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Les rois d'Ecosse - Maison d'Alpin (843-1034)

Kenneth Ier d'Écosse (843 – 858)

Détail d'une frise moderne de la Scottish National Portrait Gallery d'Édinbourg

Kenneth Ier d'Écosse, né vers 810 et mort le 8 février 858 à Forteviot, est considéré comme le fondateur de la monarchie écossaise. Le Duan Albanach lui attribue un règne de trente ans sur les Scots et la Chronique picte un règne de seize ans sur les Pictes.

Dans la généalogie des rois d'Écosse, son père, Alpin, apparaît comme le fils d'Eochaid, fils d'Áed Find, un célèbre roi de Dal Riada. Les Synchronismes de Flann Mainistreach, l'incluent aussi comme Kenneth parmi les « Rois d'Écosse ». Toutefois des chercheurs modernes mettent parfois en cause sa royauté et également son ascendance royale remontant à Áed Find, et l'impute aux résultats d'omissions ou d'erreurs de copistes dans plusieurs textes.

Kenneth apparaît lui-même pour la première fois dans les annales des quatre maîtres compilées au xviie siècle. Sous l'année 835, où il est rapporté que le seigneur d'« Airgialla » peut-être dans les Hébrides et pas l'Airgialla/Oriel en Irlande « Gofraid mac Fergusa, vient en Alba, pour renforcer le Dal Riata, à la demande de Kenneth MacAlpin »

Ce fait serait très explicable si l'événement était situé plusieurs années après 835. Cette année-là, Eoganán, un petit-fils du frère d'Áed Find, Fergus, devient roi de Dalriada. L'oncle d'Eoganán Constantin et ensuite son père Oengus ont récemment gouverné ou peut-être seulement contrôlé le Dal Riada depuis une vingtaine d'années et les pictes également. Eoganán ou Uven apparaît à son tour dans les listes royales des deux royaumes.

En 839, Eoganán, son frère Bran, et Áed mac Boanta ainsi que « de nombreux autres » sont tués dans une désastreuse bataille contre les « païens », probablement des Danois. Dans le royaume picte, il est suivi par un certain Uurad qui règne pendant trois ans. Le royaume de Dal Riada semble dans ce contexte n'avoir été entre les mains d'Alpin le père de Kenneth pour une seule année 839/840. Il est ensuite indiqué qu'il est tué par les Pictes comme le note la très postérieure « chronique de Huntingdon », qui est en la matière une autorité contestable. 

La source la plus importante sur Kenneth est la Chronique des Rois d'Alba, un récit règne par règne qui s'étend de Kenneth à la fin du xe siècle. Selon cette Chronique Kenneth tient le Dal Riada, pendant « quatre ans  » avant de « venir en Pictavia ». Puis ayant « détruit les Pictes », il règne sur la Pictavia pendant seize ans soit 842 à 858 en prenant en compte la date de sa mort relevée par les Chroniques d'Irlande.

La liste royale montre que l'année où Kenneth « vient en Pictavia  » le roi des Pictes Uurad cesse de régner, et qu'un fils d'Uurad; Bred, lui succède et meurt probablement la même année. Trois rois pictes suivants sont nommés par un groupe de Listes royales pictes, dont les règnent totalisent six ans de 842 à 848. Le dernier d'entre eux, Drust X des Pictes, est « tué à Forteviot », ou selon d'autres à « Scone ». Ce fait se réfère à l'histoire connue en Irlande et en Écosse au xiie siècle comme la traîtrise de Scone, dans laquelle les nobles pictes invités par les Scots à un conseil ou une fête sont traitreusement tués. Quelle que soit la part de vérité qu'il y ait peut-être dans ce récit, son origine est aussi ancienne qu'Hérodote et il est supposé que la mort de Drust termine une période de six années d'opposition des Pictes à Kenneth. La tradition suivante décrit Kenneth mac Alpin comme le premier à régner sur les Pictes et les Scots, elle consiste à simplifier grandement le développement d'une situation qui s'étend sur au moins un demi-siècle.

Le principal acquis politique de Kenneth Ier semble en fait d'avoir établi une nouvelle dynastie qui étend sa souveraineté sur l'ensemble de l'Écosse, et par le fait que les Scots dominent désormais le pays des Pictes dont la langue et les institutions disparaissent rapidement.

Selon la « Chronique des Rois d'Alba » qui fait suite à celles des Pictes, une fois devenu roi, Kenneth Ier envahit six fois la « Saxonia » c'est-à-dire le Lothian il brûle Dunbar et s'empare de Melrose. Il doit toutefois faire face aux Bretons du royaume de Strathclyde que les chroniques d'Irlande n'avaient pas évoqué depuis plus d'un siècle mais qui brûlent Dunblane. La Chronique note également que sous son règne « Pictavia » est dévastée par les Danari (c'est-à-dire les Vikings « danois ») de Clunie à Dunkeld.

Après le massacre en 825 de la communauté d'Iona et le martyr de Blathmac entre les mains des vikings, l'abbaye était quasi abandonnée. Selon la Chronique des Rois d'Alba vers 849 Kenneth transfère les reliques de Colomba d'Iona vers l'église qu'il a fait édifier pour cela à Dunkeld sur le fleuve Tay dans l'actuel Perthshire. La même année les Chroniques d'Irlande notent que Innrechtach ua Finsnechtai († 854), l'abbé d'Iona, vient se réfugier en Irlande et s'établit à Kells édifiée entre 807/814 avec les reliques de « Colum Cille ». Il s'agit donc d'un véritable partage de l'héritage de Colomba avec la création d'une église pour les Pictes du sud. Seize ans plus tard en 865 les Annales d'Ulster relèvent d'ailleurs la mort de Tuathal mac Artgus, au nom typiquement gaélique, qu'elles qualifient de « primespscop » de Fortriú et d'abbé de Dunkeld.

Kenneth serait mort d'une tumeur, à Scone, « avant les ides de février le 3e jour de la semaine »11, soit probablement le mardi 8 février 8582, Kenneth Ier, désigné dans son obituaire comme rex Pictorum est reputé par les Listes royales, comme ses successeurs jusqu'au XIe siècle, avoir été inhumé dans l'île de Iona. Son frère Donald Ier, lui succède selon la règle de la tanistrie. Kenneth Ier laisse toutefois deux fils qui accéderont au trône après 862 et deux filles.


