Les transformations amorcées pendant la fin du Paléolithique s’accentuent avec l’implantation définitive du milieu forestier en Europe. Les lamelles et les microlithes supplantent les autres types de débitage et d’outillage en même temps que se généralise l’emploi de l’arc. Les microlithes géométriques vont être fabriqués par fracturation de lamelles et finition par retouche, ce qui va donner de tous petits éléments marqués par une forme géométrique : divers triangles, et des segments de cercle.
En France, qui pense à la préhistoire postglaciaire pense aux Magdaléniens, à leurs magnifiques armes d’ivoire et de bois de renne sculpté, aux somptueuses peintures de Lascaux… Personne ne pense aux Épigravettiens, à leurs armes qui prolongent mais miniaturisent les techniques préglaciaires, à leur ocre, à leur art schématique et… à leurs tombes.
Avant et pendant la dernière glaciation, les cultures de l’homme moderne en Europe constituent l’ensemble du Gravettien (27 000 à 20 000 av. J.C.). Toutefois, à mesure que s’approche le pic glaciaire (16 000 av. J.C.), l’espace habitable par l’homme en Europe se fragmente en plusieurs compartiments par la formation des calottes glaciaires, de sorte que les cultures solutréennes (–20 000 à 15 000 av. J.C.) puis magdaléniennes se développent à l’Ouest du Rhône, tandis que les cultures postglaciaires, qui succèdent au Gravettien dans le Sud de l’Europe orientale, en Italie et dans le Sud-Est de la France constituent l’ensemble épigravettien (18000 à 8000 av. J.C.).
Dans cet ensemble, les Épigravettiens du Sud-Est de la France sont en continuité avec ceux de Ligurie (région de Gênes), et font donc partie des épigravettiens italiques. Ces chasseurs-cueilleurs paléolithiques doivent leur nom à leur industrie lithique, qui continue la tradition gravettienne, mais en la miniaturisant. Ainsi, comme celles des Gravettiens, leurs sagaies et autres flèches étaient armées de lames de silex travaillées par petites retouches abruptes, que l’on nomme des gravettes, ou des microgravettes, quand elles sont de petites dimensions comme dans le cas épigravettien.
Avec ces armes, les Épigravettiens pratiquaient une chasse spécialisée aux ongulés et cervidés (cerfs, rennes, bouquetins...). Par ailleurs, tant les Gravettiens que les Épigravettiens italiques enterraient avec soin certains de leurs morts. Sur la cinquantaine de tombes gravettiennes et épigravettiennes italiennes connues, une quarantaine sont épigravettiennes pour un total d’environ 200 en Europe pour l’ensemble du Paléolithique supérieur. Toutes installées dans des grottes ou des abris sous roches, elles contiennent des adultes, des adolescents des deux sexes et mêmes des enfants dans le cas épigravettien, ce qui suggère une évolution tendant à accorder un rôle social important à des individus de plus en plus jeunes. Les défunts sont souvent parés de perles et accompagnés d’un mobilier funéraire très divers, dont seulement les objets réalisés dans des matières dures nous sont parvenus. L’ocre rouge (et plus rarement jaune) est très souvent utilisée dans les tombes, même si elle a tendance à disparaître à l’Épigravettien final.
Le Tardenoisien (parfois appelé Beuronien) désigne des industries mésolithiques à nombreux microlithes en forme de trapèze, développées entre 10 000 et 5 000 ans avant notre ère. Son nom est lié à la région du Tardenois. Il est surtout connu dans le centre et le nord du Bassin parisien, mais des cultures similaires sont aussi connues en Europe centrale et orientale (complexe ou tardenoisien nord-ouest pontique), de même que dans le sud de la Grande-Bretagne (Horsham points) alors reliés au continent par le Doggerland. Le Tardenoisian a suivi l'Ahrensburgian , avec lequel il a été mis en parallèle, et occupe tout le mésolithique jusqu'au début du Néolithique, entre -5 500 (certaines régions continentales) et -4 500 (Îles Britanniques), variable selon la région.
Culture Fosna-Hensbacka
Les cultures de Fosna et Hensbacka sont deux cultures très similaires du mésolithique en Scandinavie, souvent regroupées sous l'appellation culture Fosna-Hensbacka. Ce complexe inclut aussi la culture Komsa, qui en dépit de différence d'outils est considérée comme faisant partie de la culture de Fosna. La culture de Fosna/Komsa était située sur la côte norvégienne tandis que la culture de Hensbacka était sur la côte ouest suédoise, en particulier du Bohuslän.
Culture Komsa
La culture Komsa était une culture de chasseurs-cueilleurs de l'âge de la pierre qui a existé dans le nord de la Norvège aux environs de 10000 av. J.-C. La culture doit son nom à la montagne Komsa, sur le territoire de la commune d'Alta, où les premières découvertes archéologiques la concernant ont été effectuées en 1925. On pense que la culture Komsa a suivi les côtes norvégiennes à la fin de la dernière glaciation et occupé les terres nouvellement libérées. Le point de vue communément admis aujourd'hui est que les plus anciens établissements du nord de la côte norvégienne provenaient des régions côtières de l'ouest et du sud-ouest de la Norvège et ultimement de la phase finale de la culture paléolithique d'Ahrensburg du nord-ouest de l'Europe.
