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Le berceau de Rome

Légende de Romulus

La légende de Romulus et Remus est bien connue mais cette zone stratégique, facile à défendre, véritable point de passage sur le Tibre est habitée depuis la fin du 2ème millénaire quand vers l'an - 1 000, une colonie venue d'Albe, s'installe sur la pente ouest du Palatin, probablement pour garder la région contre l'expansion étrusque. Au VIIIe siècle les villages dispersés de cette colonie fondent la fédération religieuse des Monts Fortifiés (Septimontium de saepti : clôturés et non septem : sept), il s'agit de pasteurs et d'agriculteurs et un mur ceinture le seul Palatin. Des Sabins font partie de cette ligue latine et installés sur le Quirinal, dominent cette agglomération, ce que la légende traduit par les règnes de Numa Pompilius et Tullius Hostilius, d'origine sabine. La ligue latine et les cités voisines s'allient contre la métropole du Latium qu'est Albe-la-Longue, siège du sanctuaire fédéral. La victoire est remportée par la coalition et la ville d'Albe est détruite.

Sous les Étrusques

Au VIIIème siècle, les Étrusques, dans leur expansion, dominent le Latium et en particulier le point de passage qu'est devenu le site de Rome. La domination de cette ville dure jusqu'au quart du Vème siècle et elle laisse des traces significatives dans la culture romaine. D'abord c'est sous leur influence que ces "bourgs" agricoles deviennent une cité avec une muraille ceinturant la ville. L'assainissement est assuré par la construction du Cloaca Maxima (grand égout de Rome). Avec ses temples, son forum qui remplace des marécages assainis, et son Circus Maximus, construit sous Tarquin l'Ancien, Rome est tout à fait une cité étrusque. Mais comment s'est passé ce contrôle étrusque ? Ce sont des princes de Tarquinia et de Vulci qui s'emparent de Rome à la fin du VIIIème siècle.

Servius Tullius est originaire de Vulci, les Tarquins (à partir de - 616), sont natifs de Tarquinia et plus tard, (vers - 504) Porsenna est le lucumon (roi) de Chiusi. Les Étrusques installent une garnison sur le Capitole et la ville se rassemble autour du forum. C'est un rite de fondation étrusque qui est décrit par Tite Live pour la fondation de Rome et c'est au VIème siècle seulement que cette cérémonie a eu lieu. Sur le plan de l'armée, l'apport des rois étrusques est significatif avec Servius Tullius. Il crée un système de recrutement basé sur le cens. La population est divisée en cinq classes selon la fortune. Les plus riches forment la cavalerie, puis l'infanterie lourde et ainsi jusqu'aux plus humbles, faiblement armés, chacun payant son équipement. Rome profite de la prospérité étrusque et de son emplacement près du pont Sublicius sur le Tibre, sur la route reliant l'Étrurie à la Campanie. C'est aussi sous le règne de Servius Tullius que l'enceinte, haute levée de terre avec de la pierre au niveau des portes, réunit les sept collines en débordant au delà des habitations. Rome a remplacé Albe-la-Longue à la tête de la confédération religieuse latine. Elle est devenue peu à peu la cité dominante du Latium et c'est sous les rois étrusques que les "faubourgs" de Rome ainsi que le site d'Ostie sont conquis. 

Maquette de la Rome archaïque, vers le VIe siècle av. J.-C. (Musée de la Civilisation romaine, Rome). En haut, le Tibre et le Champ de Mars encore inhabité, à l'état de marécage ; la colline du Capitole, avec le temple de Jupiter Capitolin (toit rouge). Devant, à gauche, le Palatin, occupé par des habitations ; à droite, les zones futures du forum romain et du Colisée, encore marécageuses elles aussi.

Les débuts de la république

A la fin du VIème siècle, les patriciens chassent le dernier roi étrusque, Tarquin le Superbe, mais c'est la défaite étrusque d'Aricie vers - 506 qui précipite l'émancipation de Rome, elle choisit deux "rois annuels", les consuls. Les premiers, Junius Brutus et Tarquinius Collatinus, sont tués en faisant la guerre à Tarquin qui continue de menacer Rome. Les consuls suivants sont Publius Valerius et Spurius Lucretius. Puis c'est le lucumon de Chiusi, Porsenna qui assiège et prend Rome. Le mur d'enceinte est abattu dans la lutte et Rome restera ainsi pendant plus d'un siècle. Les Latins ainsi que les Grecs de Cumes se méfient de cette ville dépendante de Chiusi. 

Vers - 504, une agitation se produit chez les Sabins avec l'opposition entre un parti de la guerre contre Rome et un parti de la paix. Attus Clausus, le chef du parti de la paix ne peut résister à ses adversaires et vient se réfugier à Rome avec un groupe nombreux de clients soit environ 5 000 personnes, il porte depuis le nom d'Appius Claudius. La même année les colonies latines de Cora et de Pometia s'allient avec le peuple des Arunces et une forte armée vient menacer Rome, elle est mise en déroute selon Tite Live. Pometia se rend avant d'être prise d'assaut mais la répression est impitoyable, la cité est rasée et les habitants sont vendus. Dès que les troupes de Porsenna ont repassé le Tibre, les peuples du Latium se soulèvent contre Rome. La guerre contre les Latins se termine à la bataille du lac Régille, vers - 498, remportée par le dictateur Allus Postumius. Aussitôt le pacte d'alliance offensive et défensive est renouvelé et l'armée coalisée comptera 4 légions soit 16 000 hommes fournis pour moitié par Rome.   

