tribus peu belliqueuses et sans cohésion politique (ce qui facilita d'ailleurs leur rapide soumission). Trois régions se distinguent : le Sud-Ouest (aux alentours de la future ville de Turku), le Sud (aux alentours de la future Helsinki) et la Carélie. Jusqu'à la christianisation de la Scandinavie, les raids vikings poussent les Finnois à se réfugier à l'intérieur des terres, vivant des ressources des lacs et des forêts.

    Les magyars :
    • 520-800 : Migration des tribus hongroises de l’Oural à la région de la mer Noire
    • 862 : Invasions hongroises sur le territoire Franc, les tribus s’étant établies à Etelköz, près du Don
    • 896 : Arrivée des Magyars sur le bassin des Carpates


LES PEUPLES TURCS

La quasi totalité du domaine scientifique pense que les peuples turcs sont originaires d'Asie centrale. Une petite minorité, comprenant les idéologistes panturques, envisagent une origine plus à l'ouest, suivie d'une migration vers l'Asie centrale durant la préhistoire.

Des comparaisons entre le sumérien et les langues turques modernes, pourraient sembler indiquer l'existence d'un vocabulaire commun ; de là découle la thèse que les Sumériens sont la plus ancienne peuplade turque attestée et qu'ils sont originaires de l'est de la mer Caspienne mais ont cependant établi leur civilisation en Mésopotamie. Cette thèse est cependant largement critiquée par une grande partie des historiens et des linguistes spécialisés, dans la mesure où la majorité des linguistes considèrent le sumérien comme un isolat linguistique, et est assimilable à un produit de l'idéologie panturque.

Les Huns, dont les origines remontent au moins à 1200 av. J.-C., sont considérés comme une des premières tribus turques.

Outre les controverses érudites, on ne sait précisément la date de l'émergence turque de son berceau géographique. Le premier état à avoir porté le nom " turc " est celui des Köktürks (ou Göktürks) au VIe siècle. Ceci porterait à croire que les Turcs vivaient surtout en Mongolie et probablement au Kazakhstan durant le premier millénaire de l'ère chrétienne. La Turquie a d'ailleurs des programmes de restauration des monuments turcs existants en Mongolie.

Parmi les peuples turcs postérieurs, on notera les Karlouks (VIIIe siècle), les Ouïghours, les Kirghizes, les Oghouzes et les Turkmènes. C'est pendant la formation de leurs états que ces peuples sont entrés en contact avec le monde musulman et ont progressivement adopté l'Islam. Il subsiste cependant des populations turques appartenant à d'autres religions, notamment le christianisme, le judaïsme (cf. Khazars), le bouddhisme, et le zoroastrisme.

À partir du Xe siècle, les soldats turcs des califes abbassides s'imposèrent en dirigeants du Moyen-Orient musulman, à l'exception de la Syrie et de l'Égypte. Les Turcs oghouzes et d'autres tribus s'emparèrent du contrôle de diverses régions sous l'égide de la dynastie seldjoukide, s'appropriant plus tard les territoires abbassides et byzantins.

Simultanément, les Kirghizes et Ouïghours se battaient entre eux et contre le puissant Empire de Chine. Enfin les Kirghizes s'installèrent définitivement dans la région aujourd'hui appelée Kirghizstan. Les Tatars s'installèrent quant à eux dans le bassin de la Volga, évinçant du pouvoir local les Bulgares de la Volga. Cette même région s'appelle aujourd'hui Tatarstan et est une République autonome de la Fédération de Russie ; ses grandes villes, notamment Kazan, sont dotées d'une ou plusieurs mosquées, les Tatars étant traditionnellement musulmans.

Suite à la grande invasion mongole du XIIIe siècle, l'empire seljoukide est sur le déclin et c'est sur cette base qu'émerge l'empire ottoman, sans doute le plus connu des empires turcs, pour la richesse de son histoire et sa durée dans le temps, occupant au final des régions allant des Balkans à l'Irak et du sud de la Russie à l'Afrique du Nord. Simultanément, d'autres groupes turcs fondèrent des états de moindre envergure, comme les Safavides d'Iran et l'Empire moghol au nord de l'Inde. Des guerres successives contre la Russie et l'Autriche-Hongrie, ainsi que la montée du nationalisme dans les Balkans seront les causes principales du déclin de l'Empire ottoman ; sa chute définitive survient à l'issue de la Première Guerre mondiale et donne naissance à l'état actuel de Turquie.