Les découvertes archéologiques indiquent que la culture Komsa était presque exclusivement orientée vers la mer, vivant principalement de la chasse aux phoques. Ils étaient également des constructeurs de bateaux et des pêcheurs compétents. En revanche, les outils en pierre et les autres objets apparaissent relativement simples en comparaison avec ceux de la culture de Fosna, établie à la même époque dans le Sud de la Norvège.
Le Maglemosien est un faciès culturel du début du Mésolithique du Nord de l'Europe (environ 9 000 à 6 500 ans av. J.-C.). En Scandinavie cette culture précède le Kongemosien. Ce faciès, défini par George F.L. Sarauw en 1903, tire son nom du site archéologique de Mullerup, qui se trouve dans un grand marais (magle mose) au Sjælland (Danemark). À la suite des premières découvertes réalisées en 1900, un grand nombre de sites similaires a été fouillé en Angleterre, en Pologne et au Nord de la France et en Scanie au sud de la Suède. La datation au carbone permet de rattacher la Femme de Koelbjerg à cette culture.
Lorsque la culture maglémosienne a prospéré, le niveau de la mer était beaucoup plus bas qu'aujourd'hui et ce qui est aujourd'hui l'Europe continentale et la Scandinavie étaient liées à la Grande-Bretagne. La période culturelle chevauche la fin de la dernière période glaciaire, lorsque la glace s'est retirée et les glaciers ont fondu. Ce fut un long processus et le niveau de la mer en Europe du Nord n'atteignit les niveaux actuels que près de 6000 ans avant JC, date à laquelle ils avaient inondé de vastes territoires auparavant habités par des Maglémosiens. On espère donc que la discipline émergente de l'archéologie sous-marine pourra révéler à l'avenir des découvertes intéressantes liées à la culture maglémosienne.
Ce harpon en os de la période Maglemose a été trouvé près de Tørning Mølle. Il est exposé dans Gottorp Slot à Slesvig - De: Maglemose bopladser omkring Hammerlev.
Le peuple maglémosien vivait dans des environnements forestiers et humides, utilisant des outils de pêche et de chasse fabriqués à partir de microlithes de bois, d'os et de silex. Il semble qu'ils aient domestiqué le chien. Certains ont peut-être vécu une vie sédentaire, mais la plupart étaient nomades. La culture de Maglemose a été, selon certains chercheurs, celle à partir de laquelle s'est diffusée la coutume funéraire faisant reposer les morts en position allongée sur le dos.
La culture azilienne a été suivie par le sauveterrien dans le sud de la France et la Suisse, le tardénoisien dans le nord de la France, le maglémosien dans le nord de l'Europe. Le nom de sauveterrien est dérivé du site type de Sauveterre-la-Lémance dans le département français du Lot-et-Garonne. Avec le temps, l’Azilien a été influencé par le Sauveterrien - puis dominé par elle dans la péninsule ibérique. Le Sauveterrien lui-même a été remplacé dans la majeure partie de la France et de l’Europe centrale occidentale par le Tardenoisien, bien que la relation entre les deux soit ouverte à l’interprétation.
Le Sauveterrien est présent dans le sud-ouest de la France et s'étend jusqu'au centre de l'Europe. L'Italie présente une culture similaire, de même que l'ouest de l'Angleterre et le Pays de Galles, par opposition à l'est de l'Angleterre et le sud de l'Écosse (Maglemosien). Le Sauveterrien est caractérisé par l'abondance des microlithes probablement utilisées comme armatures de flèches : pointes de Sauveterre (armature symétrique sur lamelle, très effilée, à un ou deux bords abattus par retouche abrupte), triangles, trapèzes, segments, etc. Il comporte quelques outils en os, parfois décorés d'incisions ou de figures géométriques.
La culture de Kunda (d'environ 8500 à environ 5000 av. J.-C) est une culture archéologique de chasseurs-cueilleurs de type mésolithique des forêts de la baltique, s'étendant des pays baltes à l'ouest jusqu'à la zone russe à l'est de la Lettonie. La culture porte le nom de la ville estonienne de Kunda, située à environ 110 km à l'est de la capitale Tallinn le long du golfe de Finlande. La plus ancienne colonie connue de la culture Kunda en Estonie est Pulli.
La culture de Kunda succède à la culture paléolithique du Swidérien (et à l'Ahrensbourgien dans le sud de la Lituanie), et est remplacée progressivement à partir 5500 av. J.-C par la culture de Narva qui introduit la poterie dans la région. La culture Kunda semble avoir subi une transition depuis la culture swidérienne paléolithique située précédemment sur une grande partie du même domaine. Une de ces colonies, Pasieniai 1 en Lituanie, présente des outils en pierre de la fin du Swidérien et de la première Kunda. Une forme fabriquée dans les deux cultures est le point de prise retouché. Le swidérien final est daté de 7800 à 7600 av. J.-C. selon une datation au radiocarbone calibrée, qui se situe dans la période préboréale, à la fin de laquelle commence sans interruption le début de la Kunda.
