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La bataille de Pliska 811

À partir de 807, le khan Kroum s'engage dans une politique de regroupement des « sklavinies » slaves et des « valachies » thraco-romanes des Balkans, jusque-là vassales de l'Empire byzantin, pour les intégrer dans sa confédération bulgare. Alternant raids audacieux vers l'aval du fleuve Struma et sièges des forteresses byzantines, il s'empare de Serdica (Sofia) en 809. Cela provoque une réaction du basileus byzantin Nicéphore Ier, qui finit par établir des populations anatoliennes de langue grecque le long de des monts Haemos pour protéger sa frontière nord.

Décidé à détruire la Bulgarie, Nicéphore Ier réunit une énorme armée en mai 811.

Le 10 juillet, il établit son camp à Marcellæ près de sa frontière avec la Bulgarie. Après avoir brisé la résistance de la garde bulgare, l'armée byzantine, divisée en trois colonnes, chacune suivant des trajets différents, se dirige vers Pliska, la capitale bulgare le 20 juillet. La ville est prise le 23 juillet et ses défenseurs sont dispersés. Le khan Kroum propose alors de faire la paix, mais Nicéphore Ier la rejette.

Nicéphore Ier et son armée ont soumis les populations locales autres que grecques, à des brutalités si atroces qu'elles frappaient même les chroniqueurs byzantins. Ils ont tué Bulgares, Slaves et Thraco-romains avec femmes et des enfants, sans scrupule ni distinction. La capitale bulgare Pliska fut livrée au pillage et au feu : Nicéphore Ier s'appropria tout le butin et, selon Théophane le Confesseur il coupa les oreilles et d'autres membres des soldats qui osèrent réclamer leur part.

Michel le Syrien, le patriarche des jacobites syriens au xiie siècle, décrit dans sa Chronique les atrocités de Nicéphore Ier : « Nicéphore, l'empereur des Romains marcha contre les Bulgares : il fut victorieux et en tua un grand nombre. Il parvint jusqu'à leur capitale, s'en empara et la dévasta. Sa sauvagerie alla à ce point qu'il fit apporter leurs petits enfants, les fit étendre à terre et fit passer dessus des rouleaux à battre le grain. »

Abattu par les malheurs de ses sujets, le khan Kroum réitère sa proposition de paix. Selon le chroniqueur Théophane le Confesseur, il aurait déclaré : « Et voilà, tu as vaincu. Prends tout ce que tu veux et va-t'en en paix. » Nicéphore Ier se moque du khan bulgare et ordonne la mise à feu et la destruction de son palais. Kroum déclare alors « Si tu ne veux pas la paix, tu vas tomber sous l'épée » et mobilise tous ses gens, y compris les femmes et les jeunes garçons, afin de bouter Nicéphore et son armée hors de Bulgarie.


Schéma de la bataille.

Pendant que Nicéphore et son armée sont occupés par la mise à sac de la capitale bulgare, Kroum mobilise ses troupes pour préparer des embuscades dans les défilés des Balkans. Pendant son retour vers Constantinople, l'empereur grec apprend ces préparatifs. Inquiet, il répète plusieurs fois à ses compagnons : « Même si nous avions des ailes nous ne pourrions pas échapper au péril. »

À l'aube le 26 juillet les Byzantins sont piégés entre les douves et les barricades de bois dans le défilé de la Vărbitza. Dans la bataille, Nicéphore Ier est tué ainsi qu'une grande partie de sa garde et une partie de son armée, dont les légionnaires sont soit noyés dans le fleuve proche, soit tués quand leurs barricades sont mises à feu. Le fils de Nicéphore et héritier du trône, Stavrakios, est mis en sécurité par la garde impériale. Son règne sera court : paralysé par une blessure d'épée au cou, il meurt quelques mois après la bataille.

Selon la légende, le khan bulgare Kroum a fait couvrir d’argent le crâne de l'empereur pillard Nicéphore pour s’en servir comme d'une coupe à boire.

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