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De Antonin à Commode

MARC AURELE PARTAGE LE POUVOIR

La dynastie antonine gouverna une Rome en paix, mais le danger menaçait aux frontières. Pour protéger efficacement un si vaste empire, le partage du pouvoir se révéla un excellent moyen de gouvernement.

A près la moi d'Hadrien, son fils adoptif, Titus Aurelus Fulvus Boionius Antoninus (vers 138 à 161 apr. J.-C), connu dans l'histoire sous le nom d'Antonin le Pieux, accéda au pouvoir. Né en 86 à Lanuvium, il était compétent, calme, frugal, sage et bon et son règne fut paisible. En Ecosse, il n'alla guère plus loin qu'Hadrien, à la Clyde, pour y construire ce qu'on a appelé le mur d'Antonin. 

Lorsqu'il disparut de sa belle mort, son règne exemplaire sembla un défi passable. Mais son fils adoptif et successeur, Marc Aurèle, âgé de 40 ans, fut aussi vertueux que lui. Il assuma avec succès son rôle de souverain et le partagea avec Antonin le Pieux pendant les dernières années de son règne. 

Marc Aurèle

Selon l'historien Edward Gibbon, les règnes d'Antonin et de Marc Aurèle furent "sans doute la seule période de l'histoire pendant laquelle le bonheur d'un grand peuple fut l'unique objectif du gouvernement". L'innovation d'Antonin de partager le pouvoir peut être considérée comme un moyen de gouverner un Empire dispersé en divisant les responsabilités comme l'avaient fait les consuls républicains, mais c'était aussi une façon habile de former son successeur. 

A son arrivée au pouvoir, Marc Aurèle marcha dans les pas de son prédécesseur en adoptant le jeune Lucius Ceionius Commodus (plus tard Verus) et en faisant de lui un clone d'Auguste. En fait, Hadrien avait conseillé à Antonin le Pieux d'adopter à la fois Marc Aurèle et Verus, bien qu'il n'existe aucune preuve indiquant qu'il ait souhaité un gouvernement conjoint. Ce partage des pouvoirs prit fin brutalement au bout de huit ans par la mort de Verus, à 39 ans, des suites d'une attaque d'apoplexie en 169. 

Antonin

En 177, Marc Aurèle éleva son propre fils Commode au titre de co-empereur. Marc Aurèle était issu d'une famille influente, sa route vers le principat fut accélérée par son mariage avec Faustine, la fille d'Antonin le Pieux. Elle donna à Marc Aurèle huit garçons et six filles dont la plupart moururent en bas âge. Malgré le nombre important de ses grossesses, on l'accusa d'infidélité et même de complot contre son mari qui lui resta cependant dévoué.

UN CHEF STOÏQUE

Le meilleur aperçu que l'on a de Marc Aurèle nous vient de son livre, Pensées. Ce recueil de réflexions réunies tout au long de son règne, dévoile la passion du souverain pour la philosophie stoïcienne fondée par Zenon en Grèce, vers 308 av. J.-C. Selon les stoïciens, l'homme vit naturellement en accord avec un grand projet cosmique. Cette philosophie prône l'égalité des hommes et la fraternité universelle, la modestie et la sincérité. Elle considère aussi qu'après la mort, l'âme rejoint l'univers. On dit que Marc Aurèle était un enfant grave qui se nourrissait des écrits des anciens philosophes et particulièrement d'Épictète, un ancien esclave religieux ayant épousé la philosophie stoïcienne. 

Son caractère semblait taillé pour un règne pacifique et juste mais, fidèle à ses devoirs Marc Aurèle vécut plus la vie d'un soldat que celle d'un érudit. Contrairement à Antonin le Pieux, il n'eut que peu d'influence sur le gouvernement romain sinon quelques modifications mineures sur le corps des lois. Il passa la plus grande partie de sa vie dans des campagnes militaires aux confins de l'Empire, d'abord en Parthie, puis sur la frontière septentrionale. Il écrivit aussi ses pensées sur les rives du Danube tandis qu'il se battait contre des ennemis de Rome, les Marcomans et les Quades. On retrouve le récit de ses campagnes sur la colonne de Trajan. 

La menace croissante des Barbares et une épidémie de peste dévastatrice convainquirent Marc Aurèle que les dieux voulaient punir l'humanité. Peut-être dans un souci d'apaisement, il ordonna une vague de persécution contre les chrétiens. Cassius Dion appréciait ses talents : " Il n'a pas eu la chance qu'il méritait, car il n'était pas fort physiquement et fut entraîné dans une multitude de conflits pendant presque tout son règne. Pour ma part, je l'admire encore plus pour cette raison que parmi des difficultés imprévues et considérables, il réussit à survivre et à préserver l'Empire. " 

Marc Aurèle mourut le 17 mars 180 à Vindobona (Vienna) de causes naturelles. On soupçonna son fils Commode d'avoir impatiemment désiré le pouvoir; il était le portrait opposé de son père. 

COMMODE

Les historiens antiques doutent de la paternité réelle de Marc-Aurèle. Faustine aurait avoué quelques infidélités à son mari qui aurait fait supprimer les prétendants. Il l'aurait ensuite obligé, sur les conseils de ses mages, à prendre de nombreux bains de siège chauds, parfumés et prolongés puis de lui faire l'amour de façon intense pendant plusieurs semaines. 

Buste de Commode en Hercule, portant la peau de lion,
la massue et les pommes d'or des Hespérides,
marbre de Luni, 191-192 ap. J.-C., musées du Capitole (MC 1120) 

Le jeune Commode s'avère être rapidement un cancre et un garçon violent attiré par les jeux du cirque. Marc Aurèle ne déshéritera pas ce fils malgré les fortes sollicitations de son entourage. Son père le nomme César à l'âge de 6 ans, "Germanicus" à 11 ans et prêtre ("pontifex") à 13 ans. Il devient empereur à l'age de 15 ans, le 27 novembre 177, et est associé au trône. Il accède au pouvoir suprême lorsque son père meurt de la peste le 17 mars 180 à Vindobona (Vienne en Autriche). Il signe une paix bâclée avec les ennemis vaincus et rentre à Rome pour mener la vie de luxure à laquelle il aspire. 

Il confie le pouvoir à ses favoris parmi lesquels Pérennis et Cléandre. La corruption bat son plein, l'armée est désorganisée, les soldats non payés deviennent des bandits, la famine sévit et la peste dépeuple des régions entières. L'empereur adopte plusieurs mesures de clémence à l'égard des Chrétiens grâce à l'intervention de sa concubine préférée, Marcia, qui était une dévote en dehors de ses obligations professionnelles. Saint Hippolyte de Rome l'appellera Philotheos, l'amie de dieu. Elle empoisonne le vin de l'empereur lorsqu'elle découvre que Commode la réserve au supplice. Le poison n'aura d'autre effet que de l'endormir. Assisté d'Allectus, son complice et futur mari, elle fera appel à un certain Narcisse pour étrangler le tyran le 31 décembre 192. 


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