Dans le Levant sud, se succèdent notamment le Kébarien (19 000 - 16 000 av. J.-C.), le Kébarien géométrique (15 500-12 500 av. J.-C.) puis le Natoufien (12 500 – 9 600 av. J.-C.). Dans le Zagros, la culture locale est le Zarzien (18 000 – 10 000 av. J.-C.). Dans le Caucase et la partie orientale de l'Anatolie on distingue parfois à la même époque un « Trialétien ».
Les groupes humains de cette époque sont des chasseurs-cueilleurs mobiles collectant un nombre très varié de ressources alimentaires. Ces groupes connaissent une évolution vers une territorialisation plus marquée de leur peuplement. Ils occupent des sites de différentes tailles où ils érigent des constructions circulaires, qu'ils peuplent suivant un rythme saisonnier, puis ils deviennent en partie sédentaires au Levant durant le Natoufien. Peut-être expérimentent-ils des formes d'agriculture et d'élevage pré-domestiques.
Ainsi, le Néolithique ne marque pas le début de la transition vers l'agriculture. Selon N. Munro et L. Grosman, il doit plutôt être vu comme « une étape récente ou un point final au sein d'une plus grande transformation dans les dynamiques culturelles qui a commencé durant l'Épipaléolithique ».
Le Kébarien géométrique (15 500 – 12 500 av. J.-C.), correspondant à une phase moyenne de l'Épipaléolithique, est identifié au Levant entre le Sinaï au sud et l'oasis d'El Kowm en Syrie au nord. Il doit son nom aux microlithes en forme de trapèzes, rectangles ou triangles trouvés en grand nombre sur ces sites, et sont le seul moyen de caractériser cette période.
Dans le Zagros, cette période marque la transition entre le Baradostien, un « Aurignacien du Zagros », et le Zarzien, qui couvre l'Épipaléolithique, mais est essentiellement connu pour ses phases récentes. De la même manière la transition entre le Paléolithique supérieur et l'Épipaléolithique est mal documentée dans le Taurus et l'Elbourz, qui partagent alors des traits communs avec le Zagros. On peut au mieux déterminer par le caractère montagneux des régions que la chasse devait porter avant tout sur les chèvres et moutons sauvages et les daims.
Le Natoufien correspond à l'Épipaléolithique final du Levant. Il se développe apparemment à partir de la zone du Mont Carmel et de la Galilée dans le Levant sud où se trouve la plus forte concentration de sites de la période, mais désormais elle est attestée dans les différentes parties du Levant, jusqu'au Moyen-Euphrate, par des sites qui ont pu être inclus dans cette entité.
Le Natoufien a été défini par Dorothy Garrod dans les années 1930 à partir de son industrie lithique, notamment divers types de microlithes. Par la suite il est apparu qu'il s'agissait de la période qui voyait les débuts de la sédentarisation, durant la première partie de la période, le Natoufien ancien (12 500 – 11 500 av. J.-C.), qui profite manifestement des conditions favorables de l'adoucissement climatique Bölling-Alleröd. Les sites natoufiens sont établis en plein air, sous des abris rocheux ou à l'entrée de grottes. Si certains de ces sites semblent occupés en permanence, les autres habitats sont temporaires, puisque le mode de vie des populations de chasseurs-cueilleurs de cette époque reste marqué par la mobilité d'au moins une partie du groupe (on parle de « semi-sédentarité »).
Dorothy Garrod (au centre) et deux collaborateurs devant la grotte de Shuqba en , où ses fouilles repèrent la culture natoufienne.
Les stratégies de subsistance restent similaires à celle de l'époque précédente, potentiellement très diverses, même s'il semble y avoir une plus grande importance de la cueillette des céréales et de la chasse de la gazelle. La seconde partie de la période, le Natoufien récent (11 500 – 9 600 av. J.-C.), voit l'irruption de l'épisode froid et sec du Dryas récent, et c'est généralement à ces nouvelles conditions climatiques qu'on attribue le recul de la sédentarité à cette période, les groupes devant être plus mobiles afin d'obtenir des ressources alimentaires dans un environnement moins généreux. Dans le Levant, il existe plus d'une centaine de sortes de céréales, fruits, noix et autres parties comestibles de plantes, et la flore du Levant pendant la période natoufienne n'était pas le paysage sec, stérile et épineux d'aujourd'hui, mais un parc et des bois.