 Les premières guerres étrusques

Mais tout près, Fidènes est un avant poste de Véies, installé sur la rive latine du Tibre. La première guerre entre Rome et une cité étrusque, Véies débute en - 480 et les Romains subissent de sévères défaites comme la bataille du Crémère en - 477, où 306 combattants de la gens Fabia sont anéantis dans une embuscade en défendant la colonie fondée sur le territoire de Véies. Après 4 ans de combats, une trêve de 40 ans est conclue permettant le retour à Rome de Fidènes et des conquêtes étrusques sur la rive droite du Tibre. Cette guerre coïncide avec les batailles de Salamine et d'Himère, ce qui donne le schéma suivant.

Les Étrusques, alliés des Carthaginois, eux mêmes alliés aux Perses font face aux Latins soutenus par les Grecs.

Pendant cette trêve, la situation des Étrusques s'est dégradée, la bataille navale au large de Cumes en - 474, est une victoire pour Syracuse qui entreprend un raid réussi contre l'île d'Elbe. Les combats reprennent vers - 438, c'est la guerre de Fidènes où le roi de Véies Tolumnius périt de la main de Servius Cornelius Cossus, tribun militaire à pouvoir consulaire ainsi que l'écrit Valère Maxime. Fidènes est prise et une nouvelle trêve est conclue en - 428.

Il faut une troisième guerre et un siège difficile en raison de la situation de la ville située sur un plateau rocheux, et de l'impossibilité de bloquer les approvisionnements. Après 10 ans, Marcus Furius Camillus, le nouveau dictateur que Rome a choisi, réussit probablement en passant par les égouts, à prendre, en - 396, la cité étrusque de Véies, sans véritable mobilisation étrusque pour la défendre. Seules Capènes, Faléries et Tarquinia l'aident. Rome augmente son territoire de près de 70%. Véies est détruite est son emplacement maudit, Capènes et Faléries offrent la paix. Le butin ramassé à Véies est immense. Camillus est accusé d'en avoir soustrait une grande partie et il est condamné à l'exil.

Pendant ces 3 guerres, avec les Latins et probablement sous l'impulsion de la cité de Tusculum, Rome combat les Sabins, les Eques et les Volsques et les refoulent dans leurs montagnes. 

Les premières guerres gauloises 

C'est alors qu'un nouvel acteur intervient : un ensemble de tribus celtes, les Cénomans, les Boïens, les Lingons et les Sénons envahit l'Étrurie padane et en - 396, la cité de Melbum (à l'est de Milan) est prise. Les Boïens s'installent dans la Romagne. Chiusi est assiégée par les Sénons et appelle Rome à son secours. Les Romains envoient seulement une ambassade. Les Fabius venus négocier avec les Gaulois se montrent agressifs et tuent un chef gaulois : Les Sénons demandent à Rome qu'on leur livre les coupables, le Sénat est favorable à cette demande mais le peuple refuse net. Le Brenn lève le siège de Chiusi, rassemble toutes ses troupes et fonce sur Rome.

LA PRISE DE ROME PAR BRENNUS en -389 

Ils passent le Tibre et s'approchent de Rome quand ils rencontrent les légionnaires. La bataille de l'Allia, vers - 390, est une sévère défaite pour les Romains. Le chef des Gaulois, le Brenn est prudent et l'armée romaine, un peu moins nombreuse, panique devant la furia ennemie,elle est culbutée par la ruée, l'arme au poing des Sénons et s'enfuit vers Véies. Rome se prépare au choc et installe une garnison conséquente dans la citadelle, bien approvisionnée. Après 3 jours, l'armée gauloise investit la Ville d'autant plus facilement que l'enceinte de Servius Tullius, détruite sous Porsenna, n'a pas été reconstruite. Seul le Capitole résiste et tient en particulier grâce aux "oies sacrées" qui donnent l'alarme. Le chef des sentinelles qui s'étaient endormies, est jeté du haut de la roche Tarpéienne vers les Gaulois. Manlius dirige la résistance pendant 7 mois mais la famine en vient à bout et le tribut en or payé par Rome pour acheter sa liberté est alourdi par Le Brenn du poids de son épée et de son baudrier : VAE VICTIS (Malheur aux vaincus). Les Gaulois repartent avec 1 000 livres d'or, soit 327 kg! Camillus est rappelé d'exil et il remporte à la tête de l'armée romaine une victoire face aux Gaulois qui remontent vers le nord appelés par la menace des Vénètes et vont guerroyer contre une coalition de peuples alpestres.

Plusieurs invasions gauloises, se succèdent : 

  •  vers - 367, Camillus les bat près d'Albe, c'est sa dernière victoire. 
  •  en - 361, Titus Quinctius Pennus leur fait face au pont de l'Anio à une lieue de la Ville, mais il n'y a pas combat, le torrent est trop fort. 
  •  en - 360, le dictateur Quintus Servilius Ahala lutte devant la porte Colline face à ces Gaulois qui remontent du sud de l'Italie. 
  •  et en - 358, année de la chute de Felsina (Bologne) que les Boiëns renomment Bononia, le dictateur Gaïus Sulpicius Peticus remporte une furieuse victoire. 
  •  en - 350, les Gaulois campent tout l'hiver sur le mont Albain, luttant sur les côtes avec les pirates grecs et leur disputant leur butin. Ce n'est que l'année suivante que Lucius Ferius Camillius peut les chasser.

Ces "accidents" n'ont d'autres résultats qu'un sursaut étrusque pour libérer le territoire de Véies. Rome réplique en créant les forteresses de Sutrium et de Nepete sur leur nouvelle frontière nord et en installant des colonies romaines autour de Véies, Capène et Faléries.

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