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Rois de la maison de Wessex  (924-1016) / (1042-1066)

Æthelstan ou Athelstan 925-939


Fils d'Édouard l'Ancien, Æthelstan est d'abord reconnu roi par les Merciens, et rencontre une certaine résistance dans le Wessex, qui a peut-être élu roi son demi-frère Ælfweard pour succéder à Édouard. Ælfweard ne survit que quelques semaines à leur père, mais Æthelstan n'est sacré roi qu'en septembre 925. Il conquiert le royaume viking d'York en 927 et devient le premier roi anglo-saxon dont l'autorité s'étend à toute l'Angleterre. En 934, il envahit le royaume d'Écosse et contraint le roi Constantin II à reconnaître son autorité. Écossais et Vikings s'allient contre Æthelstan et envahissent l'Angleterre en 937, mais il remporte une victoire retentissante sur leur coalition à Brunanburh.

Sous le règne d'Æthelstan, le gouvernement du royaume devient plus centralisé : il exerce un contrôle accru sur la production de chartes et convoque fréquemment à ses conseils des personnalités importantes venues de régions périphériques. Des rois étrangers, notamment gallois, assistent également à ces conseils, témoignage de leur soumission à Æthelstan. Son activité diplomatique s'étend à toute l'Europe, notamment à travers le mariage de ses sœurs à plusieurs souverains du continent. Il subsiste une grande quantité de textes de lois de son règne : ses réformes législatives s'appuient sur celles de son grand-père Alfred le Grand et témoignent de sa préoccupation quant aux atteintes à la loi et aux menaces qu'elles font peser sur l'ordre social. Æthelstan est également un roi dévot, un collectionneur de reliques et fondateur d'églises réputé. Sa cour devient l'un des principaux centres du savoir du pays, annonçant la réforme bénédictine de la fin du siècle.

Jamais marié, Æthelstan ne laisse pas d'héritier pour lui succéder. C'est son demi-frère cadet Edmond qui monte sur le trône à sa mort, en 939. Les Vikings profitent de la situation pour reprendre York, qui n'est définitivement reconquise par les Anglais qu'en 954.


Au début du ixe siècle, l'Angleterre anglo-saxonne est partagée entre quatre grands royaumes : le Wessex, la Mercie, la Northumbrie et l'Est-Anglie. Le Wessex prend l'ascendant sur la Mercie sous le règne d'Ecgberht (802-839), l'arrière-arrière-grand-père d'Æthelstan, et devient le royaume le plus puissant du Sud de l'Angleterre. Les raids vikings commencent à frapper la Grande-Bretagne de plus en plus durement au milieu du ixe siècle. L'invasion de la Grande Armée païenne débute en 865 et détruit en l'espace de quinze ans l'Est-Anglie, la Northumbrie et la Mercie. Seul le Wessex résiste victorieusement à son avancée, et le roi Alfred le Grand remporte une victoire décisive sur les envahisseurs à Ethandun en 878. Alfred et le chef viking Guthrum se partagent la Mercie. Les offensives danoises reprennent dans les années 890, mais elles sont repoussées par les armées anglo-saxonnes, menées par Alfred, son fils Édouard et son gendre Æthelred, qui gouverne la partie anglaise de la Mercie avec son épouse Æthelflæd, la fille d'Alfred. À la mort d'Alfred en 899, Édouard lui succède. Son cousin germain Æthelwold tente de s'emparer du trône, mais il est tué au combat en 902.

La guerre entre les Anglo-Saxons et les Vikings se poursuit sous le règne d'Édouard. En 910, les Danois de Northumbrie attaquent la Mercie, mais ils subissent une défaite cinglante à Tettenhall. Après la mort d'Æthelred de Mercie en 911, sa veuve Æthelflæd gouverne seule la région. Édouard et Æthelflæd parviennent à reconquérir la Mercie danoise et l'Est-Anglie dans les années qui suivent. En 918, Édouard profite de la mort de sa sœur pour déposer sa nièce Ælfwynn et annexer la Mercie à son royaume. À la mort d'Édouard, en 924, toute l'Angleterre au sud du Humber est soumise au Wessex. Le royaume d'York est gouverné par un Viking, Sihtric, mais un certain Ealdred maintient un domaine anglo-saxon autour de Bamburgh, en Bernicie. Le roi Constantin II règne sur l'Écosse, à l'exception du royaume de Strathclyde au sud-ouest. Enfin, le pays de Galles est fragmenté en plusieurs petits royaumes, dont le Deheubarth au sud-ouest, le Gwent au sud-est, le Brycheiniog au nord du Gwent, et le Gwynedd au nord.


