Les Illyriens, habitants de l’Illyrie antique, représentaient un ensemble de tribus indo-européennes situées le long de la côte orientale de la mer Adriatique. Leur histoire, bien qu’en partie fragmentaire, témoigne de leur rôle significatif dans la dynamique politique et militaire des Balkans, avant et après leur intégration dans l’Empire romain.
Les Illyriens apparaissent dans les sources historiques et archéologiques à l’époque de transition entre l’âge du bronze et l’âge du fer, autour du XXe siècle av. J.-C. Leur culture est associée à celle de Hallstatt, une des principales cultures proto-celtiques d’Europe centrale, reflétant des influences partagées avec les peuples voisins.
Le territoire illyrien s’étendait principalement sur les régions côtières de l’Adriatique, comprenant les actuelles Croatie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Albanie, Kosovo et Slovénie occidentale. À l’intérieur des terres, ils occupaient également des parties de la Serbie et de la Macédoine du Nord.
Les Illyriens n’étaient pas un peuple unifié, mais divisés en plusieurs tribus ou clans, chacun avec sa propre structure sociale et ses propres chefs. Parmi les principaux groupes, on compte :
Ces tribus étaient souvent en rivalité, mais pouvaient également s’allier temporairement contre des ennemis extérieurs, comme les Macédoniens ou les Romains.
Le royaume illyrien atteignit son apogée au IVe siècle av. J.-C., avant d’être vaincu par Philippe II de Macédoine en 355 av. J.-C. Cette défaite marqua le début du déclin politique des Illyriens face à la puissance montante de la Macédoine et des incursions de leurs voisins grecs.
Les Illyriens, situés sur des routes commerciales stratégiques de l’Adriatique, étaient souvent accusés de piraterie, ce qui provoqua des conflits avec la République romaine. En 229 av. J.-C., Rome intervint pour mettre fin à ces activités en capturant Dyrrachium (moderne Durrës, en Albanie), un port stratégique.
Les guerres illyriennes, qui suivirent, consolidèrent la présence romaine dans la région. Rome considérait la pacification de l’Illyrie comme essentielle pour sécuriser le commerce maritime et les voies terrestres menant à la Grèce.
Après des campagnes prolongées, notamment sous l’empereur Auguste, l’Illyrie fut complètement annexée par Rome. En 9 av. J.-C., la province romaine d’Illyrie fut créée. Toutefois, en 10 ap. J.-C., elle fut scindée en deux provinces distinctes :
Les Illyriens vivaient principalement de l’agriculture, de l’élevage et de l’exploitation minière. Les terres fertiles et les ressources en métaux, notamment en fer, constituaient la base de leur économie. Sur la côte, le commerce maritime jouait également un rôle majeur, en particulier dans les échanges avec les Grecs et les Étrusques.
Leur artisanat était influencé par les cultures voisines, notamment celle des Grecs, mais montrait des particularités locales dans les styles de poterie, les bijoux et les armes. Les Illyriens étaient également réputés pour leurs constructions en pierre, comme en témoignent certaines fortifications.
Les Illyriens disposaient d’une tradition militaire solide. Les guerriers illyriens étaient connus pour leur mobilité et leur habileté dans les combats de terrain accidenté. Leurs navires, les liburnes, jouèrent un rôle significatif dans leurs activités maritimes, y compris la piraterie.
Avec l’annexion romaine, l’Illyrie devint un territoire stratégique de l’Empire, jouant un rôle clé dans la défense de ses frontières. Plusieurs empereurs romains, comme Dioclétien et Constantin le Grand, étaient d’origine illyrienne, soulignant l’intégration progressive de ce peuple dans la structure impériale.
Après la division administrative, le terme Illyrie tomba en désuétude, mais l’héritage culturel et linguistique des Illyriens persista dans certaines populations balkaniques, notamment en Albanie, où la langue albanaise est parfois considérée comme un héritage des langues illyriennes.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Novembre 2008