Donald Ier  roi d'Écosse (858-862).

Portait imaginaire du roi par Jacob Jacobsz de Wet (XVIIe siècle)

Le second fils de Alpin II de Dalriada succède sur le trône à son frère ou demi-frère Kenneth mac Alpin après la mort de celui-ci. Décrit comme « Le fils capricieux de l'étrangère », son règne est bref. D'après la Chronique des Rois d'Alba il remet à l'honneur un ensemble de lois et de droits du Dalriada, connus sous le nom de lois « Edus fils Echdach » c'est-à-dire d'Áed Find sans que l'on sache exactement de quoi il s'agit. Marjorie Ogilvie Anderson estime qu'il doit comprendre un corpus de lois coutumières irlandaises, associé avec le nom de l'arrière grand-père de Donald connu ensuite sous le nom de « Lois de Macalpine » au XIIIe siècle.

Il a été avancé par William Forbes Skene , que ce code inclut probablement la coutume de la tanistrie. Selon cette coutume, le successeur d'un roi est élu durant sa vie parmi les aînés et les plus méritants de sa parenté, préférant souvent un parent collatéral (frère, cousin ou oncle) à un descendant. Durant le règne de Donald, son neveu, Constantin, est choisi pour lui succéder à sa mort. La coutume de la tanistrie se prolonge jusqu'au règne de Malcolm II.

Donald mac Alpin meurt « aux Ides d'avril », c'est-à-dire le 13 avril 862, « in palacio Cinnbelathoir », selon Chronique des Rois d'Alba, mais cet endroit n' a pas été identifié. Les Listes latines royales postérieures indiquent qu'il meurt à « Rathinveramon », le « fort à l'embouchure de la rivière Almon » dans le Perthshire comme William Forbes Skene le proposait déjà.

Les deux endroits sont peut-être identiques à quelques lieues de Forteviot, où les recherches archéologiques ont permis d'identifier les vestiges d'une résidence royale de cette époque. Elle se trouve plus bas sur la rive droite de la « Water of May », un petit cours d'eau qui rejoint la rivière Earn à environ un mile au nord. La Chronique ne mentionne plus Forteviot après le règne de Donald Ier.

Forteviot se réfère presque certainement au Fortriú, à peu près à mi-distance du sud de l'actuel Perthshire. Les annalistes irlandais donne le titre de « Roi de Fortriú » à seulement quatre rois des Pictes : deux qui meurent respectivement en 6936 et 763, et aux prédécesseurs de Kenneth Ier, Constantin et Oengus II au IXe siècle. Kenneth Ier n'est pas nommé « Roi de Fortriu ». Lui et son frère Donald, et les deux fils de Kenneth Ier sont tous identifiés comme « Rois des Pictes ». Ce titre a très rarement été utilisé par les annalistes écrivant à cette époque. Il implique des prétentions à la souveraineté sur l'ensemble des provinces pictes ; mais il est très difficile d'apprécier jusqu'où s'étendait la souveraineté de Kenneth Ier ou de Donald.


Constantin Ier roi des Scots et des Pictes (862-876)

Portrait imaginaire de Constantin Ier par Jacob Jacobsz de Wet (XVIIe siècle)

Selon la Chronique des Rois d'Alba, Constantin fils aîné du roi Kenneth Ier devient roi en 862 et règne seize ans. Il a été avancé que du fait de son nom Constantin/Causantin sa mère appartenait à la lignée royale matrilinéaire de la maison royale Picte étant, peut-être, une fille de Uurad mac Bargoit, roi des Pictes de 839 à 842, mais cette spéculation ne repose sur aucune preuve. Il est probablement l'aîné des fils survivants de Kenneth Ier et il a au moins un frère, le futur roi Aed († 878), et deux sœurs, une qui avait épousé Rhun, fils d'Arthgal, roi de Dumbarton, dont un fils, Eochaid, qui émettra des prétentions à la royauté dans les années troublées qui suivront la mort de Constantin Ier.

Dès 866 il doit faire face selon les Chroniques d'Irlande à expédition menée par les rois vikings de Dublin Amlaíb et Auisle contre le Fortriú où il s'établissent pour piller le « Pays des Pictes » et y prendre des otages.

En 869 les vikings suspendent leurs opérations et retournent en Irlande. L'année suivante, Amlaíb accompagné cette fois d'Imar attaquent Dumbarton, la capitale du royaume de Strathclyde. Après un siège de quatre mois il pillent et détruisent la ville L'année suivante il rentrent à Dublin avec 200 navires chargés de captifs angles bretons et pictes.

Selon Alex Woolf, qui s'appuie sur la Chronique des Rois d'Alba, Amlaíb qui disparait des sources à cette époque est tué par Constantin Ier, entre le 17 mars 871 et le 17 mars 872. En 872 Arthgal, roi de Strathclyde est assassiné à son « instigation », il s'agit peut-être de la conséquence d'un accord avec les envahisseurs scandinaves en retraite après la mort de l'un de leurs chefs.

En 875-876, Constantin Ier doit faire face à une autre menace, l'agression des « Dubgaill » (les vikings danois) menés par Healfdene qui, après avoir pillé la Northumbrie, s'en prennent à l'Écosse. Il subit une importante défaite à Dollar, dans ce qui est actuellement le Clackmannanshire à l'extrême sud du Pays picte à la frontière du royaume de Strathclyde. Ses forces sont repoussées dans les Highlands en Atholl et les Lowlands du centre-est de l'Écosse sont occupées par les envahisseurs pendant un an. L'année suivante, Constantin « rex Pictorum » est tué par les Danois lors d'un combat à un lieu connu comme « inber dub fáta », « Long estuaire sombre de la rivière » non identifié. Il a comme successeur son frère Aed, peut-être après un interrègne d'un an  et il est reputé avoir été inhumé à Iona.

Son fils Donald devient roi sous le nom de Donald II d'Écosse, après le règne commun des rois Eochaid et Giric.


Áed, roi d'Écosse de 877 à 878. 

Portrait imaginaire de « Ethvs Cognomento Alipes » par Jacob Jacobsz de Wet (XVIIe siècle).

