Robert II est éduqué par le célèbre Gerbert d'Aurillac (qui deviendra pape sous le nom de Sylvestre II). Il a gardé de cette éducation une grande piété, d'où son surnom. Comme tous ses contemporains, il passa l'an 1000 sans s'en apercevoir. Il épouse Rozzala, la veuve du comte de Flandre, de 35 ans son aîné, mais celle-ci lui apporte une dot intéressante. Malgré sa piété, Robert est excommunié pour avoir répudié sa femme. Le règne de Robert est marqué par l'acquisition de la Bourgogne au terme de 12 ans de conflit. Le duché est donné à son fils Henri, qui sera peu après associé au trône comme l'avait fait Hugues Capet pour Robert. Les grands feudataires perdent ainsi leur droit d'élection. Mais la jeune dynastie reste sous la menace des Grands, le domaine capétien étant resserré autour d'un étau. En 1026, le fils de Robert, Henri est sacré roi à Reims. Désormais, pour consolider la position du fils aîné, il est décidé qu'à la mort de son père, il hériterait de la totalité du domaine royal et qu'il n'y aurait pas de partage entre lui et ses frères. La loi salique utilisé par les Mérovingiens et Carolingiens est ainsi oubliée, le partage du royaume entre les fils avait déjà provoqué la dislocation du royaume de Clovis et le démantèlement de l'empire de Charlemagne lors du traité de Verdun. Ainsi, à la mort de Robert II le Pieux, Henri Ier a une position plus solide au sein du royaume.
Robert II, dit le Pieux, est un roi de France, né à Orléans vers 970 de Hugues Capet et d'Adélaïde, mort à Melun, le 20 juillet 1031. Il fut instruit à l'école de Reims où il reçut les leçons de Gerbert. Son père l'associa au trône et le fit couronner à Sainte-Croix d'Orléans en 987, le 25 décembre, selon les uns, le 30 décembre, selon d'autres. Il épousa Rozala ou Suzanne, d'origine italienne, veuve du comte de Flandre, Arnoul II. Celle-ci reçut en dot le château de Montreuil. Cette union dura à peine un an. Robert la répudia et s'éprit de Berthe, fille de Conrad le Pacifique, et femme d'Eude, comte de Chartres, de Tours et de Blois. Eude étant en lutte avec le comte d'Anjou, Foulque Nerra, les rois Hugues et Robert prirent parti pour Foulque.
Eude mourut à Marmoutier en 995, et Berthe se mit sous la protection de Robert. Celui-ci résolut de l'épouser, mais la parenté spirituelle de Robert avec Berthe était un empêchement canonique, en effet, Robert avait tenu sur les fonts baptismaux, l'un des enfants de Berthe. Malgré l'opposition de l'Eglise, et immédiatement après la mort de Hugues Capet, en 996, Robert fit consacrer son mariage par Archambaud, archevêque de Tours.
Dès lors, Robert passa du parti de Foulque dans celui de la maison de Chartres. Le pape Grégoire V convoqua un concile à Pavie en 997 et fit prononcer l'excommunication contre le roi. Celui-ci entama avec le Saint-Siège des négociations. Il se montrait prêt à rétablir sur le siège de Reims l'archevêque Arnoul que Hugues Capet avait fait déposer sans l'intervention de Borne, Abbon, abbé de Fleury, fut député auprès du pape. Arnoul fut remis en possession de son siège, mais le roi n'ayant pas répudié sa femme comme il l'avait promis, un concile général réuni à Rome lança l'anathème contre Robert et l'excommunication contre le prélat qui avait béni l'union et ceux qui l'avaient assisté.
Entre 999 et 1001 Robert se décida à se séparer de Berthe. Il prit pour femme Constance, fille d'un comte Guillaume, probablement Guillaume d'Arles, le mariage eut lieu entre 1001 et 1003. Constance amena à sa suite à la cour de France beaucoup d'hommes du Midi à qui les hommes du Nord reprochèrent leurs mœurs efféminées.
« C'étaient, dit Raoul Glaber, des hommes légers et vains, aussi bizarres dans leurs mœurs que dans leurs vêtements, négligents des armes et des chevaux, la chevelure coupée à mi-tête, rasés à la manière des histrions, portant des chaussures indécentes, ne tenant pas leur parole et ennemis de la paix. Toute la nation des Francs, naguère la plus honnête de toutes, et celle des Bourguignons, suivirent leurs exemples détestables.»