La partie "dallée" du site de Shubayqa 1
Professor Elisabetta Boaretto and Dr. Tobias Richter. Credit: The Weizmann Institute of Science
Le Natoufien s'est développé dans la même région que l'ancien complexe de Kebaran et est généralement considéré comme un successeur qui s'est développé à partir d'au moins des éléments de cette culture antérieure. Il y avait aussi d'autres cultures dans la région, comme la culture mushabienne du Néguev et du Sinaï, qui se distinguent parfois du Kebaran, et parfois aussi considérées comme ayant joué un rôle dans le développement du Natoufien. C'est sur les sites natoufiens que l'on trouve certaines des premières preuves archéologiques de la domestication du chien. Sur le site natoufien d'Ain Mallaha en Israël, daté de 12 000 ans avant JC, les restes d'un humain âgé et d'un chiot âgé de quatre à cinq mois ont été retrouvés enterrés ensemble. Sur un autre site natoufien de la grotte de Hayonim, des humains ont été retrouvés enterrés avec deux canidés.
Le Natoufien est contemporain des cultures voisines suivantes :
Dans le reste du Moyen-Orient, la période est moins bien connue, et donc la définition d'aires culturelles est plus floue.
Le Zarzien du Zagros occidental, lui aussi défini par Dorothy Garrod à partir de son outillage lithique, est surtout connu pour l'Épipaléolithique final, là encore par des sites d'abris, de grottes ou de plein air. Des prospections effectuées dans les plaines du Marv Dasht et d'Arsanjan dans le Fars ont ainsi identifié un matériel apparenté au Zarzien, et y indiquent une occupation plutôt dense, avec des camps de base autour desquels se trouvent des sites satellites, surtout des grottes, mode d'occupation également proposé pour le Zagros central néolithique.
Intérieur de la grotte de Shanidar (Irak) avec, en avant plan, le chantier archéologique.
Cette phase est marquée par un outillage microlithique composé notamment de petites lames de forme géométrique. Pour la fin de la période l'habitat est fait de huttes, là aussi circulaires, mais la sédentarité n'est pas confirmée. La subsistance repose sur la chasse de la chèvre et du mouton sauvages, du daim et de l'onagre, en revanche il n'y a pas de trouvailles permettant de déterminer les végétaux consommés, mais on suppose une cueillette de l'orge sauvage, de fruits, en particulier ceux à coque. La phase tardive du Zarzien, parfois désignée comme un « post-Zarzien » ou un « proto-néolithique », durant le Dryas récent, semble voir un mode de vie moins mobile s'installer dans le Zagros, comme en témoignent les sites de Shanidar et Zawi Chemi, et d'après ce que semblent indiquer les prospections du Zagros méridional. L'habitat se concentre plus dans les zones basses pour faire face au climat plus froid et la subsistance semble s'orienter plus vers les plantes.
Il est impossible d'approcher l'occupation humaine de la plaine alluviale mésopotamienne, où les alluvions déposées depuis recouvrent les occupations de l'époque, et celle des régions actuellement sous les eaux du golfe Persique mais qui étaient alors à sec. Dans le Haut Tigre se développent vers la fin de la période des villages sédentaires, avec Demirköy, Körtik Tepe et Hallan Çemi, qui semblent culturellement plus proches du Zarzien que du Natoufien, et/ou bien à relier, dans un assemblage parfois désigné comme « Trialétien ».
Trialétien est le nom de la culture archéologique du mésolithique, provenant de sites géorgiens, et provisoirement daté de la période entre 14.000 et 6.000 Av. J.C. Le nom de la culture archéologique provient de sites du district de Trialeti, dans le sud du bassin fluvial géorgien de Khrami. La région caucasienne - anatolienne de culture trialétienne était adjacente à la culture irako - iranienne zarzienne à l'est et au sud ainsi que le Natoufien levantin au sud-ouest.
La subsistance de ces groupes était basée sur la chasse à Capra caucasica, au sanglier et à l'ours brun. On sait peu de choses sur la fin du Trialetian. 6 000 av. J.C. a été proposé comme heure à laquelle la phase de déclin a eu lieu. De cette date sont les premières preuves du Jeitunian, une industrie qui a probablement évolué du Trialetian. Aussi à partir de cette date sont les premières preuves de matériaux néolithiques dans la grotte de Belt. Dans le coin sud-ouest de la région Trialetian, il a été proposé que cette culture a évolué vers une version locale du PPNB vers 7 000 av. J.C., dans des sites comme Cafer Höyük.
