Le peuple germanique des Burgondes (ou Burgondions), venu de la Scandinavie probablement de l’île de Bornholm et de la région norvégienne du Borgund, est mentionné pour la première fois par les romains au premier siècle de notre ère. Ils les situaient autour de la mer Baltique. Peu après, les Burgondes se fixèrent autour du cours moyen de la Vistule. Mais si les pérégrinations des Goths puis Vandales les conduisirent vers l’Europe orientale, les Burgondes, quant à eux, bousculés par la migration gothique, se déplacèrent à l’opposé, vers l’Ouest au cours du III°s apr. J.-C. Ils finirent par rencontrer les Alamans et choisirent de participer à leurs tentatives de percement du limes romain en 260 dans la région des Champs Décumates – situés entre le cours supérieur du Rhin et celui du Danube -. En 279, alliés aux Vandales, ils envahirent la Rhétie avant d’être vaincus et repoussés par l’empereur Probus. Par la suite, s’étant fixé au voisinage de l’Empire romain, les Burgondes développèrent des échanges commerciaux, économiques et culturels important avec ce dernier.
LA GRANDE INVASION ET FONDATION DU ROYAUME
Lors de la grande invasion de 406-407, les Burgondes participèrent au franchissement du Rhin gelé mais contrairement aux Vandales, Suèves et Alains, leurs invasions eurent une zone géographique limitée autour du Rhin en aval de Coblence et de Worms. C’est pourquoi, du fait des limites géographiques restreintes de cette invasion, nous avons opté, bien qu’ils prirent part à la première vague des invasions germaniques en Gaule, de placer les Burgondes comme faisant partie de la seconde phase des migrations. Ce n’est qu’un peu plus tardivement que les Burgondes pénétrèrent plus en avant à l’intérieur de la Gaule. De plus, étant plus romanisés que la plupart des peuples germaniques du fait de leurs longs contacts avec les romains, l’influence Burgonde en Gaule, quoique incontestable, semble avoir été moins traumatisante que le choc qu’infligèrent les Goths, les Huns, les Vandales ou les Alains durant le premier tiers du V°s. Certes, en 411 les Burgondes soutinrent activement l’usurpation de Jovin mais dès 413, l’empereur Honorius leur octroya un foedus leurs concédant la garde des rives du Rhin. Le royaume rhénan Burgonde qui fut crée autour de Worms et en aval de Coblence entretint alors des relations amicales avec les romains tout en bloquant l’accès de l’Empire aux autres peuples germains.
Cependant, à partir du règne du célèbre roi Gundahar - ou Guntiarius -, les Burgondes engagèrent une politique d’expansion rapide aux dépens des romains en s’emparant en 435 de Spire puis de Strasbourg. Mais le général romain Aetius envoya les Huns mettre définitivement fin à la récente menace Burgonde. Littéralement décimés par les Huns qui les anéantirent en 436, les Burgondes ne représentèrent plus aucune menace d’autant que leur royaume rhénan fut totalement détruit. C’est pourquoi Aetius, après avoir annihiler toute menace burgonde, choisit de les fédérer par un foedus en 443 qui regroupa les malheureux rescapés en les installant en Savoie, près du Lac Léman - afin qu’ils puissent protéger l’accès des cols alpins menant vers la Gaule contre les Alamans -, et en les intégrant dans l’armée romaine.
Depuis, les Burgondes demeurèrent absolument fidèles aux romains et purent même prendre leur revanche contre les Huns en luttant aux cotés des légions d’Aetius contre Attila aux Champs Catalauniques en 451 Puis, après avoir soutenu l’usurpation d’Avitus en 455, ils participèrent à l’expédition dirigée en 456 contre les Suèves établis dans la péninsule ibérique.
FONDATION DU SECOND ROYAUME
Cette fidélité fut récompensée lorsque le roi burgonde Gondioc fut nommé en 461 maître des milices romaines et par conséquent chef de toutes les armées romaines en Gaule. Pourtant, Gondioc rompit rapidement avec Rome en lançant une attaque contre Lyon en 462 qu’il s’empara mais qui fut ensuite reprise temporairement par l’empereur Majorien avant d’être à nouveau reconquise par les Burgondes. Gondioc se proclama alors roi en 463 et fonda le second royaume Burgonde avec Lyon pour capitale. Puis, en 472-474, ils menèrent deux offensives, l’une vers le Nord pour s’emparer d’Autun et de Langres, l’autre vers le Sud pour prendre Vaison et Enbrun. Les limites du royaume Burgonde atteignaient alors la Champagne et les Alpes maritimes tout en incluant le couloir rhodanien et une partie de l’Helvétie.