Áed est un souverain particulièrement mal connu. Fils de Kenneth Ier, il succède à son frère Constantin Ier, apparemment après une année d'interrègne liée à l'occupation de la Pictavia par les Vikings. La Chronique des Rois d'Alba n'a rien à dire sur son règne, sinon qu'il a été assassiné dans la « civitas de Nrurim », un événement daté de 878 dans les Annales d'Ulster. L'historien Alex Woolf identifie Nrurim avec la ville de Dunblane, dans le Strathallan, au nord de Stirling.

Áed aurait été inhumé à Maiden Stone, dans l'Aberdeenshire. Les sources ne sont pas claires sur sa succession. Son neveu utérin Eochaid semble être monté sur le trône et avoir régné conjointement avec un certain Giric.


Eochaid d'Écosse, roi d'Écosse de 878 à 889. Il règne conjointement avec Giric.

Eochaid est le neveu de son prédécesseur Aed et le cousin germain de son successeur Donald II. Son père Run est un membre de la famille royale de Strathclyde, qui a épousé une fille de Kenneth mac Alpin.

Eochaid n'est, théoriquement, pas éligible au trône d'Écosse d'après la coutume de la tanistrie. Afin de devenir roi, il s'allie avec son parent (cousin/oncle ?) Giric qui devient son « alum(p)nus ordinatorque » c'est-à-dire son « tuteur et ministre » pour prendre de force la place de son oncle Aed. Dès son accession au trône, Donald fait exiler Eochaid. Ni la date ni le lieu de sa mort ne sont connus.


Donald II d'Écosse, roi d'Écosse de 889 à 900.

Portait fictif du xviiie siècle de Donald Dásachtach

Donald II ou Domnall mac Causantín est le fils du roi Constantin Ier et le cousin germain du roi précédent Eochaid ainsi que de son successeur Constantin II. Donald II règne onze ans. Il accède au trône après avoir chassé ses prédécesseurs Eochaid et Giric3.

Donald II est le premier roi qui est dénommé en gaélique « rí Alban » c'est-à-dire « roi d'Écosse » dans les documents contemporains Alba se réfère à la région où Donald et ses successeurs établissent leur souveraineté, et est sans doute le royaume limité approximativement par la rivière Spey au nord, le Firth of Forth au sud, et les Highlands centraux à l'ouest. Le titre de « ri Alban » remplace le précédent titre de « roi des Pictes », et la population du royaume cesse d'être connue sous le nom de Pictes, et devient simplement les « habitants de l'Écosse » (gaélique: « fir Alban ou Albanaig »).

Depuis le nom Alba a pris la connotation de « Grande-Bretagne » en gaélique, ce qui représente un extraordinaire changement de terminologie suggérant que l'adoption d'Alba comme nom de royaume représente la reconnaissance d'une nouvelle identité, et peut-être signifie-t-il une tentative, après une période de destructuration et d'incertitude entre 875 et 889, pour établir un nouvel ordre politique basé sur une royauté dynastique.

Pendant le règne de Donald II « les Hommes du nord dévastent le pays des Pictes », mais Donald défait les Danois dans une bataille à « Innisibsolian », des îles non identifiées, avant d'être tué par les Scandinaves à Dunnottar, au sud de Stonehaven dans le Kincardineshire. Il est ensuite mentionné, dans les Listes royales, qu'il fut inhumé à Iona.

Son cousin Constantin lui succède. Son fils Malcolm devient roi vers 943.


Constantin II, roi d'Écosse de 900 à 943.

Portrait fantaisiste de Constantin par Jacob Jacobsz de Wet au palais de Holyrood (fin du xviie siècle).

Avant l'arrivée des Vikings, la moitié orientale de l'Écosse est dominée par le royaume picte du Fortriú, sur les rives du Moray Firth. Les Gaels du Dál Riata, à l'ouest, sont soumis à la dynastie picte de Causantín mac Fergusa à partir de 789 au plus tard. La puissance picte est anéantie en 839, lorsque le roi Eóganan de Fortriu est tué en affrontant les Vikings avec son frère Bran, le roi du Dál Riata Áed mac Boanta « et d'autres presque innombrables », comme le rapportent les Annales d'Ulster. C'est le début d'une période d'instabilité qui voit plusieurs familles tenter de s'imposer. Cináed mac Ailpín sort vainqueur de cette lutte vers 848.

Par la suite, Cináed, dont le nom est anglicisé en « Kenneth MacAlpin », est considéré dans le roman national comme le fondateur du royaume d'Écosse : en battant les Pictes en l'an 843, il aurait inauguré une nouvelle ère de l'histoire de l'Écosse. En réalité, bien que les sources d'époque soient maigres, les annales irlandaises et la Chronique des rois d'Alba s'accordent à donner à Kenneth le titre de « roi des Pictes », comme à son frère Donald et à ses fils Constantin et Áed. Constantin, le fils de Kenneth, trouve la mort en 876, probablement en affrontant une armée viking venue de Northumbrie en 874. Les listes de rois ultérieures font de lui le soixante-dixième et dernier souverain des Pictes.

Le royaume de Kenneth et de ses successeurs s'étend au sud du Fortriu, autour de la vallée de la Tay. Il s'étend au moins jusqu'au Firth of Forth vers le sud et jusqu'au Mounth vers le nord ; ses frontières occidentales sont plus incertaines. Ses principaux centres religieux sont Dunkeld, où siège vraisemblablement l'évêque du royaume, et Cell Rígmonaid, l'actuelle St Andrews.

Le statut du Dál Riata après 839 n'est pas connu avec certitude : on n'en connaît aucun roi après Áed mac Boanta, et il est possible que les Hébrides intérieures, qui appartenaient à ce royaume, aient été conquises par les Vikings dès 849. Plus au sud, le royaume de Strathclyde, de langue brittonique, s'étend de la Clyde et du Forth jusqu'aux Southern Uplands. Au début du xe siècle, son souverain est un certain Dyfnwal.

Constantin est le fils d'Áed et le petit-fils de Kenneth Ier. Son père monte sur le trône en 876, mais il est assassiné deux ans plus tard, en 878. Constantin est donc né au plus tard en 879. Son nom laisse à penser qu'il est né du vivant de son oncle Constantin Ier, le prédécesseur d'Áed, qui a régné de 862 à 876.

