5 min lu
Le Siège  de  Tyr -332

La cité, sur la côte Méditerranéenne, était d'une grande importante stratégique pour Alexandre pour continuer sa marche vers la Judée, puis l'Égypte. L'armée Macédonienne fut toutefois incapable de prendre la ville, par des moyens conventionnels, car elle se trouvait à la fois sur le continent et sur une île et avait des murs jusqu'à la mer. Alexandre répondit à ce problème dans un premier temps en bloquant et en assiégeant Tyr pendant sept mois, puis par la construction d'un pont-jetée qui lui permit de prendre les fortifications. Après la conquête de la ville, les Grecs y commirent des massacres et déportèrent en esclavage 30.000 habitants, principalement des femmes et des enfants, afin de donner une leçon aux autres cités Perses prêtes à s'opposer au Roi Macédonien.

La cité-État de Tyr était à cette époque la plus importante ville de Phénicie. Elle était située à la fois sur la côte méditerranéenne, ainsi que sur une île voisine, avec deux ports naturels sur le côté terre. L'île se trouvait à environ 700 m. de la côte à l'époque d'Alexandre le Grand. Ses hautes murailles atteignaient 60 m. au-dessus du niveau de la mer sur la face tournée vers la terre à l'Est, du côté de l'île. La cité avait une population d'environ 40.000 personnes, bien que beaucoup des femmes et des enfants aient été évacués à Carthage, une ancienne colonie Phénicienne à l'approche du Macédonien. Les Carthaginois avaient également promis d'envoyer une flotte pour aider leur ville mère. Comme Alexandre n'avait pas de flotte, il résolut de prendre la ville par la terre et de retirer aux Perses ce dernier port qu'ils avaient dans la région. 

Après quelques attaques afin d'essayer de prendre Tyr, les Grecs parvinrent à chasser suffisamment la flotte Perse de façon qu'ils pouvaient maintenant attaquer la cité de toutes parts. Alexandre savait que la cité avait un temple dédié à Melqart (Dieu tutélaire Phénicien de Tyr), qu'il identifiait à Héraclès. Il informa les habitants qu'ils seraient épargnés s'il était autorisé à faire des sacrifices dans le temple (Le vieux port avait été abandonné et les Tyriens étaient maintenant regroupés sur l'île à un kilomètre du continent). Les défenseurs refusèrent l'entrée de leur île et suggérèrent qu'il utilise l'autre temple dans la partie continentale. Une deuxième tentative de négociation, pour essayer de convaincre la cité d'une capitulation, n'aboutit pas plus. Le Phéniciens tuant en plus les Ambassadeurs d'Alexandre et les jetant à la mer par-dessus les murs. En Janvier 332, le Roi furieux ordonna alors le siège de la vile. 

 

Le déroulement

Le Siège de la ville était en place, mais Alexandre, n'ayant pas de flotte, il ne pouvait attaquer la cité par la mer. Il fit alors construire une digue en pierre, sorte de pont-jetée, de 700 m. de long, pour faire approcher son artillerie des murs de la ville. Celle-ci partait du continent jusqu'à l'île, la profondeur n'étant que d'environ deux mètres, elle est encore préservée à ce jour. Cependant, pendant l'édification, les Macédoniens durent subir les attaques permanentes des Phéniciens et leur travail fut de plus en plus dur du fait de la profondeur croissante de la mer et la continuation de la construction devint impossible. Alexandre ordonna alors la construction de deux tours de 50 m de haut qui furent transportées au bout de la digue. Comme la plupart des tours de siège elles possédaient une plate-forme d'artillerie avec des catapultes sur le dessus pour atteindre les défenseurs sur les murs, et des balistes en dessous pour lancer des pierres sur le mur et attaquer les navires. Elles étaient faites de bois et recouvertes de cuir, afin de les protéger des flèches adverses enflammées. 

Bien que ces tours fussent peut-être les plus grandes du genre jamais construite, les Tyriens mirent au point rapidement une contre-attaque. Ils utilisèrent un vieux navire de transport de chevaux, qu'ils remplirent avec des branches sèches, du soufre et divers autres combustibles. Ils accrochèrent ensuite des chaudrons d'huile sur les mâts, de sorte qu'ils tombent sur le pont une fois que les mâts auraient brûlés. Ils chargèrent également l'arrière de lourdes charges de sorte que l'avant sorte de l'eau. Ils mirent ensuite le feu et lancèrent le navire sur le pont-jetée. Le navire vint facilement s'y échouer du fait de son avant surélevé et le feu se propagea rapidement, détruisant les deux tours et d'autres équipements de siège qui y avaient été construits. Les navires Tyriens près de la jetée, détruisirent tout le matériel de siège qui n'avait pas pris feu et harcelèrent les Macédoniens qui essayaient d'éteindre les incendies. 