Quoi qu'il en soit, les ressemblances entre les diverses langues turques contemporaines semblent indiquer que l'éclatement initial du noyau géographique originel turc est un phénomène relativement récent, sauf en ce qui concerne les Tchouvaches et les Iakoutes.

LES KHAZARS

Peuple apparenté aux Turcs, qui établit un empire entre la mer Noire et la mer Caspienne du VIIe au Xe siècle, les Khazars nous sont connus par des sources arabes, hébraïques et chinoises principalement. Ils s'opposèrent à plusieurs reprises à l'Empire byzantin et aux Arabes. Initialement, les Khazars auraient été soumis à l'empire des Turqütes occidentaux (Kök) et auraient acquis leur indépendance après la dislocation de celui-ci, au milieu du VIe siècle. Vers 650, les Khazars fondèrent un royaume indépendant au nord du Caucase, notamment au détriment des Bulgares, peut-être issus du même ensemble de peuples, qu'ils chassèrent vers le nord-ouest. Cet « état » mal connu est indifféremment appelé « empire khazar », « royaume khazar », ou encore « Khazarie ». L'expansion des Khazars se heurta ensuite aux conquêtes arabes (sur le Caucase) et à l'influence de l'empire byzantin à l'ouest. La domination khazare sur les différentes populations slaves ou turques des rives de la mer Caspienne connut sa plus grande expansion au IXe siècle, sa fortune étant liée à son importance stratégique sur le commerce de la route de la soie. Initialement dans le Caucase, leur capitale fut transférée vers 750 à Itil ou Atil, à l'embouchure de la Volga.

 

LES PEUPLES DU CAUCASE

  • LAZES, DES ABASGES, DES IBÈRES ET DES ALBANAIS : Ibérie, lberia. - Ancienne contrée de l'Asie, bornée au Nord par le Caucase, au Sud par l'Arménie et, à l'Ouest par la Colchide. Habitée par un peuple d'agriculteurs, elle conserva son indépendance malgré les efforts des Perses pour la lui ravir. Les Ibériens, dont le roi s'était déclaré pour Mithridate contre Lucullus, furent défaits par Pompée en 65 av. J. C. L'Ibérie resta tributaire des Romains jusqu'au IVe siècle de notre ère, où elle passa sous la domination de la Perse. Elle fit partie du royaume de Géorgie avant d'être comprise dans la Transcaucasie russe.

    Albanie ou Albanie du Caucase, Albania. - Les géographes anciens donnaient ce nom à une partie de l'Asie située entre la mer Caspienne et l'Ibérie ; ils racontaient qu'elle le devait à une colonie de la ville d'Albe en Italie qui avait émigré sous la conduite d'Hercule (Denys d'Halicarnasse, 1. 15, Justin 42, c. 3). Elle correspondait aux provinces actuelles de Daghestan, de Chirvan, et Chéki. Elle était célèbre dans l'Antiquité par la fertilité de son sol. Les historiens arméniens qui l'appellent Avganie donnent quelques détails sur son histoire primitive. jusqu'à la fin du Xe siècle elle fut soumise à une dynastie locale; elle tomba alors aux mains des Sassanides (La Perse antique). Ses habitants pressés par les Khazars (Les Turkmènes) et d'autres peuples nomades émigrèrent en Arménie et donnèrent leur nom aux trois provinces d'Artsahk, d'Outi et de Païtakaran. Leurs descendants parlent aujourd'hui l'arménien; on ne sait quelle était la langue parlée antérieurement. La Géorgie correspond à ce que les anciens dénommaient d'une manière générale Ibérie, mais, en réalité, elle comprend les trois anciens royaumes d'Ibérie, de Colchide et d'Albanie.