Les annales irlandaises sont muettes sur les événements survenus en Écosse entre la mort d'Áed et celle de Donald II, en 900. La Chronique des rois d'Alba indique qu'après Áed, c'est un petit-fils de Kenneth Ier, Eochaid, qui monte sur le trône, et un certain Giric, qui ne fait pas partie des descendants d'Álpin, joue également un rôle sous son règne. Néanmoins, cette entrée de la Chronique est corrompue, et toutes les autres listes de rois donnent Giric pour successeur d'Áed, en lui attribuant de hauts faits.

Constantin et son cousin Donald pourraient avoir passé le règne de Giric en exil en Irlande. À la mort de Giric, en 889, Donald monte sur le trône. Son règne voit de nouvelles batailles contre les rois vikings d'Irlande et de Grande-Bretagne. C'est vraisemblablement en affrontant des Vikings qu'il trouve la mort à Dunnottar en 900.

Le premier événement mentionné par la Chronique des rois d'Alba pour le règne de Constantin est le pillage de Dunkeld « et de toute l'Albanie » par les Vikings en 903. C'est la première apparition du terme Albania, latinisation du vieil irlandais Alba, dans la Chronique, qui désigne jusqu'à ce point le territoire gouverné par les descendants de Kenneth sous le nom de Pictavia. Les Vikings à l'origine de cette attaque pourraient être ceux qui ont été chassés de Dublin en 902, à moins qu'il ne s'agisse des mêmes qui ont tué Donald en 900. D'après la Chronique, ils sont tués à Srath Erenn (Strathearn, dans l'actuel Perthshire), ce qui est confirmé par les Annales d'Ulster, qui mentionne la mort d'Ímar ua Ímair, roi exilé de Dublin, et de nombreux autres Vikings aux mains des hommes de Fortriu en 904. Les Annales fragmentaires d'Irlande attribuent leur victoire à l'intervention de saint Colomba. Cette victoire est si totale que l'on n'enregistre plus dans les chroniques d'invasions scandinaves pendant un demi-siècle.

Les années 910 sont marquées par un regain d'activité des Uí Ímair en mer d'Irlande, et un de leurs chefs, Ragnall Uí Ímair envahit le nord de l'Angleterre. Inquiets, les habitants d'York négocient leur soumission à la dame de Mercie Æthelflæd, mais cette dernière meurt le 12 juin 918 avant d'avoir pu leur apporter le moindre soutien et Ragnall s'empare de la ville peu après. Ealdred, le souverain anglo-saxon de Bernicie, fait alors appel à Constantin. Les deux hommes mènent leurs troupes vers le sud et affrontent Ragnall sur les berges de la Tyne, probablement à Corbridge, à l'endroit où l'ancienne voie romaine de Dere Street franchit le fleuve. L'issue de cette bataille de Corbridge est apparemment indécise ; la Chronique des rois d'Alba est la seule source à en faire une victoire de Constantin. Les Annales d'Ulster précisent qu'aucun roi ou mormaer ne trouve la mort du côté des hommes d'Alba. Il s'agit de la plus ancienne mention connue du titre de mormaer.

En 906, la Chronique des rois d'Alba rapporte que Constantin rencontre l'évêque Cellach sur la « colline de la Foi », près de la cité royale de Scone. Les deux hommes s'engagent à « préserver les lois et disciplines de la foi et les droits de l'Église et des évangiles pariter cum Scottis».

Le texte de l'entrée est sujet à plusieurs interprétations, en particulier l'expression pariter cum Scottis. William Forbes Skene et Alan Orr Anderson la traduisent par « en accord avec les coutumes des Scots » ; autrement dit, les coutumes des Gaëls doivent s'appliquer à l'Église dans le royaume de Constantin. Pour Thomas Charles-Edwards, ce segment de phrase indique simplement que des Gaëls sont présents à la rencontre entre l'évêque et le roi. Alex Woolf suggère quant à lui que les « coutumes des Scots » ne concernent que l'organisation de cette rencontre et pas le sujet qui y est abordé.

Si cette rencontre a effectivement pour but d'imposer le droit irlandais dans le domaine religieux, elle constitue une étape importante dans la gaélicisation de l'Église picte. Alfred Smyth y voit « le triomphe définitif de l'ordre gaélique sur l'ancien ordre picte ». Il est également possible qu'elle ait eu une portée politique, préfigurant les cérémonies d'intronisation qui ont lieu par la suite à Scone, ou qu'elle ait eu pour but de réconcilier le pouvoir royal et l'Église (Cellach pourrait avoir été un proche de Giric).

En 920, la Chronique anglo-saxonne rapporte que le roi de Wessex Édouard l'Ancien, fils d'Alfred le Grand, reçoit la soumission de plusieurs souverains de Grande-Bretagne, parmi lesquels Ragnall d'York, Ealdred de Bernicie, le roi de Strathclyde Owain ap Dyfnwal et Constantin. Ce dernier n'est pas nommé, mais décrit comme « roi des Scots ». Il s'agit de la première apparition du mot scottas pour décrire les habitants du royaume de Constantin.

Ragnall meurt en 921 et son successeur Sihtric Caech en 927. Æthelstan, le successeur d'Édouard l'Ancien, profite de l'occasion pour s'emparer de la Northumbrie. Il est alors le plus puissant monarque de Grande-Bretagne : son autorité s'étend de la Manche au Firth of Forth. Il organise une nouvelle rencontre avec les rois du Nord de l'île le 12 juillet à Eamont Bridge et obtient d'eux qu'ils « renoncent à l'idolâtrie », c'est-à-dire qu'ils ne s'allient pas aux Vikings. Guillaume de Malmesbury rapporte qu'Æthelstan devient le parrain d'un fils de Constantin (probablement Indulf) lors de cette conférence.