En 476, l’Empire romain d’occident cessa d’exister puisqu’il fut officiellement réunit à l’Empire d’Orient mais ce dernier, trop éloigné, ne pouvait plus exercer le moindre contrôle réel en occident sur les peuples barbares. Reconnut par tous les rois barbares comme étant leur empereur tout du moins nominalement, Zénon rechercha un allié pour faire exercer son autorité théorique. Ainsi, en 477, il octroya au roi Burgonde Chilpéric le titre de maître des milices des Gaules.
Fils de Gondioc, Gondebaud succéda à son oncle Chilpéric en 480 mais afin d’asseoir son pouvoir, il tua son frère et fit noyer la femme de ce dernier et exila ses nièces dont Clotilde qui épousa par la suite Clovis. Sa puissance se fondait sur le titre honorifique de “Patrice des Gaules” que l’empereur lui concéda. Après avoir soutenu en vain Odoacre contre Théodoric Ier en 490, Gondebaud s’attacha à préserver son autorité contestée par son second frère Godegisil – ou Gondegisèle -. Il dut alors réprimer férocement cette révolte. Or, Gondegisil avait contracté une alliance avec le roi franc Clovis qui en profita pour intervenir en 500 pour aider son allié et surtout en profiter pour s’emparer de Vienne. Ayant été défait par Clovis à Dijon, Gondebaud jugea préférable de laisser la vie sauve à son frère et de se réconcilier avec lui plutôt que de devoir affronter à nouveau le redoutable roi franc. Face au rétablissement de l’unité burgonde, Clovis choisit de ne pas poursuivre l’offensive et Gondebaud reprit Vienne dès 501. Pourtant, un nouveau différend naquit entre les deux frères puisque peu de temps après, il tua son frère lors d’une seconde guerre fratricide.
Seul roi en 502, il rédigea la célèbre “loi Gombette”, code juridique compilant toutes les lois concernant les Burgondes. Il développa une administration imitée de celle de Rome qui consolidait son contrôle sur toute l’étendue de son royaume. Grand organisateur, Gondebaud savait utiliser les opportunités qui se présentaient pour accroître sa puissance. En 507, après la bataille de Vouillé, Gondebaud, allié à Clovis, lança une expédition commune avec les Francs contre la Provence mais ils furent repoussés par les Ostrogoths de Théodoric Ier venus d’Italie pour sauver leurs cousins de l’anéantissement. Gondebaud perdit ainsi Arles en 509.
Jusqu’en 516, les Burgondes demeuraient ariens mais ils pratiquaient une politique de grande tolérance envers les chrétiens contrairement aux Vandales ou aux Wisigoths. De nombreux conseillers du roi furent des évêques qui soutinrent ainsi le pouvoir royal de Gondebaud et organisèrent l’administration burgonde. En 505, l’évêque de Vienne, Avit, parvint à convertir Sigismond II, fils de Gondebaud. Lorsque ce dernier devint roi en 516, l’ensemble des Burgondes se convertit à son tour, à l’exemple de son roi. Cette conversion n’empêcha pas Sigismond de garder une certaine brutalité typiquement barbare puisqu’il n’hésita pas à étrangler en 522 son propre fils Sigéric accusé à tort de complot par la seconde épouse de Sigismond.
L’ANNEXION DU ROYAUME
Préoccupé par les menaces intérieures qui pouvaient déstabiliser leurs pouvoirs, les rois des Burgondes ne semblèrent pas réaliser que la fulgurante expansion du royaume franc faisait peser une sourde mais réelle menace concrétisée dès 523. En effet, à cette date, les Francs attaquèrent son royaume. Sigismond fut capturé et exécuté par Clodomir à Orléans. Cependant, les Francs ne purent annexer le royaume Burgonde puisque le frère et successeur de Sigismond, Gondomar III, organisa une farouche résistance et parvint à les repousser. L’année suivante, en 524, une seconde campagne franque fut menée contre les Burgondes mais fut à nouveau repoussée grâce à la victoire de Vézéronce. Mais cette fois-ci, le roi franc Clodomir fut à son tour fait prisonnier et subi en représailles la décapitation. Les Burgondes se vengeaient ainsi de la mort de leur ancien roi. Finalement, une coalition de tous les rois mérovingiens se lança à la conquête du royaume des Burgondes. La bataille d’Autun en 534 scella la fin de l’indépendance burgonde et le royaume fut totalement annexé en 535.
Désormais, la région devint un royaume franc, la Bourgogne.