    L'Ibérie (dans la langue du pays, Karthli) est située au centre de l'isthme caucasien; l'Albanie ou Kakheth, à l'Est et contre la mer Caspienne. A l'Ouest, du côté de la mer Noire, se trouve la Colchide qui comprend : la Lazique (pays des Lazes de Justinien), l'Imérétie, le Gouria et la Mingrélie. Au Sud, le Somkheth, «-pays du Midi », le Gougarkh (ancienne Gogarène) et le Meskheth ou Meskes (anciens Moschi). Toutes ces diverses provinces ou petits royaumes jouent un rôle important dans l'histoire de la contrée caucasienne. Le mot de Géorgie est d'origine étrangère et incertaine. Dans les chroniques, les inscriptions, sur les médailles, les Géorgiens désignent leur pays par le mot de Karthli ou celui de Sakarthvélo. L'historien arménien, Moïse de Khoren, désigne l'Ibérie sous le nom de Virk et les Géorgiens appellent l'ArménieSomkhitar (gens du Midi).

    La période historique, en laissant de côté les légendes de Targamos, de Karthlos et de Jason, ne commence pour l'Ibérie qu'avec Pharnabaze, un peu après Alexandre le Grand. Ce roi, d'origine perse ainsi que l'indique son nom, établit le culte du feu et devint vassal des premiers souverains parthes. Plus tard (vers 140 av. J.-C.), les rois Mirvan et Achat tentèrent de secouer le joug arsacide, mais ce fut sans succès; l'Ibérie, quoique ravagée à plusieurs reprises par les armées romaines lors des guerres de Mithridate et des conquêtes de Lucullus et de Pompée, n'en resta pas moins soumise aux rois de Perse pendant près de cinq siècles. Une inscription grecque trouvée à Tiflis (ancien nom de Tbilissi) mentionne une forteresse construite par Vespasien, en 75 de J.-C, « pour Mithridate, roi des Ibères, fils du roi Pharasmane et pour la nation lamasdaïte (moderne Armaz), ami de César et du peuple romain », ce qui donne un renseignement historique avec une date précise.

    Avec Mirian, fils de Sapor ler, commence en 265 ce qu'on appelle la dynastie sassanide de Géorgie, qui occupa le trône presque sans interruption jusqu'à l'avènement des Bagratides. La capitale était Metzkheth, sur le fleuve Koura (Kour ou Cyrus). Ce fut sous Mirian (265-318 de J.-C.), contemporain de Tiridate d'Arménie et de Dioclétien, que le christianisme fut introduit en Géorgie par une esclave chrétienne, Nina ou Nouna (qui est devenue la patronne de la Géorgie et est encore fêtée tous les ans sous le nom de « sainte Mère »), vers l'an 311 (elle fut crucifiée en 330; Voir le récit de Moïse de Khoren, liv. IV, 86); mais le culte du feu et des idoles resta encore la religion du peuple jusqu'à l'arrivée des treize apôtres ou Pères de Syrie qui, vers 550, sous un autre roi Pharasmane, évangélisèrent tout le Caucase et firent disparaître les dernières traces des anciennes religions. Plus tard, les Géorgiens adoptèrent le schisme de Byzance et l'Islam suivant que la politique et les conquêtes musulmanes les y contraignirent.

    En 469, le roi Vakhtang Gourgasal fonde Tbilis-Kalaki, « la ville aux eaux chaudes »,qui devient la capitale sous le nom de Tiflis (Tbilissi), en remplacement de Metzkheth. Avec la protection des Perses et de l'empereur Léon, dont il avait épousé la fille Hélène, il agrandit son royaume par la conquête de la Mingrélie et d'une partie de l'Arménie. Sous les empereurs Justin et Justinien, les auteurs byzantins mentionnent les rois d'Ibérie, Gourgenès, Pérane et Zamanarsis, inconnus d'autre part. Vers le même temps, Khosroès ler Anouchirvan s'empare de l'Azerbaïdjan et de la partie orientale de la Géorgie (Albanie); il y installe, en 560, un gouverneur qui devint prince feudataire de la Perse et le fondateur du royaume des Chirvanchahs le long de la mer Caspienne. C'est à la même époque, après la mort de Bakour III, que la famille des Bagratides commence à régner avec le titre de Mthavari « prince », en la personne de Gouram ou Gouaram le Couropalate (575). Sous son fils Stephanos Ier, Héraclius pénétra en Géorgie et s'empara de Tiflis. Les Mthavaris payaient tribut à Khosrou-Parviz; ils furent renversés en 649, et la dynastie sassanide, dite alors khosroène, est rétablie en la personne d'Adarnassé en 619. Sous le règne de son successeur, Stephanos II, les Arabes pénètrent en Ibérie et en Imérétie, et franchissent le Caucase pour faire la guerre aux Khazars (Les Turkmènes) et s'emparer de Derbend (c'est la conquête du Gourdjistân, racontée par Tabari); Stephanos se retire en Mingrélie (644). Ses successeurs ne furent plus rois que de nom pendant cent cinquante ans. Les émirs arabes établirent leur résidence à Tiflis, mais les diverses provinces se révoltèrent et tout le Caucase fut en proie à la guerre civile.

