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La bataille de Roncevaux  778

À la mort de Pépin en 768, Charles est élevé à la royauté. Liuba II, duc de Gascogne lui prête serment. L'année suivante il confie à la cour de Charles l'éducation de son fils Sanz, et lui demande de protéger ses biens et ses terres. La Gascogne s'étend de la Garonne jusqu'au sud des Pyrénées, comprenant des villes comme Pampelune.

En 777, au plaid de Paderborn, Charlemagne reçoit l'ambassadeur du gouverneur musulman de Barcelone, Souleiman al-Arabi (orthographié aussi Sulayman) — révolté contre Abd al-Rahman Ier, l'émir de Cordoue — qui demande l'aide des Francs pour tenir la ville de Saragosse.

Peut-être s'offre-t-il en vassal de Charles, souhaitant sa protection contre l'émir qu'il a trahi deux fois. Peut-être offre-t-il à Charles de repousser l'émir en lui prenant des territoires, constituant un État allié tampon, évitant les razzias.

Saragosse évoque une certaine grandeur. En effet, la ville fut chantée par Prudence au ive siècle dans son Peristephanon; elle abrite les tombeaux de nombreux martyrs chrétiens, les reliques de saint Vincent. On peut sûrement déjà trouver en sa cathédrale le pilier miraculeux de la Virgen del Pilar ; or Charles est plein de dévotion pour la Vierge dont il porte quelques cheveux en médaillon. Ainsi Saragosse est un antique symbole de chrétienté persécutée et elle est toujours peuplée de chrétiens. Sans compter que la ville est un enjeu stratégique militaire et économique sur l’Èbre.

Mais Charles est moins attiré par Saragosse qu'il n'est inquiet des menées de l'ambitieux clan des Banu Qasi, ancien lignage comtal visigothique islamisé, dirigé par Abu Tawr dont le père était déjà entré dans l’alliance avec l’émir. En effet, depuis leurs fiefs d'Olite et de Tudèle, ils cherchent à prendre le contrôle de Pampelune sous domination franque, mais aussi de Huesca et Gérone qui dépendent de l'émirat.


Charles, s'il part — soutenu par le pape Adrien Ier qui lui souhaite «heureuse victoire» — défendre les chrétiens opprimés, il s'agit de Franci homines de Pampelune, ceux que des Muwallads (musulmans de fraiche date) viennent de soumettre, et cela sur le territoire du royaume franc. Les Banu Qasi ont soumis la ville que Liuba avait placé 9 ans plus tôt sous protection royale. Charles reprend aussi le vieux combat contre ces fils de goths jugés capables de toutes les hérésies (depuis l'homéisme).


Enfin Charles tient aussi à montrer la puissance de ses armées pour dissuader l'éventualité de nouvelles razzias ou invasion du royaume franc.


La campagne et la bataille

C'est avec deux armées que Charles traverse les Pyrénées : l'une, à l'Est, composée de Bavarois, Bourguignons, Austrasiens, Provençaux, Septimaniens et Lombards traverse au col du Perthus. L'armée de l'Ouest, dirigée par Charles est composée de Neustriens, Bretons, Aquitains (territoire nouvellement organisé entre la Loire et la Garonne) et Gascons (du Sud garonnais).

Les portes de Pampelune s’ouvre à la vue de Charles. Abu Tawr lui dit la soumission de ses villes et remet son fils et son frère Abu Talama en otage comme promis, en guise de caution. Souleiman conduit Charles devant Saragosse où la jonction est faite avec l'armée orientale qui vient de soumettre Gérone, Barcelone et Huesca.

Mais à Saragosse, El Hussayn, qui dirigeait la ville avec Souleiman, refuse d'ouvrir et fait décocher quelques flèches. Charles n'est pas venu pour mener un siège et ne veut pas s'attarder à élucider ce complot au risque d'affaiblir son armée et de risquer qu'un piège ne se referme sur lui. Il prend Souleiman en otage. La chaleur, le risque de manquer de nourriture et de laisser le royaume trop peu défendu lui commande de renvoyer l'armée de l'Est.

Charles apprend que les Banu Qasi s'approprient Pampelune et en agitent la population. Charles, avant de traverser les Pyrénées revient alors à Pampelune dont il trouve les portes closes. Mais les Banu Qasi s'attendaient vraisemblablement à la destruction — du moins l'affaiblissement — de l'armée franque au siège de Saragosse ; leur surprise finit par les obliger à abandonner leur ambitieuse acquisition. Charles convainc les Navarii — défenseurs de Pampelune — de ne plus obéir aux Banu Qasi. Ces Navarii lui prêtent serment. Pour éviter que Pampelune ne soit de nouveau ciblée par des ambitieux pour le caractère stratégique de ses défenses, Charlemagne fait raser les murs de la ville — certainement en attendant d'y avoir pu installer une troupe défensive conséquente.

Charles avec ses prisonniers, rejoint les Ports de Cize afin de franchir la chaîne montagneuse. Les fils de Souleiman Al Arabi et les troupes qu’ils rassemblent montent une embuscade pour s’emparer de leur père. Les troupes des Banu Qasi, qui veulent aussi récupérer le fils et le frère (Abu Talama) de leur chef Abu Tawr, participent à l’embuscade le 15 août 778 avec les fils de Souleiman après les avoir guidés dans les Pyrénées. En ce jour de l’Assomption, les troupes musulmanes fondent sur l’arrière garde où sont les prisonniers. Cette arrière-garde dont le commandement général est assuré par Roland, préfet de la marche de Bretagne, comprend aussi les chariots des richesses royales gardés par le comte Aggiard et des chariots d’équipements gardés par le comte du palais Anselme. Aucun des trois n’est épargné.


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