Il est évident que les descendants des Swidériens ont été les premiers à installer dans l'Estonie lorsqu'elle est devenue habitable. D'autres groupes post-swidériens s'étendent jusqu'à l'est de l'Oural. La plupart des établissements de Kunda sont situées près des forêts, au bord de rivières, de lacs ou de marais. Les élans étaient largement chassés, peut-être avec l'aide de chiens de chasse. Sur la côte, la chasse au phoque est représentée. Le brochet et d'autres poissons étaient pris dans les rivières. Il existe une industrie riche en os et en bois, notamment en ce qui concerne le matériel de pêche. Les outils ont été décorés avec des motifs géométriques simples, dépourvus de la complexité des communautés de la culture maglemosienne contemporaine situées au sud-ouest.
La culture de Komornica est une culture archéologique du Mésolithique, qui s'est développée en Pologne autour de 8 000 av. J.-C.. Dans sa partie occidentale, la culture de Komornica est remplacée par la culture Chojnice-Pienki, alors qu'à l'est c'est la culture de Janislawice qui lui succède.
Star Carr est un site mésolithique important situé près de Scarborough, Yorkshire du Nord en Angleterre. Il a été habité par une population de type chasseurs-cueilleurs vers 9 000 av. J.-C. Les premières recherches à Star Carr ont été commencées en 1948 sous la direction de Sir Grahame Clark. Outre des traces typiques d'une population de chasseurs-cueilleurs comme des outils de pierre ou des coques de noisettes calcinés, on y a trouvé des ramures de cerf troués. Chaque ramure restée attachée à une partie du crâne a été travaillée, allégée et trouée pour pouvoir être attachée au sommet du crâne comme une coiffe. Elles ne semblent pas avoir d’utilité guerrière (trop fragile) ou vestimentaire (pas de protection contre le froid). La fonction cérémonielle semble être la seule plausible. Le site a été occupé au début de la période archéologique du Mésolithique, qui coïncidait avec les périodes climatiques préboréale et boréale.
Bien que l'ère glaciaire soit terminée et que les températures soient proches des moyennes modernes, le niveau de la mer n'a pas encore suffisamment augmenté pour séparer la Grande-Bretagne de l'Europe continentale. Pendant la période d'occupation mésolithique, la zone entourant le lac aurait été une forêt mixte de bouleaux, de trembles et de saules. Le bord du lac et les bas-fonds auraient été pleins de roseaux, de nénuphars et d'autres plantes aquatiques et les niveaux des lacs auraient changé de façon dynamique en réponse aux précipitations ou à la fonte des neiges. Ces plantes et bien d'autres auraient formé la base d'un réseau trophique complexe. Les mammifères pour lesquels nous avons des preuves comprennent des herbivores tels que le castor, le cerf élaphe, le chevreuil, le wapiti, les aurochs, le sanglier, le lièvre et les carnivores tels que le loup, le lynx, l'ours le renard, la martre des pins, le blaireau et le hérisson.
Outre les silex caractéristiques des sites mésolithiques, il y avait un grand nombre d'objets faits de cerf rouge et de bois de wapiti, d'os de wapiti, d'os d'aurochs et d'un morceau d'os d'oiseau. Les objets plus rares comprenaient de l'ambre travaillé, du schiste, de l'hématite, des pyrites de fer, un pendentif décoré, considéré comme le plus ancien art mésolithique connu en Grande-Bretagne et des morceaux d'écorce de bouleau et des morceaux de poix de bouleau-résine ou goudron et bois travaillé. Les deux catégories de trouvailles les plus remarquables sont les «pointes barbelées» et les «frontlets en bois». Les pointes barbelées sont faites de bois de cerf élaphe. Ils mesurent entre 8 centimètres et 38 centimètres de longueur et les 195 exemplaires trouvés à Star Carr représentent plus de 95% du nombre total du mésolithique britannique. Bon nombre des pointes barbelées et des frontlets en bois semblent délibérément brisés.
Collection Star Carr au musée du Yorkshire - coiffe mésolithique en crâne de cerf. Depuis la plus ancienne colonie post-glaciaire connue en Angleterre
Les frontlets de bois sont fabriqués à partir de crânes de cerf rouge cerf (mâle) avec les bois toujours attachés. Les 21 frontlets de bois sont suffisamment complets pour voir comment ils ont été fabriqués : deux trous ont été percés à travers le crâne avec un silex, l'outil et l'intérieur de la calotte crânienne ont été lissés. Les bois sur chaque frontlet ont été soigneusement coupés peut-être pour réduire le poids. Il semble très probable que ces modifications visent à permettre l'utilisation des frontlets comme couvre-chef. Les dates actuelles au radiocarbone du site indiquent que l'occupation a commencé entre 9335 et 9275 avant JC, pendant une période d'environ 800 ans jusqu'en 8525-8440 avant JC. Cependant, ces professions peuvent avoir été de nature épisodique, variant en intensité entre les différentes périodes.