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La conquête normande 1066

Après le traité de Saint-Clair sur Epte en 911, la Normandie (terre des Normands) est attribuée à Rollon, un chef viking. Le roi Charles II s'assurait alors de la paix avec les envahisseurs scandinaves. Les Normands s'étaient convertis et ils étaient désormais des vassaux du roi de France. Les successeurs de Rollon prirent le titre de comtes de Normandie jusqu'à Richard II où ils devinrent des ducs. La Normandie n'échappa pas au processus d'émancipation des princes territoriaux. Les ducs rendent la justice, frappent leur monnaie, lèvent l'impôt... Mais à la différence des autres princes territoriaux, les ducs normands évitent de laisser des pouvoirs trop importants à leurs vassaux. Le duché est l'un des plus grands et des plus riches du royaume. L'aristocratie franque se mélangeait à une partie d'hommes d'origine scandinave. Le duché s'agrandit au fil des années notamment grâce à Guillaume Longue Epée, fils de Rollon. En 1028, Robert le Magnifique (ou le Diable) devient duc à la mort de son frère. Celui-ci aide le roi Henri Ier à lutter contre sa mère et ses frères rebelles. Il meurt subitement à Nicée au retour d'un pèlerinage à Jérusalem.


Guillaume « le Bâtard »

Avant de partir pour Jérusalem, Robert le Diable désigna l'un de ses fils, Guillaume pour lui succéder. La tradition normande voulait qu'un homme ait plusieurs épouses et qu'il puisse choisir l'un de ses fils pour l'hériter. Arlette, la mère de Guillaume était la fille d'un tanneur, son origine modeste fit valoir à Guillaume le surnom de « Bâtard ». Durant la minorité de Guillaume, les désordres se multiplièrent en Normandie. Guillaume était encore jeune et très souvent livré à lui-même face aux barons normands qui essayaient de s'emparer du pouvoir. Avec l'aide du roi Henri Ier, il mata la révolte des barons à Vals les Dunes. En 1050, il épouse sa cousine Mathilde de Flandres, contrairement à son père, il restera monogame et fidèle à son épouse. Les années suivantes sont marquées par des conflits féodaux, Guillaume se révélant un formidable homme de guerre. Il bat même les troupes royales d'Henri Ier. En 1066, Guillaume de Normandie est devenu l'un des plus puissants hommes du royaume. Il fonde la ville de Caen, en bâtissant son château et deux abbayes (l'Abbaye aux hommes dédiée à Saint Étienne et l'Abbaye aux dames dédiée à la sainte Trinité).

La conquête de l'Angleterre

En 1066, le roi d'Angleterre, Édouard le Confesseur meurt sans héritier. Le demi-frère d'Edouard, Harold monte sur le trône oubliant une promesse faite quelques années plus tôt qui faisait de Guillaume le successeur de son cousin Edouard. Guillaume prépare alors l'invasion de l'Angleterre. Il obtient d'abord l'excommunication d'Harold par le pape, car il avait reconnu le choix d'Edouard sur des reliques sacrées. Sous l'étendard papale, Guillaumepréparait alors l'attaque de l'Angleterre. Des chevaliers de toute la France se joignirent à lui. Après avoir traversé la Manche, il débarque dans le Wessex. Le choc des armées a lieu à Hastings. Victorieux, Guillaume le Conquérant se fait sacrer roi d'Angleterre, le jour de Noël 1066. Cette date est fondamentale dans la monarchie anglaise. C'est la fin de la domination saxonne sur l'île. La conquête d'Angleterre est racontée par la tapisserie de Bayeux, l'un des chefs d'œuvre artistique du Moyen Âge (70 mètres de long). L'origine de la tapisserie reste énigmatique, la légende l'attribue à la reine Mathilde. Devenu roi, Guillaume accomplit une œuvre immense, construisant de nombreux monuments, notamment la Tour de Londres. En 1085, il commanda ce qu'on peut appeler un recensement au sens moderne, le « Livre du Jugement Dernier » ou Domesday's Book, qui faisait l'inventaire des hommes et richesses du royaume. Guillaume reste cependant le vassal du faible roi de France. Et cela va causer de véritables conflits entre les deux pays en raison des possessions anglaises sur le territoire français. Les Normands se sont également établis en Sicile, où Robert Guiscard s'établit en 1059, délivrant le pape assiégé à Rome. Plusieurs dynasties normandes se sont ainsi installées en Europe. En Angleterre, le français est la langue de la Cour, l'anglais est en fait un amalgame entre le saxon et le français qui représente environ 60% de son vocabulaire.

La bataille d'Hastings

Le 14 octobre 1066, les troupes normandes et saxonnes s'affrontent à Hastings. On compte environ 7 000 hommes dans chaque camp. L'armée saxonne est très disparate et essentiellement constituée d'hommes à pied qui ont pour seule consigne de « bombarder l'ennemi avec tous les projectiles possibles. » La ligne de front est protégée par une ceinture de boucliers. En face, l'armée de Guillaume paraît mieux organisée. Elle est constituée de normands, bretons, flamands, français... Une première ligne d'archers est chargée d'harceler l'ennemi tandis qu'une ligne de fantassin prend le relais. Les chevaliers suivent... Suivant le plan de Guillaume, les archers décochent leurs flèches sur les lignes adverses. Mais la chevalerie normande s'éparpille dans les marécages, c'est la déroute. Le bruit circule que le duc de Normandie a été tué. La panique gagne les rangs, les Anglais se lancent à la poursuite des fuyards. Guillaume ôte son casque et parcourt ses lignes afin que ses soldats le reconnaissent. Mais les défenses anglaises tiennent bon. C'est alors qu'il ordonne un simulacre de retraite. Un trait de génie ! Il attire ainsi les Anglais désorganisés et sans discipline pour mieux les occire. La bataille se prolongea l'après-midi. Harold meurt après avoir reçu une flèche dans l'œil. A la nuit, Guillaumeavait gagné la bataille d'Hastings, ainsi que le trône de l'Angleterre. La bannière papale arborée durant la bataille confère à l'expédition le statut d'une véritable croisade contre le roi saxon. Transformant le pays en l'un des plus puissants d'Europe, les Normands ont importé l'arc long, qui fait sa première apparition à Hastings. Arme de prédilection des Anglais, ravageuse lors de la guerre de Cent Ans.


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