Les sept années qui suivent semblent avoir été tranquilles dans le Nord. Æthelstan se consacre à la soumission des roitelets du pays de Galles, qui font des apparitions à la cour de Wessex, contrairement à Constantin et Owain de Strathclyde. Le silence des sources rend difficile de déterminer les raisons qui poussent Æthelstan à mener une campagne militaire contre Constantin en 934. La Chronique anglo-saxonne en fait un bref récit, mais les chroniqueurs plus tardifs comme Guillaume de Malmesbury, Jean de Worcester, Henri de Huntingdon et Siméon de Durham offrent des détails supplémentaires. Æthelstan commence à réunir son armée à Winchester le 28 mai et atteint Nottingham le 7 juin. Après Chester-le-Street, sa progression est accompagnée par celle d'une flotte anglaise. Owain de Strathclyde est vaincu, et Siméon de Durham rapporte que l'armée anglaise s'enfonce vers le nord jusqu'à Dunnottar et au Mounth, tandis que la flotte atteint le Caithness. L'autorité de Constantin ne s'étend vraisemblablement pas aussi loin, et il pourrait s'agir de raids de pillage plutôt que de véritables opérations militaires.

D'après les Annales de Clonmacnoise, Æthelstan ne remporte aucune grande victoire sur les Écossais, tandis qu'Henri de Huntingdon affirme que les Anglais n'ont pas rencontré d'opposition. Il est possible que la situation ait été résolue par des négociations. Jean de Worcester rapporte qu'un fils de Constantin est offert en otage à Æthelstan, et Constantin accompagne le roi anglais sur le chemin du retour. Il figure comme témoin d'une charte émise à Buckingham le 13 septembre en tant que subregulus, autrement dit comme roitelet reconnaissant la suzeraineté d'Æthelstan. Il est encore présent à la cour d'Æthelstan l'année suivante à Cirencester, où il est considéré comme le plus important des rois soumis à Æthelstan, devant Owain de Strathclyde et le Gallois Hywel Dda.

Constantin n'est plus mentionné avant 937. Cette année-là, il envahit l'Angleterre aux côtés d'Owain de Strathclyde et du roi de Dublin Olaf Gothfrithson. Leur coalition est écrasée par Æthelstan et son demi-frère Edmond à la bataille de Brunanburh (peut-être Bromborough, sur la péninsule de Wirral). Décrit comme « chenu » par la Chronique anglo-saxonne (il est alors âgé d'une soixante d'années), Constantin perd plusieurs amis et membres de sa famille sur le champ de bataille, dont son fils Cellach. Il parvient néanmoins à battre en retraite dans son royaume.

En 943, âgé de plus de soixante ans, Constantin abdique. La succession du royaume d'Alba ne suit pas encore des règles établies, mais les coutumes pictes et irlandaises tendraient à favoriser un descendant adulte de Kenneth MacAlpin. Le seul fils survivant de Constantin, Indulf, est encore trop jeune pour prétendre au trône (il a vraisemblablement été baptisé en 927). Le candidat le plus évident est Malcolm, le cousin de Constantin, qui est né au plus tard en 901. C'est lui qui devient roi après l'abdication de Constantin, dont on ignore si elle est volontaire ou non. La Prophétie de Berchán, un texte du xie siècle, suggère que cette décision lui a été imposée.


Malcolm Ier,  roi d'Écosse (940-945).

Malcolm Ier, portait imaginaire du xviiie siècle

Malcolm Ier ou Mael Coluim mac Domnaill († 954), est le fils de Donald II († 900), il devient roi à une date indéterminée entre 940 et 945 vers 943. la confusion des sources, si elle n'est pas le résultat de multiples erreurs de copistes, doit indiquer une période d'incertitude politique pendant laquelle il assoit graduellement son autorité contre le vieux roi Constantin († 952), qui se retire peut-être sous sa pression et devient moine à Saint-Andrews.

Pendant tout son règne, Malcolm mène une politique d'expansion de son pouvoir tant vers le sud qu'au nord. En 945, il bénéficie de la dévastation du royaume de Strathclyde par Edmund de Wessex, après laquelle la région reconnait finalement qu'elle appartient à la sphère d'influence de Malcolm.

Malcolm attaque ensuite le nord de l'Angleterre jusqu'à la Tees vers 949, peut-être s'agit il d'appuyer la tentative d'Olaf Kvaran roi de Dublin qui vise à conquérir le royaume viking d'York. À la même période où peut-être avant, il conduit ses armées au Moray et tue le mormaer nommé Cellach, qui en était peut-être le roi.

En 952, il fait partie d'une alliance de Scots, Britons (du Strathclyde), et de « Saxons », c'est-à-dire un parti de northumbriens, qui est vaincue par une force scandinave, probablement conduite par Erik Bloodaxe, ancien roi de Norvège, qui prend le contrôle d'York à cette époque.

Le règne de Malcolm Ier n'a pas été troublé par des problèmes domestiques, cependant en 954 il est tué par les « Hommes de Mearns » à Fetteresso dans le Kincardineshire. Son corps est réputé avoir été transporté à Iona pour y être inhumé. Il laisse deux fils, Dubh († 966) et Kenneth († 995), qui deviendront tous deux rois d'Écosse mais il a comme successeur Indulph, le fils de Constantin.


Indulf roi d'Écosse (954-962)

Portrait imaginaire d'Indulf, gravure du xviie siècle

Dauvit Broun estime qu'Indulf ou Indulph, comme deux de ses fils, porte un nom d'origine scandinave lié à des unions dans la famille royale des Scots avec des princesses vikings.

Alex Woolf émet l'hypothèse que son baptême est intervenu à l'occasion de la rencontre avec les « Rois du nord » de la Grande-Bretagne organisée par le roi Æthelstan d'Angleterre pour laquelle William de Malmesbury fixe la date du 12 juillet 927. Indulf aurait reçu le nom du saint de la veille « Hildulf », fondateur vers 700 du monastère de Moyenmoutier dans les Vosges en France. Ce saint comme de nombreux de ses contemporains locaux serait par ailleurs d'origine « Scotus »

Indulf ou Illulb mac Causantín est le fils de Constantin II († 952). Il a au moins un frère ainé, qui est tué lors de la bataille de Brunanburh en 937, et une sœur anonyme qui épouse Olaf Gothfrithson, roi de Dublin († 941). Selon Dauvit Broun, il est significatif de l'extension de l'influence scandinave en Écosse à cette époque que les noms de deux de ses fils sont d'origine nordique.

Indulf devient roi après la mort de Malcolm Ier en 954. Pendant son règne, la ville d'Édimbourg est prise au comte de Northumbrie et elle restera entre les mains des scots jusqu'à nos jours selon la chronique des Rois d'Alba. Indulf est réputé par des sources postérieures et discutables avoir en 955 expulsé Fothad († 963) l'évêque de Saint Andrews.

