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La bataille de Klokotnica 1230

Au début des années 1220, quatre « empereurs » prétendaient être le détenteur légitime du titre impérial : l’empereur latin de Constantinople, Robert de Courtenay, le souverain d’Épire, Théodore Comnène Doukas, cousin des empereurs Isaac II et Alexis III qui se fit couronner empereur à Thessalonique vers 1227, le tsar bulgare Ivan (ou Jean) Asen II, et l’empereur de Nicée, Jean Vatatzès. Lorsque l’empereur latin Robert de Courtenay mourut en 1228, ne laissant pour lui succéder qu’un enfant mineur, le jeune Baudouin II (r. 1228-1273), Ivan Asen proposa une alliance matrimoniale entre sa fille et Baudouin. Ceci aurait fait de lui le candidat idéal pour devenir régent de l’Empire latin, lui permettant de faire venir suffisamment de troupes bulgares à Constantinople pour empêcher toute attaque de la part de Théodore et d’accéder éventuellement au trône impérial. 

Conscient du danger que représentait un tel scénario, les barons latins choisirent plutôt de confier la régence et le titre d’empereur à un chevalier résidant en Occident, Jean de Brienne. Le pape donna son approbation à cet arrangement et en 1229, Jean de Brienne, déjà âgé de quatre-vingts ans, se disposa à partir pour Constantinople. Aux termes de l’accord, il aurait conservé le titre d’empereur même après la majorité de Baudouin en 1237.


Théodore décida alors que le temps était venu pour lui de marcher sur Constantinople. Toutefois, et pour des raisons inconnues, son armée obliqua en cours de route et, malgré le traité d’amitié signé entre lui et le tsar bulgare en 1221/1222, il envahit la Bulgarie, craignant probablement que les Bulgares ne viennent au secours des Latins s’il s’aventurait à commencer un long siège devant Constantinople.


La bataille

Pour cette guerre de conquête, Théodore avait levé une imposante armée composée en partie de soldats venus d’Occident. Il était tellement certain de la victoire qu’il amena avec lui toute sa cour y compris sa femme et ses enfants. Son armée progressa dès lors lentement en Bulgarie, pillant au passage les villages qu’elle traversait. Lorsque le tsar bulgare apprit que son pays était attaqué, il réunit une petite armée de quelques milliers de soldats avec laquelle il fonça vers le sud. En seulement quatre jours, les Bulgares couvrirent une distance trois fois plus grande que celle que Théodore avait couverte en une semaine.


La Bulgarie après la bataille de Klokotnica.

Le 9 mars, les deux armées en vinrent aux mains près du village de Klokotnitsa, sur la principale route entre Andrinople et Philippopolis. On raconte que, fou de rage, Ivan Asen II attacha à sa lance le traité d’amitié comportant la signature et le sceau de Théodore et s’en servit comme étendard. En bon tacticien, il sut jouer de l’effet de surprise et encercler les troupes de Théodore qui ne s’attendaient pas à le voir apparaitre avant au moins quelques jours. La bataille dura jusqu’à l’aube et vit la déroute complète des Épirotes. Seule une petite fraction de l’armée sous la conduite du frère de Théodore, Manuel, réussit à s’enfuir. Le reste fut ou bien tué ou bien fait prisonnier, y compris Théodore lui-même ainsi que les principaux membres de sa cour. Immédiatement après la bataille, Ivan Asen libéra les soldats faits prisonniers sans conditions et déporta les aristocrates à Trnovo. Il devait toutefois garder Théodore captif. Celui-ci devait rester sept ans en prison où il fut aveuglé, après avoir comploté contre le tsar ; il ne devait en sortir qu’en 1237 lorsque Ivan Asen tomba amoureux de sa fille et lui permit à l’occasion du mariage de recouvrer sa liberté.


Conséquences de la bataille

Après cette bataille, le tsar bulgare leva une armée plus importante et s’avança à travers la Macédoine jusqu’en Albanie, s’emparant au passage des principales forteresses de Théodore, y compris Serrès, Prilep et Ohrid. Il agrandit ses possessions en Thrace, s’emparant de Philippopolis dans la vallée de la Maritsa, principale route est-ouest de la Bulgarie. Son territoire s’étendit alors d’Andrinople jusqu’à Dyrrachium (aujourd’hui Durrës). Seules la Thessalie et l’Épire restaient aux mains des Grecs, Constantinople appartenant toujours aux Latins. Bien décidé à se venger des barons latins qui lui avaient préféré Jean de Brienne, Ivan Asen entreprit en 1231 des négociations avec l’Empire de Nicée en vue de la conquête de Constantinople.

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