La bataille du Volturno, survenue en 554, constitue l'un des derniers affrontements majeurs de la guerre des Goths. Après la défaite des Ostrogoths à la bataille du mont Lactarius en 552, le royaume ostrogoth est en ruines, mais les invasions de tribus germaniques, notamment des Francs et des Alamans, prolongent le conflit en Italie. Sous la direction de Narsès, l'Empire byzantin affronte une armée massive menée par les chefs alamans Leutharis et Butilinus, culminant en une victoire décisive qui confirme la domination byzantine.
La mobilisation des Francs et des Alamans
En 553, les chefs francs Leutharis et Butilinus rassemblent une force imposante, estimée à 75 000 hommes, pour envahir l’Italie et soutenir la cause ostrogothe. Cette armée traverse les Alpes et inflige plusieurs défaites aux forces locales, notamment aux Hérules de Fulcaris près de Parme. Pendant ce temps, les Byzantins sous Narsès dispersent leurs troupes pour défendre le centre et le sud de l’Italie.
Une division stratégique
Au début de 554, les envahisseurs divisent leurs forces :
Préparatifs de Narsès
Conscient de la menace posée par Butilinus, Narsès rassemble une armée de 18 000 hommes, comprenant des contingents byzantins, hérules, cavaliers lourds et archers à cheval. Cette diversité d’unités confère aux Byzantins une supériorité tactique face à l’infanterie principalement composée de Francs.
Le camp de Butilinus
Butilinus établit un camp fortifié près du Volturno, renforcé par des remparts de terre et une tour en bois protégeant un pont sur la rivière. Cependant, les Byzantins, sous le commandement de Charananges, mènent des incursions pour couper les lignes d’approvisionnement des Francs, brûlant notamment la tour et compromettant leur position.
La confrontation
Les deux armées se mettent en position :
Au moment où les Francs attaquent, une mutinerie parmi les Hérules menace brièvement le plan de Narsès. Toutefois, les Hérules rejoignent finalement la bataille, permettant aux Byzantins de maintenir leur cohésion. Les Francs, après avoir franchi un fossé laissé par les Hérules, se retrouvent pris sous un feu nourri des archers byzantins, flanqués par la cavalerie. Incapables de manœuvrer, ils sont rapidement submergés.
La déroute franque
Alors que la confusion gagne les rangs francs, Sindual mène les Hérules dans une charge décisive. Les troupes de Butilinus sont anéanties, et lui-même est tué. Les pertes byzantines sont minimes comparées à l’hécatombe parmi les Francs, dont seuls quelques survivants parviennent à s’échapper.
Une victoire écrasante
La bataille du Volturno marque la fin des grandes menaces militaires contre les Byzantins en Italie. Les Francs et les Alamans, décimés par les combats et les maladies, ne sont plus en mesure de contester l’autorité byzantine. Narsès consolide ainsi le contrôle impérial sur l’Italie centrale et méridionale.
Une campagne de stabilisation
Malgré cette victoire, quelques poches de résistance subsistent :
Le triomphe de Narsès
La victoire de Narsès au Volturno met un terme à deux décennies de guerre et garantit la suprématie byzantine en Italie. Cependant, les destructions causées par le conflit affaiblissent durablement la péninsule, compromettant son intégration économique et politique dans l’Empire.
La bataille du Volturno est le point culminant de la reconquête justinienne en Italie. En anéantissant l'armée franque et en dispersant les dernières forces ostrogothes, Narsès assure la victoire finale de l'Empire byzantin. Ce succès militaire, bien que décisif, marque également la fin d'une ère de prospérité pour l'Italie, qui sort de la guerre profondément ravagée.
Sources et Références :
Auteur : Stéphane Jeanneteau, février 2012.