Après le règne de Théodose Ier, dernier grand empereur de l’Empire romain unifié, l’Empire d’Occident entra dans une spirale de déclin accéléré. Les empereurs qui se succédèrent furent largement contrôlés par des généraux ou des seigneurs de guerre barbares, tandis que la structure même de l’Empire s’effritait sous la pression des invasions, des divisions internes et de l’effondrement économique.
Honorius (395-423), incapable et manipulé, incarna le début de cette faiblesse impériale. Son règne, marqué par l’assassinat de Stilicon, général compétent qui avait protégé l’Italie des invasions barbares, ouvrit la voie à des incursions toujours plus destructrices, notamment le sac de Rome par Alaric en 410. Cette période fut dominée par des figures fortes, comme Galla Placidia et Flavius Aetius, qui luttaient pour maintenir un semblant de stabilité.
Les généraux romains d’origine barbare, tels que Ricimer, jouèrent un rôle décisif dans le façonnement de la politique occidentale. Ricimer contrôla une succession d’empereurs fantoches, dont Majorien (457-461), un des rares à tenter de rétablir l’autorité romaine, et Anthémius (467-472), soutenu par l’Empire d’Orient mais trahi par son protecteur.
Parallèlement, des royaumes barbares s'établissaient au sein même de l’Empire. Les Wisigoths prirent le contrôle de vastes territoires en Gaule et en Espagne, tandis que les Vandales, sous Geiséric, s’implantèrent en Afrique du Nord, privant Rome de ses précieuses ressources agricoles. En 455, les Vandales saccagèrent Rome, marquant un nouveau point bas dans l’histoire impériale.
En 475, Orestes, un général d’origine barbare, déposa Julius Nepos, dernier empereur officiellement reconnu par Constantinople, et plaça son propre fils, Romulus Augustulus, sur le trône. Romulus, surnommé "Petit Auguste", n’était qu’une figure symbolique sans réel pouvoir.
L’année suivante, Odoacre, chef des Hérules et commandant de mercenaires germaniques, se rebella contre Orestes, le tua et força Romulus à abdiquer. Odoacre ne chercha pas à prendre le titre impérial ; il envoya les insignes impériaux à Constantinople, reconnaissant de facto la fin de l’Empire d’Occident. Zenon, empereur d’Orient, accepta la situation et accorda à Odoacre le titre de Patricien, faisant de lui le premier roi d’Italie (476-493).
L’abdication de Romulus Augustulus en 476 est traditionnellement considérée comme la fin de l’Empire romain d’Occident. Cependant, cette chute était un processus long et progressif, marqué par l’affaiblissement des institutions impériales et l’ascension des royaumes barbares. Odoacre, et plus tard les Ostrogoths sous Théodoric le Grand, gouvernèrent l’Italie, tout en maintenant des relations ambiguës avec Constantinople.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Juillet 2010