Après cet échec, Alexandre comprit que s'il voulait venir à bout de cette cité, il avait besoin de navires pour la conquérir. Heureusement pour lui, après sa victoire précédente à la bataille d'Issos et ses conquêtes ultérieures, des cités Phéniciennes c'étaient ralliées à lui et lui envoyèrent de Byblos, Arwad et Sidon une flottes de plus de 80 navires, qui composaient avant une partie de la marine Perse. Il donna immédiatement l'ordre à ces navires d'attaquer afin de trouver une faille et ouvrir une brèche en éperonnant les murailles. Cela coïncida avec l'arrivée de 120 autres bateaux de guerre envoyés par les Rois de Chypre, qui avaient entendu parler de ses victoires et voulaient se joindre à lui. 

La flotte Chypriote, avec des ingénieurs Chypriotes, contribua beaucoup à la prise de Tyr. En effet, le Roi Pnytagoras (351-331) de Salamine, Androclès d'Amathonte (ou Amathus) et Pasikratis de Soles (ou Soloi), prirent une part personnelle dans le siège de la ville. Les Rois Chypriotes, à la tête de ces 120 navires, chacun avec un équipage très expérimenté, fournirent une aide substantielle à Alexandre dans l'attaque de la ville. À côté d'eux s'ajouta en Février de l'année 332, 4.000 mercenaires commandés par Cléandre, pour la plupart issus du Péloponnèse. Avec l'arrivée de 23 autres navires des cités Grecques d'Ionie, Alexandre avait 223 navires sous son commandement qui lui donnèrent la suprématie maritime dont il avait besoin. Au cours de la dernière attaque, les Chypriotes réussirent à occuper un des deux ports et la partie Nord de la ville, tandis que les Phéniciens fidèles à Alexandre occupaient le deuxième port. Constatant que de grands blocs de pierre avaient été mis sous l'eau pour servirent de béliers et empêcher ses navires d'atteindre les murs, Alexandre les fit enlever par des sortes de navire grue. Les assaillants ancrèrent ensuite leurs navires près des murs, mais les Tyriens envoyèrent des plongeurs pour couper les câbles d'ancrage. Alexandre répondit en les faisant remplacer par des chaînes. 

Le siège de Tyr vu par André Castaigne (1898-1899)

Les Tyriens, sentant la fin approcher, lancèrent une contre-attaque, mais ne furent pas chanceux. Ils avaient remarqué qu'Alexandre revenait sur la terre ferme au même moment chaque après-midi pour déjeuner et se reposer et en même temps que lui une grande partie de sa flotte. Ils choisirent donc d'attaquer à ce moment, mais malheureusement cette fois-là Alexandre avait sauté sa sieste de l'après-midi et fut en mesure de contrer rapidement la sortie audacieuse. Les Grecs se concentrèrent sur certains points du mur avec des béliers jusqu'à ce qu'ils fassent une petite brèche dans l'extrémité Sud de l'île. Puis, héroïquement Alexandre attaqua la brèche avec un bombardement de tous les côtés par sa marine. Une fois que ses troupes pénétrèrent de force dans la ville, ils submergèrent la garnison, tuant facilement les 6.000 soldats Phéniciens et s'emparèrent en Août 332 de la cité.

Les citoyens de Tyr, y compris le Roi Azemilcos, trouvèrent refuge dans le temple de Melqart et demandèrent grâce à Alexandre. Selon Arrien, Alexandre épargna la vie de tous ceux qui avaient fui dans le temple tout en massacrant la population masculine de la ville et en prenant en esclavage 30.000 personnes, femmes et enfants qui furent vendus. Selon Quinte-Curce  6.000 hommes de combat furent tués dans la ville et à cause des captifs Grecs tués par les Phéniciens sur les murailles et devant les yeux des soldats d'Alexandre, les Grecs devinrent complètement fous de rage, ils crucifièrent 2.000 Tyriens sur la plage.

Les spécialistes expliquent la sévérité des représailles par la longueur du siège et parce que les Tyriens avaient effectivement commit quelques exactions sur les murs. Il y a aussi des rapports qui signalent une éradication totale de la population de Tyr. Ce carnage servit aussi peut-être à dissuader d'autres cités de s'opposer à la puissance du Macédonien. Polyen (Orateur et écrivain militaire Grec, IIe s. ap.J.C), dans l'un des deux stratagèmes qu'il donna sur le siège de Tyr d'Alexandre, propose un autre récit de la façon dont le Roi conquit la ville. Selon lui, il marcha vers l'Arabie ayant laissé Parménion en charge du siège. Les Tyriens trouvèrent le courage de quitter leurs murs et engagèrent les Grecs, arrivant même à prendre le dessus quelques fois dans la bataille. Alexandre fut informé des difficultés de son Général et se hâta de rejoindre la ville, exactement au moment où les Tyriens se battaient contre un Parménion qui était en train de reculer. Au lieu d'attaquer les Phéniciens, Alexandre choisit de marcher directement sur la ville, moins protégée puisque ses soldats à la poursuite de Parménion. Il prit rapidement la cité par la force, surprenant le reste de sa garnison. 

Commentaires
* L'e-mail ne sera pas publié sur le site web.