Son règne enregistre une recrudescence de la pression scandinave dans l'est de l'Écosse. Toujours d'après la chronique des Rois d'Alba, une flotte viking est détruite dans le Buchan, et il est tué en 962 par une armée nordique à « Invercullen », probablement soit Cowie, près de Stonehaven, qui était un site stratégique ou Cullen dans le Banffshire. Il est réputé avoir été inhumé à Iona. Son successeur est Dubh, le fils aîné de Malcolm Ier.


Dubh Duff, roi d'Écosse. (962-967)

Portrait fictif de Dubh par J. Taylor (XVIIe/XVIIIe siècle).

Dubh est le fils de Malcolm Ier († 954). Son frère probablement cadet est Kenneth II († 995). Dubh succède à Indulf comme roi après la mort de ce dernier en 962. Il est remarquable que jusqu'à son règne, les deux lignées issues de la dynastie royale avaient coexisté de manière pacifique depuis le règne du grand-père de Dubh, Donald II.

En 965, cependant, la légitimité de Dubh, issu de la branche descendant de Constantin Ier († 876) est contestée par Culen, le fils d'Indulph de la branche descendant du roi Aed († 878). Culen est défait par Dubh lors de la bataille de Duncrub en Strathearn, l'actuel Perthshire, et après une lutte sévère où Donnchad, l'Abbé Laïc  de Dunkeld et Dubdon d'Atholl, le mormaer d'Atholl , deux partisans de Culen sont tués, Dubh remporte la bataille.

L'année suivante, Dubh est tué par les « Hommes de Moray » à Forres, un événement qui apparemment coïncide avec une éclipse solaire solaire du 20 juillet 966, et il a comme successeur Culen. Il a été avancé de façon convaincante que la représentation vivante d'une bataille et de ses conséquences sur le grand monument de pierre de Forres (connu sous le nom de Sueno's stone) représente la défaite et la mort de Dubh.

Cette défaite et cette mort sont sans doute liée aux probables avancées de son père, Malcolm Ier, dans la soussion du Moray. Selon une source postérieure et constestable, le corps de Dubh est transporté à Iona pour y être inhumé.


Culen d'Écosse,  roi d'Écosse (967-971)

Culen Ier d'Écosse

Culen devient roi après la mort de Dubh en 966 lorsque ce dernier est tué par les « Hommes de Moray ». Il s'était opposé au roi Dubh deux ans avant, obtenant le renfort de Donnchad, abbé laïc de Dunkeld, et de Dub Donn, comte d'Atholl, qui sont tous deux tués lors de la défaite de Culen devant Dubh lors de la Bataille de Duncrub, dans l'actuel Perthshire en 965.

Culen est lui-même tué en 971, avec son frère Eochaid, par Rhydderch ap Dyfnwal, fils de Domnall mac Owen roi de Strathclyde, prétendument pour avoir enlevé la fille de Rhydderch. Le combat dans laquelle Culan est tué se place dans le Lothian. et il est indiqué qu'il est inhumé à Iona. Culen a comme successeur Kenneth II est issu de la lignée royale qui descend de Constantin Ier.


Amlaíb mac Ilduilb, roi des Scots ( 970)

Amlaíb est un fils de Indulf (Idulb mac Causantín) et le frère de Cuilén (Cuilén mac Iduilb) et d'Eochaid tués tous deux en 971 par les Bretons du royaume de Strathclyde. Son nom, qui vient du vieux norrois ou du norvégien-gaël, est l'équivalent en vieil irlandais d'Óláfr.

Alex Woolf avance que le nom scandinave Amlaíb « …suggère fortement que sa famille maternelle était d'origine scandinave et vraisemblablement d'une lignée des Uí Ímair… Il serait alors le petit-fils d'Amlaíb Cúaran, ou de son cousin Amlaíb mac Gofraid ».

Amlaíb est uniquement connu par les entrées qui relèvent sa mort dans les Chroniques d'Irlande et qui le désignent comme « rí Alban »  Toutes notent qu'il est tué par Kenneth II d'Écosse (Cináed mac Maíl Coluim). Les Annales d'Ulster confirment les autres Chroniques d'Irlande en ce qui concerne la mort d'Amlaíb mais précisent qu'il est tué par un certain « Cináed mac Domnaill ».

Le grand-père de Cináed mac Maíl Coluim se nommait Domnall. Le nom de Kenneth n'apparaît dans aucune liste de rois et aucun souverain ne porte ce nom avant qu'en 973 Kenneth II d'Écosse ne rencontre Edgar le Pacifique à Chester8 ; de plus la durée de son règne est inconnue.


Kenneth II d'Écosse, roi d'Écosse de 971 à 995.

Portait fictif de Kenneth II d'Écosse

Kenneth II ou Cináed mac Maíl Choluim est le fils de Malcolm Ier († 954), le roi Dubh († 966) est son frère ainé. Kenneth semble avoir épousé une femme issue de la lignée des Uí Dúnlainge roi du Leinster du nord. Il devient roi après la mort de Cuilén dans un combat contre les Bretons du royaume de Strathclyde et il règne 24 ans et deux mois.

Kenneth doit faire face pendant plusieurs années aux prétentions au trône d'Amlaíb, c'est-à-dire en vieux norrois Olafr, un frère de Cuilén, reconnu comme « rí Alban » par les Chroniques d'Irlande, qu'il tue en 977, mettant ainsi fin à deux décennies de conflits et de rivalités entre deux lignées de la famille royale; les descendants de Constantin Ier († 876), l'ancêtre de Kenneth et ceux du roi Aed († 878), à laquelle appartient Cuilén son prédécesseur1. Ses places fortes, à l'instar des autres monarques de sa branche de la maison de Kenneth Mac Alpin, se situent principalement au nord de la Tay.

Kenneth entreprend immédiatement des expéditions de pillage contre le royaume de Strathclyde, mais selon la Chronique des Rois d'Alba ses forces terrestres subissent un sérieux revers à « Moin Uacoruar », lieu non identifié

Il reprend également sa politique d'agression en Angleterre. La Chronique des Rois d'Alba indique qu'il razzie la « Saxonia » jusqu'à Stainmore et les « lacs de Derann », certainement deux lacs de Cumbria, Derwentwater et Bassenthwaite. À cette occasion, il capture ou obtient en otage un « fils du roi des Saxons » qu'Alex Woolf identifie comme un fils de Eadwulf Evilcild ealdorman de Bamburgh ou de Waltheof.

