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La guerre sociale

Les motifs

Les relations entre Rome et les autres cités d'Italie dépendent des traités signés après la conquête. Ces cités sont alliées (socii) au peuple romain. De ce fait, les inégalités sont grandes en matière de législation agricole : les impôts ou l'accès à l'ager publicus (terres publiques) est différent selon que l'on citoyen romain ou italien. Au IIè siècle, la situation s'est aggravée : pour un effort militaire devenu plus lourd et une exposition au danger plus grande, les alliés reçoivent une plus faible part de butin et ne bénéficient pas des allégements apportés au droit de la guerre, ainsi un officier italien condamné par le conseil de guerre durant la campagne contre Jugurtha est immédiatement décapité quand un simple soldat, citoyen romain, peut faire appel devant les tribunaux de Rome. De plus, Rome a rendu très difficile l'obtention du droit de cité et après l'échec de la tentative des Gracques d'étendre le droit de cité à toute l'Italie, l'expulsion de tous les non citoyens résidant à Rome est effective entre - 126 et - 122, après un plébiscite. 

LE DÉBUT DE LA CRISE

Un mouvement se dessine chez les alliés pour obtenir au besoin par la force le droit de cité. Alors que Marcus Livius Drusus est tribun, en - 91, des négociations ont lieu avec le Marse Quintus Pompaedius Silo. Drusus abroge la Lex Licinia Mucia de civibus redigendis de - 95 qui affaiblissait les droits de la cité de Corfinium qui a provoqué une insurrection. Puis il propose un projet de création de colonies nouvelles en Italie et en Sicile sur des terres publiques romaines concédées aux peuples alliés de Rome et en compensation la citoyenneté romaine octroyée aux peuples italiens. Les Marses marchent en foule vers Rome soutenir le projet et sont dissuadés de poursuivre leur chemin. Le Sénat, inquiet, rejette le projet et Drusus est peu après retrouvé mort chez lui. Tous les textes favorables aux alliés votés sous le tribunat de Drusus sont abrogés. Les Marses furieux s'organisent et Pompaedius Silo prend la tête du mouvement au Nord, tandis qu'au Sud, c'est le Samnite Caius Papius Mutilus qui en fait autant. 

Rome forme d'Hispanie, d'Afrique, d'Asie et de Narbonnaise une armée de 100 000 hommes, commandée par les deux consuls Jules Cesar et P. Rutilius et une dizaine de légats dont la mission est de refouler et cerner les insurgés dans l'Apennin. Mais la guerre commence par une offensive des alliés. Une armée vient du Nord par la Sabine et la vallée du Tibre et une autre arrive par le Sud par la vallée du Vulturne. En - 91, les cités se livrent des otages et à Asculum, dans les Abruzzes, le prêteur Servilius, qui a brutalisé et cherché à intimider les habitants par des menaces, est mis à mort ainsi que son lieutenant avec tous les Romains et Romaines présents dans la ville. Les Marses, les Péligniens, les Vestins, les Marrucins, les Picentins, les Lucaniens, les Apuliens et les Samnites adhèrent au mouvement et se déclarent indépendants. Tout le Centre et le Sud jusqu'à Naples est en insurrection. Les Etrusques, les Ombriens et les Gaulois ne participent pas. 

Une nouvelle tentative est faite à Rome, les députés italiens promettent de déposer les armes si on leur octroie le droit de cité, le Sénat refuse de les entendre et somme les alliés de se soumettre immédiatement, la réponse est la sécession et une république fédérale, la confédération italique voit le jour avec une capitale Italica (Corfinium dans les Abruzzes), un sénat de 500 membres, deux consuls, une armée de 100 000 hommes et une monnaie. Mais les rebelles n'ont ni ports, ni flotte et ils manquent de machines de siège. Rome recrute des volontaires venus La première est arrêtée par les Romains mais la seconde, commandée par Vettius Scato bat le consul Jules César dans le Samnium, force le passage et le consul italien Aponius Motulus, arme des esclaves et envahit la Campanie méridionale puis capture par trahison la cité de Nole. La garnison est traitée selon son rang, les nobles et les chevaliers sont éliminés, les soldats et les esclaves sont enrôlés. Le consul Rutilius meurt dans une embuscade. Cesar, en venant dégager Acerrae, est battu par Egnatius. Cneius

Pompee est battu devant Asculum et enfermé dans Firmum par Afranius. Cette première année est à l'avantage des alliés, mais l'entrée du Latium par le Sud est fermée, Capoue, Nucérie et et Acerrae tenant bon. 

