En 1328, la Flandre était en proie à une révolte populaire, principalement menée par des paysans et des bourgeois insurgés contre leur seigneur, le comte de Flandre Louis de Nevers, et, par extension, contre le roi de France Philippe VI. Ces révoltés, souvent inspirés par le souvenir de la victoire flamande lors de la bataille des Éperons d'Or (Courtrai, 1302), rejetaient les droits seigneuriaux archaïques et l'autorité royale.
Philippe VI, récemment couronné, voyait dans cette insurrection une opportunité de consolider son pouvoir en affirmant son rôle de restaurateur de l’ordre social et en soutenant son vassal, Louis de Nevers. En convoquant l’ost royal, il mobilisa les barons présents à Reims pour son sacre, rassemblant une imposante armée pour mater la rébellion.
L’Armée Française : Philippe VI dirigeait une armée composée de chevaliers, fantassins et arbalétriers, regroupés en deux principales divisions : la "bataille" du roi (29 bannières) et celle du comte d’Artois (22 bannières). Ces forces étaient bien équipées, bien entraînées, mais traumatisées par le souvenir de Courtrai.
Les Révoltés Flamands : Commandés par Nicolaas Zannekin, un propriétaire terrien aspirant à la chevalerie, les insurgés comprenaient des paysans et des bourgeois armés de piques et de bâtons, retranchés sur le mont Cassel, une colline de 157 mètres offrant une vue dominante sur la plaine environnante.
Chevauchée Française : Avant d’affronter les insurgés, Philippe VI ordonna une campagne de ravages dans la Flandre occidentale, espérant forcer les insurgés à quitter leurs retranchements pour défendre leurs terres.
La Position Flamande : Les insurgés restèrent retranchés sur le mont Cassel, observant avec impuissance leurs villages brûler et leurs récoltes détruites par les troupes royales.
Proposition de Bataille : Nicolaas Zannekin envoya des messagers pour demander un « jour de bataille », mais ceux-ci furent méprisés par les chevaliers français, qui considéraient leurs adversaires comme indignes d’une confrontation formelle.
L’Attaque Surprise : Profitant de la négligence des Français, qui s’étaient relâchés dans leur camp, les insurgés flamands lancèrent une attaque surprise. L’infanterie française, prise au dépourvu, s’effondra rapidement, certaines troupes fuyant vers Saint-Omer.
Le Ralliement Français : Alerté, Philippe VI regroupa sa chevalerie. Vêtu d’une robe bleue brodée de fleurs de lys et coiffé d’un chapeau de cuir, le roi se plaça en première ligne, galvanisant ses troupes par son courage.
La Contre-Attaque Royale : La cavalerie française, menée par le roi lui-même, chargea les insurgés. Les Flamands, incapables de manœuvrer sur le terrain accidenté et encerclés, formèrent un cercle défensif. Cependant, la supériorité tactique et matérielle des Français leur permit de briser cette formation.
La Déroute Flamande : Les insurgés furent massacrés sur place. Nicolaas Zannekin et ses principaux lieutenants, Zeger Janszone et Lambrecht Bovyn, tombèrent au combat. Le mont Cassel devint un champ de mort.
Cassel fut incendiée, et les principales villes de Flandre, Ypres et Bruges, se rendirent rapidement. Ces capitulations mirent fin à l’insurrection, mais les tensions sociales et économiques persistèrent.
La bataille renforça le prestige de Philippe VI, lui permettant d’apparaître comme un roi chevalier, prêt à se battre en première ligne pour défendre son royaume. Cette victoire consolidait son autorité sur le royaume, bien que la révolte ait révélé la fragilité des relations entre les seigneurs et les classes populaires.
Auteur : Stéphane Jeanneteau, août 2014
Sources et Références :