Le récit contemporain de la soumission des princes gallois au roi Edgar d'Angleterre à Chester en 973 semble avoir été élaboré par Florence de Worcester de manière à y inclure également Kenneth II comme l'un des rois qui reconnaissent sa suprématie en ramant dans la barque dont Edgard Ier tient symboliquement le gouvernail 8. Ce qui est par contre certain, c'est que le roi Edgar vers 975 reconnait formellement l'autorité de Kenneth II sur le Lothian qui avait été annexé sous son prédécesseur par le royaume d'Écosse après qu'Édimbourg est tombée entre les mains du roi Indulf entre 954 et 962. Il est cependant possible que le Lothian ait été temporairement occupé par les comtes de Northumbrie dans la dernière année du règne de Kenneth II en 994–995.

Kenneth II entre dans un conflit dans le Strathmore qui sera la cause de sa mort. Il est réputé avoir tué à Dunsinane en Gowrie le fils unique de Finguala ou Finella, la fille de Conchobar ou Conchar, comte d'Angus. Par vengeance, Finguala organise le meurtre de Kenneth II en 995 à Fettercairn dans les Mearns, l'actuel Aberdeenshire, pas très loin de Fetteresso où avait été tué son propre père Malcolm Ier, ce qui permet de penser que l'aristocratie locale était favorable au parti d'Indulf.

Selon Jean de Fordun, cette conspiration aurait été ourdie, en fait, par le futur Constantin III d'Écosse, fils de Cuilén, petit-fils d'Indulf et Giric le petit-fils de Dubh.


Constantin III d'Écosse (995-997)

Portait fictif de Constantin III d'Écosse d'après une gravure du xviie siècle

Le roi Cuilén († 971), laisse un seul fils Constantine III ou Causantín mac Cuilén qui est surnommé « le Chauve  » par les chroniqueurs médiévaux postérieurs comme Jean de Fordun et qui règne une année et six mois en 995-997 après le meurtre du roi Kenneth II par Finguala ou Finella. Constantin est un cousin éloigné de son prédécesseur Kenneth II et de son successeur Kenneth III.voir le schéma de la succession dynastique.

Constantin, comme ses quatre prédécesseurs, est assassiné en 997. Il est tué à « Rathinveramon » (c'est-à-dire le fort de l'embouchure de l'Almond), probablement près de Scone dans ce qui est désormais le Perthshire, par un certain Kinath filio Malcolmi. Dans la mesure où il n'y a pas d'autre Kinath/Cináed vivant à cette époque (Cináed mac Maíl Coluim est mort en 995), il s'agit certainement d'une erreur. Le meurtrier doit être Kenneth III (Cináed mac Duib), qui succède à Causantín, ou peut être Máel Coluim lui-même, fils de Cináed II.



Kenneth III  roi des Scots (997-1005)

Portrait fictif de Kenneth III d'Écosse

Kenneth III ou Cináed mac Duib est le fils du roi Dubh († 966) , un cousin éloigné de son prédécesseur Constantin III, et le cousin germain de son successeur Malcolm II.

Lorsque Constantin III est tué en 997, il devient roi, sa victoire représente la défaite définitive de la lignée rivale de la dynastie issue du roi Aed († 878). Après ce triomphe de Kenneth III, la compétition pour le trône reprend avec les descendants de Malcolm Ier qui sont des parents plus proches. 

Le 25 mars 1005, Kenneth III est tué lors de la bataille de Monzievaird près de Crieff dans l'actuel Strathearn par son cousin Malcolm II qui lui succède. 


Malcolm II roi des Scots (1005-1034)

Malcolm II est le fils de Kenneth II d'Écosse (Cináed mac Máel Coluim). Il est le petit-fils de Malcolm Ier (Máel Coluim mac Domnaill). Jean de Fordun indique ensuite que Máel Coluim défait l'armée des Norvégiens « dans les tout premiers jours après son couronnement », mais il ne précise rien d'autre. Fordun précise cependant que l’évêché de Mortlach (plus tard transféré à Aberdeen) aurait été fondé en remerciement pour cette victoire sur les Norvégiens.

Le premier événement documenté du règne de Máel Coluim est une invasion de la Bernicie en 1006, peut-être la coutumière crech ríg (littéralement: la proie royale, un raid fait par le nouveau roi afin de démontrer ses capacités guerrières), qui impliquait le siège de Durham. Máel Coluim subit une lourde défaite devant les Northumbriens conduits par Uchtred le Hardi, plus tard comte de Northumbrie, qui est relevée par les Annales d'Ulster.

Un seconde expédition en Bernicie, probablement en 1018, est couronnée de plus de succès. La bataille de Carham, prés de la Tweed, est une victoire des Scots conduits par Máel Coluim et des Hommes de Strathclyde sous la direction de leur roi Owen le Chauve.

À cette époque Uchtred devait être mort et Éric Håkonsson, nommé comte de Northumbrie par son beau-frère Knut le Grand, devait avoir une autorité limitée au sud de la région de l'ancien royaume de Deira, et il n'entreprend aucune action contre les Scots à notre connaissance.

L'œuvre De obsessione Dunelmi (Le siège de Durham, attribuée à Symeon de Durham) indique que le frère d'Uchtred, Eadwulf Cudel, abandonne le Lothian à Máel Coluim, sans doute à la suite de la défaite à Carham. Il est toutefois évident que la région entre Dunbar et la Tweed, c'est-à-dire le Lothian, était déjà sous le contrôle des Scots avant cette époque. Il a été avancé que Knut II de Danemark aurait reçu en 1031 un tribut des Scots pour le Lothian , mais dans la mesure où il n'en recevait pas des comtes de Bernicie, ce n'est guère probable.