LA RÉACTION DE ROME

Les Etrusques et les Ombriens, jusque là inactifs, commencent à s'agiter. A Rome, patriciens et plébéiens se liguent contre les rebelles. La situation est aussi sombre que pendant la guerre d'Hannibal. Rome enrôle tous les hommes valides y compris les affranchis et forme douze corps qui sont placés à Ostie, à Cumes et le long de voie Appienne. Les renforts arrivent en particulier de Sicile. Sertorius apporte 10 000 Gaulois cisalpins et l'Afrique envoie plusieurs milliers de fantassins Maures et de cavaliers Numides qui sont confiés à Cesar et il marche sur Acerrae, élimine 6 000 Italiens commandés par Motulus et envoie un secours dans la ville assiégée. Sulpicius vainc les Péligniens et délivre Cneius Pompee qui reprend le siège d'Asculum. Marius qui s'est emparé du camp des alliés, est investi des pouvoirs consulaires mais doit partager les troupes avec Cepion. Celui ci tombe dans un piège tendu par Pompedius Silo et meurt avec un certain nombre de légionnaires. La cité d'Aesernia est prise dans la foulée. 

Alors le Sénat doit donner à Marius toute l'armée consulaire. Marius y remet de l'ordre et remporte des victoires en s'appuyant sur de fortes positions puis il tue le prêteur des Marrucins, Herius Asinius. Mais Marius qui a recruté beaucoup d'Italiens dans ses campagnes souhaite la fin de cette guerre. Mais le Sénat a chargé Sylla d'une autre armée. Et bientôt Marius va se retirer dans sa maison de Misène et Sylla continue la guerre. Le Sénat profite de ces succès pour accorder la Lex Julia qui accorde la citoyenneté romaine aux alliés des cités qui sont restées fidèles et qui viendront à Rome dans les deux mois. Cette loi divise les adversaires de Rome entre ceux qui veulent se soumettre et ceux qui veulent continuer le combat. La présence à Rome en un court délai est prévue pour démobiliser les insurgés. De nombreux Italiens se font inscrire mais les peuples des Abruzzes s'abstiennent. Sur le plan militaire, l'année - 89 débute à Rome par une offensive générale. Deux grosses armées sont formées, l'une au Nord, commandée par les nouveaux consuls Cneius Pompee et Porcius Caton par la vallée du Tibre, Caton envahit le pays des Marses et les bat à plusieurs reprises, mais il tombe au combat près du lac Fucin. Pompee assiège Asculum et repousse Vettius Scato dont la retraite en plein hiver est douloureuse. Les Marses, les Vestins, les Péligniens et les Marrucins capitulent. Cesar est mort de maladie, l'armée commandée par Sylla reconquiert la Campanie, remonte la vallée du Vulturne, détruit Stabies et force Herculanum et Pompei à la reddition. Il est vainqueur du Samnite Cluentius. Les Pouilles et la Lucanie sont recouvrées par les prêteurs Cosconius et Lucceius. La guerre se limite aux Apennins, Les alliés ont déplacé leur capitale à Bovianum. Pompedius Silo rassemble les dernières forces encore en lutte contre Rome, environ 30 000 hommes, il incorpore en plus 21 000 esclaves et fait appel au roi Mithridate. Sylla coupe les communications entre les Samnites et les Lucaniens, prend Eclanum (à l'est de Bénévent). Résolu à entrer au cœur du Samnium, il trompe Motulus et franchit des montagnes réputées impraticables et menace Aesernia. Motulus accourt pour protéger cette place, il est vaincu et blessé mortellement. La campagne se termine par la prise de la cité de Bovianum, nouvelle capitale fédérale. 

LA RÉSOLUTION DE LA CRISE

A la fin de - 89, le révolte est brisée à l'exception de quelques troupes samnites qui sont vaincues en - 88 par Sylla au cours d'une courte campagne, mais se prolonge jusqu'en – 80 par des troubles endémiques. Pompaedius Silo est tué après avoir tenté de soulever l'Apulie, Nole est prise. Cette guerre sanglante aboutit à l'octroi de la citoyenneté romaine à tous les socii qui siègent désormais à l'Assemblée du Peuple à Rome et font partie des trente cinq tribus existantes. Sylla à la fin de cette guerre bénéficie d'un grand prestige par ses victoires à l'opposé de Marius, trop compréhensif vis à vis des révoltés. 


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