D'après Guillaume de Malmesbury, Æthelstan monte sur le trône à l'âge de trente ans, ce qui le ferait naître vers 894. Il est le fils aîné d'Édouard l'Ancien, et le seul issu de sa relation avec Ecgwynn, une femme très mal connue dont le nom ne figure que dans des sources postérieures à la conquête normande. Ces mêmes sources ne s'accordent pas sur son rang : elle est de noble naissance pour certaines, mais Hrotsvita de Gandersheim la décrit comme de basse extraction et indigne d'être reine. Son statut reste débattu. Simon Keynes et Richard Abels estiment qu'Ecgwynn n'était que la concubine d'Édouard, ce qui expliquerait pourquoi l'arrivée au pouvoir d'Æthelstan suscite des contestations dans le Wessex. En revanche, Barbara Yorke et Sarah Foot considèrent que c'est la querelle de succession qui a donné naissance aux accusations d'illégitimité, et non le contraire : d'après elles, Ecgwynn est bien l'épouse légitime d'Édouard.

Guillaume de Malmesbury décrit une cérémonie durant laquelle Alfred le Grand offre à son petit-fils un manteau écarlate, une ceinture sertie de joyaux et une épée au fourreau doré. Pour Michael Lapidge et Michael Wood, cette cérémonie représente la désignation d'Æthelstan comme héritier possible du trône, d'autant qu'elle prend place à une période où les droits sur le trône d'Æthelwold, le neveu d'Alfred, menacent sa propre lignée. Janet Nelson rappelle que les années 890 sont marquées par des relations difficiles entre Alfred et Édouard, et propose l'hypothèse qu'Alfred ait pu vouloir diviser le royaume entre son fils et son petit-fils à sa mort.

Il existe un poème acrostiche en l'honneur d'un prince « Adalstan », qui lui prédit un grand avenir. Lapidge y voit une référence au jeune Æthelstan, avec un calembour sur « pierre noble », le sens de son nom en vieil anglais. Lapidge et Wood l'attribuent à Jean le Saxon, l'un des principaux érudits de la cour d'Alfred, qui l'aurait écrit à l'occasion de la cérémonie des cadeaux. Wood va plus loin en présentant le poème comme une preuve de la véracité du récit de Guillaume de Malmesbury, et en suggérant qu'Æthelstan ait pu recevoir une éducation approfondie sous l'autorité de Jean le Saxon. Néanmoins, Sarah Foot préfère dater le poème des premières années du règne d'Æthelstan.

Édouard se marie avec Ælfflæd vers 899, année de la mort de son père. Ce mariage est sans doute dû à la mort d'Ecgwynn, à moins qu'elle n'ait été répudiée. Il affaiblit la position d'Æthelstan, car sa belle-mère agit évidemment dans l'intérêt des fils qu'elle donne à Édouard, Ælfweard et Edwin. Le roi contracte un troisième mariage avant 920 avec Eadgifu, probablement après avoir répudié Ælfflæd. Eadgifu donne à son tour deux fils à Édouard, Edmond et Eadred. De ses trois mariages, Édouard a également plusieurs filles, dont le nombre s'élève peut-être jusqu'à neuf.

L'éducation d'Æthelstan se termine probablement à la cour de Mercie, auprès de sa tante Æthelflæd et de son oncle Æthelred. Il participe vraisemblablement aux campagnes militaires contre le Danelaw dans les années 910. D'après une charte qui n'est connue que par une copie du début du xive siècle, Æthelstan aurait accordé en 925 des privilèges au prieuré Saint-Oswald de Gloucester, où reposent Æthelred et Æthelflæd, « en vertu d'un pacte de piété paternelle solennellement conclu avec Æthelred, ealdorman du peuple des Merciens ». Il est possible qu'il ait représenté les intérêts de son père en Mercie après la mort d'Æthelflæd et l'annexion de ce royaume au Wessex.


Édouard l'Ancien meurt à Farndon, dans le nord de la Mercie, le 17 juillet 924. Sa mort marque le début d'une série d'événements qu'il est difficile de retracer. Il est possible que le roi défunt ait voulu que lui succède Ælfweard, l'aîné des fils de sa deuxième femme Ælfflæd, voire de procéder à un partage du royaume entre le Wessex (pour Ælfweard) et la Mercie (pour Æthelstan). Dans cette hypothèse, la déposition d'Ælfwynn en 918 aurait servi à préparer l'avènement d'Æthelstan à la tête de la Mercie. Au moment de la mort d'Édouard, Ælfweard se trouve au Wessex, tandis qu'Æthelstan se trouve apparemment auprès de son père. Il est aussitôt reconnu roi par les Merciens, mais il est possible que les barons du Wessex aient préféré élire son demi-frère. Quoi qu'il en soit, Ælfweard meurt le 2 août, n'ayant survécu à leur père que seize jours.