L'Épipaléolithique d'Anatolie centrale reste mal connu. Le site de Pinarbasi dans la région de Konya sert de campement à des groupes de chasseurs-cueilleurs à partir de 13 000 av. J.-C. L'obsidienne exploitée dans le voisinage a sans doute créé des contacts avec le Levant natoufien où cette pierre se retrouve sur plusieurs sites. Cela expliquerait pourquoi l'outillage lithique de Pınarbaşı présente des similitudes avec celui des sites natoufiens. L'Épipaléolithique final de Chypre est connu par le site d'Aetokremnos, un petit abri rocheux du sud de la péninsule d'Akrotiri, grossièrement contemporain du Natoufien, ce qui a repoussé les limites pour les débuts de l'occupation de l'île.
Photo d' aperçu du site d'Aetokremnos, un petit abri rocheux du sud de la péninsule d'Akrotiri. L' encart montre le rooffall recouvrant et protégeant les vestiges culturels .
Le site a livré de nombreux restes d’hippopotames nains de Chypre, espèce disparue vers cette époque, ce qui a fait émettre l'hypothèse d'une responsabilité humaine dans ce phénomène, ce qui un peu hâtif au regard des éléments réunis. Cela témoignerait au moins du fait que les communautés faisant face au refroidissement auraient ici aussi intensifié leurs stratégies de subsistance. D'une manière générale en l'absence d'autres sites connus pour la période l'Épipaléolithique chypriote reste une terre inconnue, et ses connexions avec le continent sont mal comprises.
Le sébilien est une culture préhistorique de l'Égypte. Des mutations technologiques importantes s’opèrent entre -15000 et -10000. Les conditions géo-climatiques nouvelles ont eu pour conséquence un reflux des africains habitant la partie nord du continent vers le sud. Un genre de vie basé sur l’exploitation des cours d’eau se développe. Le Sébilien appartient à cette période. Cette culture identifiée à Kom Ombo, en Haute-Égypte, par le préhistorien français Edmond Vignard s’étend de la 2e cataracte (chute d’eau, marche du fleuve) jusqu'à Edfou.
Des restes osseux de grands animaux sont attestés. Edmond Vignard soulignait les ressemblances typologiques du Sébilien avec les industries capsiennes du Maghreb, cette constatation l'amena à proposer une origine sébilienne du Capsien. La chronologie du Sébilien est aujourd’hui encore controversée (de -13 000 à -9 000 av. J.C.) et est le sujet de nombreuses hypothèses et publications universitaires.
L’Ibéromaurusien est une culture archéologique préhistorique qui s'est développée sur l'actuel Maghreb, occupant une bande littorale allant du nord de la Tunisie au sud du Maroc. Les abris sous roche de la Mouillah, près de Maghnia (Algérie), en sont le site type. L’Ibéromaurusien a été nommé ainsi vers 1909 par Paul Pallary, qui avait cru trouver en cette industrie des ressemblances avec l’outillage microlithique que Louis Siret découvrait au même moment dans le sud de l’Espagne.
La source de cette culture fait débat parmi les spécialistes, cependant, cette théorie sur la relation avec le sud de l'Espagne est maintenant généralement écartée. Les gisements ibéromaurusiens ont livré une industrie lithique microlithique à nombreuses lamelles. Celles-ci sont fréquemment transformées en lamelles à dos ou en segments, au moyen de la technique du microburin. Il existe une importante variabilité temporelle. La chasse, la pêche et la cueillette fournissaient la totalité des ressources alimentaires ; la principale espèce chassée était le mouflon à manchettes (Ammotragus lervia), associée à des bovidés, des cervidés et des suidés.
Grotte des Pigeons à Taforalt au Maroc
@ Nicolas Perrault III - Own work, CC0,
Le recours à la pêche et à la collecte de coquillages et d'escargots gagne en importance à partir de 13 000 av. J.C. L’ensemble industriel ibéromaurusien a recouvert une grande partie de l’Afrique du Nord ; il a occupé, depuis le nord de la Tunisie jusqu’au Maroc occidental, la zone phyto-climatique que les géographes appellent le Tell : région au relief contrasté occupée par de moyennes montagnes (Atlas tellien), coupée de vallées étroites et de plaines développées en chapelet, zone de climat méditerranéen qui, à l’époque, connaissait des précipitations nettement plus abondantes qu’aujourd’hui.
Selon une étude de juin 2018, entre 20 et 50 % du patrimoine génétique des Maghrébins modernes serait issu des Ibéromaurusiens. Des fermiers de la culture de la céramique cardiale de la péninsule ibérique et issus de l'Anatolie seraient venus répandre le néolithique en Afrique du nord et contribuer au trois quarts de l'ascendance restant.