3 min lu
Anarchie militaire

À la fin du règne bref de Macrin, la dynastie des Sévères se perpétua, mais l'instabilité réapparut avec les deux empereurs suivants. Après leur passage mouvementé, toute dignité disparut pour cinquante ans.

Varius Avitus Bassianus Marcus Aurelius Antoninus (vers 218 à 222 apr. J.-C.) était un petit cousin, de Caracalla, mieux connu sous le nom d'Élagabal, emprunté au dieu du soleil syro-phénicien El Gabal d'Emèse dont il était grand prêtre. Peut-être était-il le fils illégitime de Caracalla. Agé seulement de quinze ans quand il accéda au trône, Élagabal était profondément attaché à son dieu oriental dont il essaya d'imposer le culte à Rome. Confus, bisexuel, aimant se travestir en femme, Élagabal fut assassiné à dix-huit ans en même temps que sa mère qui exerçait de fait le pouvoir. Il laissa un si mauvais souvenir que le Sénat supprima son nom des rapports officiels.
Son cousin Sévère Alexandre - Marais Aurelius Severus Alexander - (vers 222 à 235) fut nommé empereur à quatorze ans. Une fois encore, ce fut une femme qui gouverna en son nom. La cause d'Alexandre fut entachée de campagnes militaires incertaines en Germanie et en Perse. Finalement, les soldats choisirent un autre empereur et lorsqu'Alexandre fut assassiné dans les bras de sa mère, la dynastie des Sevères s'éteignit avec lui.
Avec l'accession au pouvoir de Caius Julius Verus Maximinus (vers 235 à 238) l'empire romain s'enlisa dans cinquante ans d'anarchie permanente, jusqu'à l'arrivée de Dioclétien. Il est difficile de comprendre les événements de cette période. Dion Cassius, chroniqueur de confiance, mourut en 235, et lorsqu'il n'est pas suspect, le travail des historiens contemporains a disparu. Dans la rapide succession d'une vingtaine d'empereurs auto-proclamés et d'encore plus de prétendants, quelques noms seulement sortent du lot pour la bonne cause.

Cneius Messius Quintus Decius - Dèce - (vers 249 à 251), sénateur expérimenté, fut le premier empereur à mourir les armes à la main contre des ennemis de l'extérieur. Il fut tué en se battant contre les envahisseurs goths sur le bas Danube ; son honneur fut vengé plus tard par Marcus Aurelius Claudius Gothicus - Claude II le Gothique -en 268. 

Publius Licinius Valerianus - Valérien - (vers 253 à 260) fut proclamé empereur par ses troupes en Rhétie, dont il était le gouverneur. Il marcha sur Rome contre l'empereur Marcus Aemilius Aemilianus - Emilien - intronisé au cours de l'été 253 et assassiné par ses propres troupes en automne. Valérien, qui avait associé son fils Gallien à l'Empire, se révéla compétent, mais sa campagne en 260 contre la nouvelle dynastie sassanide de Perse fut un désastre. Ce fut le premier empereur romain à être fait prisonnier. Il ne fut jamais libéré. Après sa mort, les Perses l'écorchèrent et l'exhibèrent comme un trophée macabre puis renvoyèrent sa dépouille abîmée aux Romains pour qu'ils prennent conscience du pouvoir perse. 

L'empire était trop vaste pour être efficacement géré par un seul homme, et cela pourrait expliquer la multitude d'empereurs proclamés par leurs troupes près des frontières où se produisaient en permanence des raids barbares. Les plus heureux furent ceux qui endiguèrent la menace et offrirent un semblant de gouvernement local sans se soucier de leur souverain légitime. Ainsi, Marcus Cassîanus Latinus Postumus, qui se rebella en 259 contre Gallien en Gaule, fonda un empire gaulois indépendant qui survécut sous la domination de quatre autres usurpateurs jusqu'en 270. 

Publius Licinius Egnatius Gallienus - Gallien -(vers 260 à 268), fils de Valérien, était trop occupé à l'est et avec les frontières du Danube pour assurer la sécurité le long du Rhin. Il estima sans doute que Postumus était en meilleure position pour s'en charger et le laissa tranquille. 

Le règne de Lucius Dimitius Aurelianus -Aurélien - (vers 270 à 275) fut une lumière dans la nuit, ce qui lui valut le titre de Restitutor Orbis, "restaurateur du monde". Il battit de nombreuses tribus encombrantes sur les frontières avant de regagner Rome en triomphe. Aurélien attribua ses succès au culte de Sol invictus - le " Soleil invaincu ", originaire d'Orient - qu'il avait implanté à Rome. Aurélien, d'origine humble, fut un brillant soldat. Il remporta des victoires sur les Germains au nord, sur les prétendants rebelles à l'ouest, et sur Palmyre à l'est. Les puissants remparts qu'il fit élever autour de Rome et dont la plupart subsistent encore aujourd'hui constituent son dernier legs. 

En dépit de son double exploit - l'unité et la sécurité - Aurélien fut assassiné, victime d'un complot de son entourage. Des six empereurs qui se succédèrent au cours de la décennie suivante, cinq subirent le même sort et un fut prétendument blessé par la foudre. 
 

Commentaires
* L'e-mail ne sera pas publié sur le site web.