3 min lu
Le Premier Siège de Constantinople (674-678) : Une Résistance Décisive de l’Empire Byzantin.

Le premier siège de Constantinople, de 674 à 678, constitue un événement marquant dans l’histoire médiévale, mettant en lumière la résilience de l’Empire byzantin face à l’expansion rapide du califat omeyyade. À une époque où les Byzantins étaient affaiblis par des décennies de défaites militaires et de pertes territoriales, ce siège témoigne de l’importance stratégique et symbolique de Constantinople. Malgré une pression intense, les Byzantins repoussent les Arabes grâce à des innovations technologiques, une stratégie prudente et des défenses urbaines exemplaires.


Contexte Historique : La Menace Croissante du Califat Omeyyade

L’expansion musulmane

Après la défaite byzantine à la bataille du Yarmouk en 636, les Arabes conquièrent la Syrie, l’Égypte et de larges portions de l’Empire sassanide. Sous le calife Muʿāwiya, les raids contre les Byzantins s’intensifient, accompagnés d’un développement naval qui permet aux Arabes de contrôler des points stratégiques en Méditerranée orientale, tels que Chypre et Rhodes.

Les campagnes préliminaires

Les campagnes terrestres et maritimes des années 660-670 montrent clairement l’objectif des Omeyyades : frapper Constantinople. Cependant, les premières tentatives sont repoussées, notamment en raison des maladies et de la résistance byzantine. Ces expéditions permettent néanmoins aux Arabes d’établir des bases avancées, comme Cyzique, pour soutenir un siège prolongé.


Déroulement du Siège

L'arrivée des forces arabes

En 674, une flotte arabe importante, soutenue par des forces terrestres, s’installe près de Cyzique, sur la rive sud de la mer de Marmara, pour y établir une base logistique. Au printemps, les Arabes traversent la mer de Marmara et commencent une série d’attaques contre Constantinople.

La stratégie byzantine

L’empereur Constantin IV organise une défense solide, basée sur plusieurs piliers :

  • Les murailles de Théodose : Les défenses terrestres et maritimes de la ville, renforcées, rendent les attaques directes difficiles.
  • Le feu grégeois : Cette arme incendiaire, récemment mise au point, est déployée sur les navires byzantins pour repousser les flottes ennemies.
  • Les engagements limités : Constantin IV adopte une stratégie de contre-attaques prudentes, évitant de risquer des batailles décisives en rase campagne.

Un siège fractionné

Contrairement à un siège continu, les Arabes alternent entre des attaques au printemps et des replis à Cyzique pour l’hiver. Cette tactique leur permet de maintenir une pression constante tout en consolidant leurs lignes d’approvisionnement.

La riposte décisive de Constantin IV

En 678, Constantin IV ordonne une attaque coordonnée contre les forces arabes. La flotte byzantine, équipée de feu grégeois, détruit une partie significative de la flotte arabe, tandis que des généraux byzantins remportent une victoire terrestre majeure en Asie Mineure, tuant des milliers de soldats arabes. Ces revers forcent les Arabes à lever le siège. Leur retraite est marquée par une tempête au large de Sillyon, qui détruit une grande partie de leur flotte.


Conséquences du Siège

Un coup dur pour le califat omeyyade

L’échec du siège constitue une humiliation pour le califat omeyyade, entachant le prestige de Muʿāwiya. De surcroît, les pertes humaines et matérielles subies affaiblissent temporairement leur capacité à mener des campagnes d’envergure.

La consolidation de l’Empire byzantin

La victoire de Constantinople renforce le prestige de l’Empire byzantin, tant en Orient qu’en Occident. Elle assure une paix temporaire, permettant aux Byzantins de consolider leurs territoires et de restaurer partiellement leur économie.

La paix de 679

En 679, un traité de paix est signé entre les deux puissances. Le califat accepte de payer un tribut annuel de 30 000 nomismata, 50 chevaux et 50 esclaves, et retire ses garnisons des bases avancées, comme Rhodes. Cette trêve, bien que temporaire, offre un répit crucial à Byzance.


Importance et Impact

Un rempart de la chrétienté

Si Constantinople était tombée, les provinces byzantines restantes auraient rapidement succombé, offrant aux Arabes un accès direct à l’Europe. En repoussant cette menace, l’Empire byzantin joue un rôle clé dans la préservation de la civilisation chrétienne en Méditerranée orientale.

Le feu grégeois : une arme décisive

L’utilisation du feu grégeois marque un tournant dans les conflits médiévaux, démontrant l’importance des innovations technologiques dans les guerres de siège.

Un tournant dans les guerres arabo-byzantines

L’échec de 674-678 marque un ralentissement de l’expansion musulmane en Méditerranée. Bien que les attaques contre Byzance reprennent plus tard, notamment lors du deuxième siège de Constantinople (717-718), cet épisode montre la résilience de l’Empire face à des menaces existentielles.


 

Le premier siège de Constantinople est un témoignage de la détermination et de l’ingéniosité de l’Empire byzantin face à une menace redoutable. Cette victoire offre un répit stratégique à l’Empire, consolidant sa position en Méditerranée orientale et préservant son rôle de rempart contre l’expansion arabe.

 

Sources et Références :

  • Théophane le Confesseur, Chronique.
  • Al-Tabari, Histoire des prophètes et des rois.
  • J.B. Bury, History of the Later Roman Empire.
  • Cyril Mango, Byzantium: The Empire of New Rome.

Auteur : Stéphane Jeanneteau, février 2012.

Commentaires
* L'e-mail ne sera pas publié sur le site web.