Originaires d’Europe centrale ou orientale, les Phrygiens s’infiltrèrent en Anatolie à l’époque de la chute de Troie et de celle de l’Empire hittite. Il est vraisemblable que leur installation s’étendit sur plusieurs siècles, et qu’ils se mélangèrent progressivement avec les populations hittites sur place. En réalité, nous connaissons plutôt mal qui étaient vraiment ces Phrygiens, et nous ignorons tout des premiers siècles de leur présence. Nous les connaissons surtout parce qu’en ont dit leurs voisins et uniquement pour la période qui est celle de leur apogée (VIIIe-VIIe av. J.-C.).
Lors des fouilles de Gordion, plusieurs inscriptions phrygiennes ont été trouvées. L’alphabet est imité de celui du grec, mais on ne comprend pas bien les rares textes conservés. La langue phrygienne était, apparemment, une langue indo-européenne, ce qui accréditerait l’ancienne parenté des Phrygiens avec les Grecs.
Selon Hérodote, les Phrygiens, apparentés aux Illyriens, aux Thraces et aux Macédoniens, portaient le nom de Byriges quand ils occupaient encore leur patrie, située quelque part dans la péninsule balkanique. Le nom de “Phrygiens “ inventé par les Grecs, les désignera quand, au début du XIIe siècle, ils participeront à la guerre de Troie comme alliées des Troyens. Dans les annales assyriennes, les ennemis de l’Assyrie, originaires de l’Asie Mineure, sont mentionnés non pas sous le nom de Phrygiens, mais sous celui de Mosques (Mushki) terme qui désigne les peuples montagnards de l’Anatolie. Téglath-Phalasar Ier battit les rois de Phrygie. Assournasirpal II en fit ses tributaires. Sargon II, enfin, affronta le fameux roi Midas. Strabon parle lui aussi de “ Moskoi “ établis dans l’Asie Mineure septentrionale.
Les Phrygiens s’installèrent donc dans la région de la Sakarya, avec pour centre Gordion mais aussi sur les ruines des places fortes hittites, comme à Hattusha, et qu’ils empruntèrent bon nombre d’éléments culturels aux civilisations hittite et urartéennes. Le royaume phrygien était puissant dans la seconde moitié du VIIIe siècle av. J.-C. mais il s’affaiblit au début du VIIe siècle avec les invasions cimmériennes. Il passe ensuite sous domination lydienne, puis perse. Du royaume de Phrygie qui se maintint pendant un demi-millénaire peu de choses subsistent. C’est surtout la figure de l’un de ses souverains, le fameux Midas, qui émerge des ténèbres qui enveloppent leur histoire.