On reprochait aussi à la nouvelle reine son avarice et son caractère acariâtre. Deux partis se formèrent à la cour, celui de l'ancienne reine, Berthe, ayant à sa tête son fils Eude, comte de Blois, et celui de Constance, dirigé par Foulque d'Anjou. Le roi avait élevé à la dignité de comte palatin Hugues de Beauvais, l'un de ses plus chers compagnons et partisan de Berthe, Constance le fit mettre à mort. Robert se rendit à Rome pour obtenir du pape l'annulation de son mariage, il n'y put réussir.
Il eut de son mariage avec Constance, quatre fils et une fille : Hugues, né en 1007, puis Henri; en 1010, Robert, mort en 1075, Eude, et Adèle, laquelle épousa en 1027 Richard III, duc de Normandie.
En 1002, le duc de Bourgogne, Henri, fils de Hugues le Grand, étant mort, son beau-fils Otte-Guillaume, comte de Mâcon, mit la main sur son héritage. Mais Robert intervint pour faire valoir ses droits à la succession, car il était le plus proche parent du feu duc. Au printemps de 1003 le roi descendit en Bourgogne avec une armée considérable. Il échoua au siège d'Auxerre, ville dans laquelle s'était enfermé Landry, comte de Nevers, puis il poussa jusqu'à la Saône, ravageant tout sur son passage. Il regagna Paris, mais il fit de nouvelles campagnes en Bourgogne. En 1005, il s'empara d'Avallon et d'Auxerre. Le comte Landry reconnut le roi de France comme duc de Bourgogne, et celui-ci accorda à Renaud, fils de Landry, la main de sa soeur Adèle, avec le comté d'Auxerre, comme dot.
Quelques années plus tard, le roi, profitant de l'impopularité de Renaud, comte de Sens, et s'appuyant sur l'archevêque Liétry, s'empara de la ville de Sens le 22 avril 1015. Renaud, aidé du comte Eude, à qui il avait cédé le château de Montereau, voulut reprendre sa ville. Un compromis intervint entre les belligérants. Renaud garderait son comté sa vie durant, après quoi il serait partagé entre l'archevêque de Sens et le roi. Robert vint assiéger Dijon en 1015. Grâce à l'appui de Lambert, qu'il avait fait élire évêque de Langres en 1016, le roi fut reconnu par les Bourguignons comme duc, puis il donna ce titre à son fils Henri.
La reine Constance voulut faire associer son fils aîné Hugues à la couronne. Les grands consultés se montrèrent défavorables à ce projet. Robert passa outre et fit sacrer roi son fils, le 9 juin 1017, dans l'église de Saint-Corneille de Compiègne, par Arnoul, archevêque de Reims. Mais quand Hugues voulut exercer son autorité et réclama une part dans le domaine royal, sa mère s'emporta contre lui. Hugues s'éloigna de la cour et, se mettant à la tête d'une troupe de jeunes gens, pilla les biens de son père.
C'est alors, en 1025, que le roi Robert tenta de s'emparer de la Lorraine. Mais le jeune roi Hugues mourut le 17 septembre 1025 après être rentré en grâce auprès de son père, grâce à l'intervention de Fulbert, évêque de Chartres. Il fut enterré à Saint-Corneille de Compiègne. Le roi accablé de douleur renonça à ses projets contre la Lorraine. Il fit sacrer roi à Reims, à la Pentecôte de 1027, son fils Henri, duc de Bourgogne, malgré l'opposition des grands et celle de Constance qui aurait voulut que son troisième fils Robert reçût la couronne. De nouvelles dissensions s'élevèrent entre le roi Robert et ses fils. Le nouveau roi associé prétendait obtenir le duché de Bourgogne que son père avait gardé. Les deux fils se coalisèrent contre leur père en 1030 ; le plus jeune se jeta sur la Bourgogne, tandis que l'aîné Henri marchait contre Dreux. Le roi fui vaincu et se réfugia à Beaugency, d'où il gagna la Bourgogne. La paix fut conclue et peu après Robert mourut.