La bataille du col de Panissars, qui se déroula en octobre 1285, marqua la fin désastreuse de la Croisade d’Aragon, une campagne initiée par le pape Martin IV contre la Couronne d’Aragon. Le roi de France, Philippe III, dit "le Hardi", menait cette croisade pour soutenir Charles II d’Anjou, son cousin, dans ses prétentions sur le trône de Sicile.
Cependant, la croisade rencontra de nombreuses difficultés. L’armée française progressa péniblement en Catalogne, affrontant une résistance acharnée de la part des Catalans et des Aragonais. La défaite navale des Français lors de la bataille des Formigues, suivie de l’effondrement de leur logistique, força Philippe III à ordonner la retraite. Déjà affaiblie par la dysenterie et le manque de ravitaillement, son armée subit un dernier coup fatal au col de Panissars.
Le col de Panissars, situé dans le massif des Albères, constituait une voie de passage principale à travers les Pyrénées. Connue depuis l’Antiquité sous le nom de Summum Pyrenæum, cette route faisait partie de la voie Domitienne, reliant Barcelone à Perpignan. Les Français, en retraite vers leur territoire, durent emprunter ce col pour franchir les Pyrénées.
Pierre III d’Aragon, surnommé "le Grand", confia l’avant-garde de l’attaque aux Almogavres, une unité redoutable de fantassins légers, commandée par Ramon de Montcada.
Roger de Lauria, célèbre amiral de la flotte catalane, renforça l’offensive. Après sa victoire navale aux Formigues, il débarqua ses troupes pour poursuivre les Français. La double attaque, combinant les forces de Montcada et celles de Lauria, acheva de désorganiser l’armée française.
Le roi Philippe III, gravement malade, fut épargné par respect pour les règles de chevalerie. Accompagné de sa famille, dont Charles de Valois, prétendant au trône d’Aragon par sa mère Isabelle, il continua sa retraite vers Perpignan. Cependant, Philippe III succomba peu après à sa maladie, marquant un épilogue tragique pour cette croisade.
La défaite au col de Panissars scella l’échec total de la Croisade d’Aragon.
La victoire au col de Panissars renforça la position de Pierre III d’Aragon et consolida la résistance catalane face à l’ingérence étrangère. Cette victoire devint un symbole de la capacité des Aragonais à défendre leur indépendance face à des coalitions européennes.
La mansuétude des Aragonais envers Philippe III et sa famille laissa une impression durable. Lors de la campagne de Sicile en 1302, Charles de Valois, confronté à Frédéric II d’Aragon, se rappela de cet acte de chevalerie et proposa de cesser les hostilités. Cela mena à la signature de la paix de Caltabellotta, qui scella la réconciliation entre les deux dynasties.
Auteur : Stéphane Jeanneteau, août 2014
Sources et Références :