    Après la mort de Djouanchir, le dernier des Sassanides, les Bagratides ou Bagratians remontèrent sur le trône avec le titre de mephé, « roi » (787). Le premier de cette nouvelle dynastie est Achat mezd (le Grand), fils de Adarnassé le Couropalate, eristhav des eristhavs (prince des princes) du Kakheth, et d'une fille de Djouanchir. Il chasse les Arabes de Tiflis et se fait reconnaître par Haroun-al-Rachid (800). Pendant l'espace de près de deux siècles, la Géorgie est le théâtre de luttes sanglantes entre les rois du Karthli, représentant en quelque sorte le pouvoir central et les différents souverains du Kakheth, de l'Abazie, de Mingrélie cherchant tour à tour l'alliance des Arabes et de l'Arménie. Enfin Bagrat III, fils de David l'Insensé, réunit sous son sceptre toutes les provinces de la Géorgie et transporte sa capitale à Kouthaïs en Imérétie. Sous son règne apparaît la famille des Orbelians, originaires de la forteresse d'Orbel, qui rendit plus tard de grands services à la Géorgie, mais qui, à cette époque de troubles, tenta à plusieurs reprises de s'emparer du trône. Giorgi IV, par son mariage avec Hélène, fille de l'empereur Romain-Argyre, en 1017, introduisit à la cour les moeurs et les arts byzantins; la cathédrale de Kouthaïs est terminée par des peintres et des sculpteurs grecs. Sous Bagrat IV, les Turcs Seljoukides font irruption en Asie Mineure et dans le Caucase; la Géorgie est dévastée à deux reprises (1064 et 1072), Giorgi II est chassé par Melek-Chah. La Géorgie reprend son indépendance avec Davith III le Réparateur (1090-1125) qui s'empare de Tiflis après un long siège, délivre le pays des hordes turques et porte ses armes victorieuses jusqu'à Derbend au Nord et au mont Ararat au Sud Avec Giorgi III et la reine Thamar, cette période glorieuse continue jusqu'à l'arrivée des Mongols.


LES AVARS

Les Avars sont un peuple proto-mongol de cavaliers nomades dirigé par un Khâgan, parfois identifiés aux Ruanruan, qui menaçait la Chine au IIIe siècle.

Ils sont originaire de la Tartarie, de la famille des Huns. Au Ve siècle, Chö-louen, khan des Jouan Jouan, fonde un empire nomade de la Corée à l'Irtych. Cet empire est administré par deux gouverneurs, à l'est et à l'ouest. La population est organisée autour de l'armée. Ils campent sous des tentes mobiles, et n'auront jamais d'autres villes que leurs camps immenses qui, disposés en forme de cercles concentriques, prennent de là le nom de rings ou anneaux. Leur chef s'appelait khan ou khagan.

Les Jouan Jouan (Avars) sont des nomades, éleveurs et chasseurs, et ne cultiveront la terre qu'aux environs du VIe siècle. Ils pratiquent le troc et font en période de paix un commerce intense avec la Chine des Wei. L'art des métaux atteint un niveau très élevé dans l'empire avar. Les Jouan Jouan n'ont pas d'écriture originale, mais on a retrouvé des plaquettes de bois gravées de chiffres. Les aristocrates et l'administration utilisent la langue et l'écriture chinoise. Les chroniques chinoises rapportent que les Jouan Jouan ont fait venir de Chine des médecins, des astrologues et des artisans. Au VIe siècle, les Jouan Jouan seront en contact avec le bouddhisme.

Ils sont établis dans les environs de l'Altaï, lorsqu'ils sont attaqués et chassés de leur territoire par une invasion des Chinois en 552.

