La bataille de Magnésie se déroula durant l'hiver 190-189 av. J.-C. Elle eut lieu probablement au début de l’an 189. Elle opposa les Romains, dirigés par le consul Scipion l'Asiatique, et les Séleucides, dirigés par le roi Antiochos III. Ce fut la bataille décisive de la guerre antiochique, qui dura de 192 à 189 av. J.-C. La bataille eut lieu dans une plaine, au confluent du fleuve Hermos et de la rivière Phrygie, non loin de la cité de Magnésie, dans la Turquie actuelle. La ville de Magnésie (Manisa en turc) se trouve à quarante kilomètre au nord-est d’Izmir. Notre connaissance de la bataille repose essentiellement sur les textes de trois auteurs : le romain Tite-Live, le grec Appien, et le byzantin Zonaras. Du point de vue de l’histoire militaire, Magnésie fut avec, Cynoscéphales et Pydna, une des trois grandes victoires que les armées romaines ont remporté sur les armées hellénistiques au IIe siècle av. J.-C. On considère généralement que ces victoires sont dues en partie à la supériorité de la légion romaine sur la phalange de type macédonien.
Déroulement de la bataille
La bataille a commencé par la charge des chars de combat. Celle-ci se solda par un désastre, car les troupes légères romaines, peltastes et auxiliaires, tirèrent leurs flèches et leurs javelots sur les attelages. Les chevaux, excités et désorientés, firent demi-tour et se dirigèrent vers leurs propres lignes.
En lisant Tite Live, on a l’impression que l’armée d’Antiochos s’effondre comme un château de cartes : les chars séleucides, devenus incontrôlables après avoir été repoussés par l'infanterie légère romaine, fuient avec les dromadaires vers leur propre camp, provoquant la débâcle d'une partie de l'aile gauche; celle-ci est alors attaquée par les cavaliers romains, ce qui achève de la désorganiser; une partie des fuyards, cherchant à trouver refuge vers la phalange, aurait empêché les soldats de manier leurs sarisses; les légionnaires, ensuite, n'auraient eu aucun mal à renverser les phalangites.
Appien donne une autre version des faits. Selon lui, l'effet combiné de la fuite des chars et de la charge de la cavalerie romaine entraîne le chaos dans l'aile gauche séleucide, mais pas dans le centre . Au contraire, celui-ci forme le carré et accueille en bon ordre les soldats qui cherchent sa protection . Les Romains, même les légionnaires, n'osent pas s'attaquer directement à cette solide formation de vétérans, mais ils lui infligent de sévères pertes avec leurs flèches et leurs javelots. La phalange, réduite à la défensive, harcelée par les traits et la cavalerie, est contrainte à céder du terrain. La retraite s'opère en bon ordre, jusqu'à ce que les éléphants, qui accompagnaient la phalange, deviennent incontrôlables. Excités par le combat, probablement blessés par de multiples traits, ils provoquent le chaos dans la phalange, et précipitent la défaite séleucide .
Pendant ce temps, sur l’aile droite de l’armée séleucide, le roi Antiochos charge avec ses cavaliers. Les troupes romaines sont balayées et s’enfuient en direction de leur camp. Il est difficile de savoir exactement quelles troupes faisaient face à Antiochos, mais il s’agissait probablement d’une ala latine, d’une légion, et bien sûr des quatre escadrons de cavalerie disposés tout à gauche de l’armée romaine. Les sources sont contradictoires au sujet de l’efficacité de l’offensive du souverain séleucide.
Le roi, d’après Tite Live et Zonaras, ne parvint pas à s'emparer du camp, car il rencontra de la résistance. Le préfet Marcus Aemilius Lepidus, qui dirigeait les Thraces et les Macédoniens chargés de la garde du camp, rallia les fuyards et stoppa la progression d'Antiochos. Lorsque le roi revint vers le champ de bataille, il trouva que sa situation était désespérée et s'enfuit du champ de bataille.
Si l’on en croit Appien, la poursuite dura un long moment, sur une grande distance. Les légionnaires et les latins en fuite n’eurent pas l’occasion de se réfugier au camp, et continuèrent leur course plus loin. C’est au retour de cette chevauchée, après avoir probablement massacré un grand nombre d’ennemis, qu’Antiochos chercha à s’emparer du camp romain. Comme il n’y parvint pas, il se dirigea vers le reste de son armée, fier de son succès, sans se douter qu’il avait déjà perdu la bataille.
Les pertes, d’après Tite-Live, se montent à 50 000 fantassins et 3000 cavaliers côté séleucide, et 350 hommes seulement côté romain. Appien donne des chiffres semblables, bien qu’il compte aussi les prisonniers parmi les pertes. Cependant il est clair que ces chiffres, tellement disproportionnés, ne correspondent certainement pas à la réalité.
Conséquences politiques
La défaite de Magnésie incita Antiochos à traiter. La paix fut signée à Sardes, en 189. Un deuxième traité, complétant le premier, fut signé en 188 à Apamée. Le Séleucide s’engageait à renoncer à la Thrace et à évacuer l’Asie Mineure jusqu’au Taurus. De plus, il devait payer une indemnité de 15 000 talents et livrer vingt otages, dont Hannibal, qui s’était réfugié auprès du monarque séleucide après la deuxième guerre Punique. Enfin, le traité d’Apamée prévoyait une limitation des capacités militaires séleucides, aussi bien sur terre que sur mer, et le règlement des rapports entre Antiochos III et les alliés de Rome (Pergame et Rhodes).
La conséquence principale de la paix d’Apamée est le remaniement territorial en Orient. Toute l’Asie Mineure est évacuée par Antiochos. Rome n’annexe pas les territoires conquis mais les distribue à ses alliés, Pergame et Rhodes en premier lieu. Le royaume d’Eumène, considérablement agrandi, devient une sorte d’Etat-tampon entre la Macédoine et le royaume séleucide.