La Chronique anglo-saxonne note que Knut conduit une armée en Écosse au retour de son pèlerinage à Rome. La Chronique date l’événement de 1031, mais il y a des raisons de supposer que la date réelle soit 1027. Le chroniqueur contemporain Raoul Glaber qui évoque l'expédition peu après et décrit Máel Coluim comme « un prince puissant et guerrier, et ce qui valait bien mieux encore, un excellent chrétien par sa foi comme par ses œuvres ». Raoul conclut que la paix a été établie entre Máel Coluim et Knut grâce à l'intervention de Richard, duc de Normandie, le frère d'Emma l'épouse de Knut. Richard meurt vers 1027 et Raoul compose sa chronique à l'époque des événements.

Il a été suggéré que la querelle entre Knut et Máel Coluim trouvait son origine dans la cérémonie du couronnement de l'empereur romain germanique Conrad II, où Knut et Rodolphe III, roi de Bourgogne avaient les places d'honneur. Si Máel Coluim était présent lui aussi à cette cérémonie, et les mentions répétées de sa piété dans les annales rendent tout à fait plausible qu'il ait fait un pèlerinage à Rome, comme après lui Mac Bethad mac Findláich, sa simple présence constituait un camouflet public envers les prétentions de suprématie de Knut à son égard .

Knut obtient du roi des Scots moins que ses prédécesseurs les rois anglais, une promesse de paix et d'amitié au lieu d'une promesse d'aide sur terre et sur mer comme Edgar et d'autres l'avaient déjà obtenue. Les sources indiquent que Máel Coluim était accompagné par deux autres rois, certainement Mac Bethad, et peut-être Echmarcach mac Ragnaill, roi de l'Île de Man des Hébrides et d'une partie du Galloway.

La Chronique anglo-saxonne souligne la soumission de Máel Coluim et ajoute « mais il [Máel Coluim] l'accepte seulement pour un court temps ». Knut était par ailleurs occupé en Norvège contre Olaf Haraldsson et il semble qu'il n'eut pas l'intention d'intervenir de nouveau en Écosse.

La Orkneyinga saga précise que le roi Máel Coluim accorda au Jarl Sigurd II Digri des Orcades une de ses filles en mariage. Thorfinn Sigurdsson devait être âgé d'environ cinq ans quand Sigurd est tué le 23 avril 1014 lors de la bataille de Clontarf. La Saga des Orcadiens précise que Thorfinn est élevé à la cour de Máel Coluim et qu'il investit à l'âge de 5 ans le futur Jarl Thorfinn II des Orcades et du Caithness .

Thorfinn, selon l'Heimskringla, était un allié du roi des Scots et apportait son appui à Máel Coluim dans sa résistance à la « tyrannie » du roi norvégien Olaf Haraldsson.

La chronologie de la vie de Thorfinn demeure problématique, et il dut recevoir une partie du comté des Orcades encore enfant s'il était seulement âgé de cinq ans en 1014. Quoiqu'en soit la chronologie exacte avant la mort de Máel Coluim, un client du roi des Scots avait le contrôle du Caithness et des Orcades, bien que, comme avec tous ces types de relations, il est peu probable qu'elles aient perduré au-delà de sa mort.

Même si Máel Coluim exerce son contrôle sur le Moray, comme cela est généralement accepté, les Annales relèvent un certain nombre d'événements relatifs à une farouche lutte pour le pouvoir dans le nord. En 1020, le père de Mac Bethad Findláech mac Ruaidrí est tué par les fils de son frère Máel Brigte. Il semble que Máel Coluim mac Máil Brigti avait pris le contrôle du Moray lorsque sa mort est rapportée en 1029.

Contrairement aux récits des annalistes d'Irlandais, les chroniqueurs anglais et scandinaves semblent considérer Mac Bethad comme le légitime roi de Moray: c'est particulièrement clair lors de la rencontre avec Knut en 1027, avant la mort de Máel Coluim mac Máil Brigti. Máel Coluim a comme successeur comme roi ou mormaer son frère Gille Coemgáin, époux de Gruoch, une petite-fille du Cináed III.

Il a été envisagé que Mac Bethad était à l'origine du meurtre de Gille Coemgáin en 1032, mais si Mac Bethad avait un motif de vengeance personnel à la suite de la mort de son père en 1020, Máel Coluim avait également des raisons de vouloir la mort de Gille Coemgáin. Pas seulement parce que les ancêtres de Gille Coemgáin avaient tué de nombreux membres de la famille de Máel Coluim, mais parce que Gille Coemgáin et son fils Lulach étaient de puissants prétendants au trône. Máel Coluim n'avait pas de fils survivant, et la menace contre ses plans pour assurer sa succession était évidente. Comme conséquence, l'année suivante, le frère ou le neveu de Gruoch, qui aurait pu éventuellement devenir roi, est tué par Máel Coluim.

Il est traditionnellement avancé que le roi Owen le Chauve ou Eógan de Strathclyde meurt lors de la bataille de Carham ou peu après et que son royaume passe entre les mains des Scots à cette époque.

Son petit-fils Thorfinn Sigurdsson ayant peu de chance d'être accepté comme roi des Scots et il choisit le fils de son autre fille Bethóc, qui avait épousé Crínán, abbé laïc de Dunkeld, et peut-être Mormaer d'Atholl. Il ne s'agit peut-être que d'une coïncidence mais en 1027 les Chroniques d'Irlande notent l'incendie de Dunkeld, bien qu'aucun détail sur les circonstances n'en soit évoqué. Máel Coluim choisit donc comme héritier le premier tánaise ríg connu avec certitude en Écosse, son petit-fils Donnchad mac Crínáin (i.e: Duncan Ier).

Máel Coluim meurt en 1034, Marianus Scotus qui le dénomme « Rex Scotiæ » donne la date précise du 25 novembre. La liste royale en latin dite « Nonima regnum » indique qu'il meurt à Glamis et est inhumé à Iona. Plusieurs documents le décrivent comme un roi « très glorieux » ou « très victorieux ». Les Annales de Tigernach relèvent que « Máel Coluim mac Cináeda, roi des Scots, l'honneur de tout l'ouest de l'Europe meurt ». La Prophétie de Berchán, qui est peut-être la source d'inspiration de Jean de Fordun et d'Andrew Wyntoun indique que Máel Coluim est tué en combattant des bandits. Les deux auteurs ajoutent qu'il meurt par violence en combattant « les parricides », peut-être les fils de Máel Brigte de Moray.





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