Ceux qui s'échappent se dirigent vers l'Europe, et migrent vers l'ouest tout en absorbant de petites peuplades turco-mongoles, et atteignent la Volga au VIe siècle où ils bâtissent un royaume fondé essentiellement sur les pillages, les demandes de tributs et de rançons. Ils franchissent la Volga et le Don en 557, et viennent bientôt s'établir sur les bords du Danube. Sous leur Khâgan (" Khân des Khâns ") Bayan, alliés à l'Empire byzantin, ils sont chargés avec les Lombards de chasser les Gépides de Pannonie vers 567 et se battent contre les tribus slaves et les Bulgares. Ils font la guerre aux empereurs grecs, et leur enlevent la Dacie et la Pannonie (582), d'où ils se répandent dans la Germanie au nord du Danube, et jusque dans l'Italie.

Ils finissent par contrôler une zone s'étendant de la Volga et l'Elbe jusqu'à la mer Baltique, harcèlent les territoires byzantins au sud du Danube, pillent les Balkans, menacent la capitale impériale et l'Italie lombarde. Les limites de l'empire des Avars ont beaucoup varié. Au temps de sa plus grande extension (590-630), il embrasse les immenses solitudes au nord Danube depuis la Lusace jusqu'au delà du Don ; à la fin du VIIe siècle, il est resserré au Nord et à l'Ouest par les Lèkhes, les Vendes et les Tchèques (aujourd'hui Pologne, Silésie, Brandebourg, Bohême) ; à l'Est par les Khazars qui habitaient entre le Boug et le Dniepr.

À partir de 610, les choses changent quand ils se tournent vers l'ouest et décident d'attaquer la Bavière et l'Italie. Ils mettent le Frioul à feu et à sang et combattent le roi lombard Agilolf. En 626, à leur apogée, ils se retournent contre Byzance et décident d'attaquer la capitale avec 80 000 cavaliers et fantassins (chiffre certainement exagéré par les chroniqueurs de l'époque), comportant en plus des Avars, des tribus slaves, asiates, et germaniques. Tout en s'alliant aux Perses, ennemis jurés des Byzantins, ils assiègent la ville et demandent un lourd tribut. Leur chef Baïan, allié de Khosro II, y fut vaincu par l'empereur Héraclius. Cependant, ils échouent et sont repoussés en Illyrie par une coalition bulgaro-byzantine. À partir de la fin du VIIe siècle, les Avars perdent peu à peu leur hégémonie et, isolés de toute part, doivent faire face aux poussées notamment des serbes du Prince de Serbie Blanche et de Bulgares.

À partir de l'an 791, les Francs de Charlemagne et de son fils Pépin d'Italie, décidés d'en finir avec ces païens, les combattent violemment et sans relâche avec leurs troupes franques, bavaroises et lombardes. Leur camp retranché, le Ring avar, est pris en 795 avec un trésor considérable, fruit de plusieurs siècles de pillage. Après sa destruction, en 799, Charlemagne n'en conserva que la partie occidentale, située entre la Theiss et l'Inn, et en fit sous le nom d'Avarie une marche de l'empire des Francs. Le reste fut occupé par les Magyars ou Hongrois.

Les Avars sont exterminés ; ceux qui se soumettent sont convertis au christianisme de gré mais bien souvent de force, et les derniers rebelles sont vaincus en 805. Une loi franque ordonne de ne vendre aucune arme aux Avars pourtant réduits, et leur existence en tant que peuple distinct s'arrête là. Une toute dernière expédition en 811 détruit les derniers résistants. Certains, peu nombreux, se réfugient dans les montagnes de Transylvanie et se mêlent à d'autres peuplades slaves, asiates et germaniques ; les Sicules peuvent être considérés comme leurs descendants. Ceux restés en Pannonie sont harcelés et totalement exterminés par les Slaves, autrefois persécutés par ces mêmes Avars. On n'entendra plus parler d'eux à partir des années 822.


Références

  1. Davies, Norman. Europe: A History. Oxford University Press.
  2. Encyclopaedia Britannica: Articles sur les peuples baltes, finno-ougriens, turcs et caucasiens.
  3. Róna-Tas, András. Hungarians and Europe in the Early Middle Ages. Central European University Press.
  4. Obolensky, Dimitri. The Byzantine Commonwealth: Eastern Europe, 500-1453. Yale University Press.
  5. Encyclopaedia Universalis: Entrées sur les Avars, Khazars et peuples du Caucase.

Auteur : Stéphane Jeanneteau

Novembre 2011

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