La mort d'Ælfweard ne semble pas avoir éteint l'opposition à Æthelstan qui règne au Wessex et tout particulièrement à Winchester, où le prince défunt est inhumé. Æthelstan se comporte dans les premiers mois de son règne comme un roi purement mercien : une charte de 925 concernant des terres dans le Derbyshire a pour seuls témoins des évêques de Mercie. David Dumville et Janet Nelson proposent d'interpréter son célibat comme une concession lui ayant permis d'être accepté comme roi, mais Sarah Foot y voit plutôt un choix d'ordre religieux.

La cérémonie du couronnement d'Æthelstan se déroule le 4 septembre 925 à Kingston upon Thames, ville peut-être choisie en raison de sa situation à la frontière entre la Mercie et le Wessex. Le roi est sacré par Athelm, l'archevêque de Cantorbéry, qui rédige ou applique probablement à cette occasion un nouvel ordo. Inspiré de la liturgie franque, cet ordo voit le roi porter une couronne pour la première fois au lieu d'un casque. Il inspire à son tour par la suite l'ordo de la France médiévale.

Le sacre d'Æthelstan ne met pas un terme à la résistance au nouveau souverain. Guillaume de Malmesbury parle d'un noble nommé Alfred qui cherche à punir le roi de sa bâtardise supposée en lui crevant les yeux. Ce handicap aurait suffi pour rendre Æthelstan incapable d'exercer le pouvoir, et Alfred n'aurait pas encouru l'opprobre réservée aux assassins. Ce personnage ne figure dans aucune autre source, et Guillaume ne précise pas s'il cherche à s'emparer lui-même du trône ou s'il compte l'offrir à Edwin, le frère cadet d'Ælfweard. Les relations entre Æthelstan et la ville de Winchester semblent être restées tendues pendant plusieurs années. Frithestan, l'évêque de Winchester, n'assiste pas au sacre du roi, et il n'apparaît sur ses chartes qu'en 928, dans une position inférieure à celle que son ancienneté devrait lui assurer.

Edwin meurt en 933 lors d'un naufrage dans la mer du Nord. Son cousin, le comte Adalolphe de Boulogne, le fait inhumer en l'abbaye Saint-Bertin de Saint-Omer. Croyant à tort qu'il avait régné sur l'Angleterre, l'annaliste de l'abbaye, Folcuin, écrit qu'il a fui l'île « chassé par des troubles dans son royaume ». Le chroniqueur du xiie siècle Siméon de Durham accuse Æthelstan d'avoir fait noyer son demi-frère, mais la plupart des historiens n'apportent aucun crédit à cette affirmation. Il est possible qu'Edwin ait quitté l'Angleterre à la suite d'une révolte manquée contre Æthelstan. Quoi qu'il en soit, sa mort contribue certainement à l'apaisement des tensions entre le roi et Winchester.


Roi des Anglais

En janvier 926, Æthelstan donne la main d'une de ses sœurs au roi d'York Sihtric. Les deux souverains s'engagent à respecter le territoire de l'autre et à ne pas soutenir leurs ennemis respectifs. Æthelstan envahit pourtant le royaume d'York dès l'année suivante, à la mort de Sihtric. Le roi de Dublin Gothfrith, un cousin de Sihtric, prend la tête d'une flotte d'invasion, mais Æthelstan s'empare d'York et reçoit la soumission des Danois de la région sans coup férir, et sans que l'on sache s'il lui a fallu ou non affronter Gothfrith. Les Northumbriens réagissent mal, eux qui n'ont jusqu'alors jamais été gouvernés par un roi du Sud. Néanmoins, Æthelstan se trouve en position de force. Le 12 juillet 927, les rois Constantin d'Écosse, Hywel Dda de Deheubarth, Owain de Strathclyde et le seigneur de Bamburgh Ealdred viennent lui rendre hommage à Eamont, près de Penrith. S'ensuivent sept années de paix dans le Nord

Sous le règne d'Æthelstan, la situation au pays de Galles s'inscrit dans la continuité de ses prédécesseurs : dans les années 910, le Gwent s'est reconnu vassal du Wessex, tandis que le Deheubarth et le Gwynedd se sont soumis à Æthelflæd, puis à Édouard l'Ancien après 918. Guillaume de Malmesbury raconte une rencontre à Hereford à laquelle Æthelstan convoque les rois gallois pour leur imposer un lourd tribut annuel et fixer la frontière entre l'Angleterre et le pays de Galles sur la Wye. Les souverains du pays de Galles sont régulièrement présents à la cour d'Æthelstan de 928 à 935 et figurent au début de la liste de témoins sur les chartes de cette période, ne le cédant qu'aux rois d'Écosse et de Strathclyde, signe de leur importance. La paix entre Anglais et Gallois dure tout au long du règne d'Æthelstan, même si la férule anglo-saxonne n'est pas vue d'un bon œil par tous les Gallois : le poème prophétique Armes Prydein, rédigé vers cette époque, prédit un soulèvement breton victorieux contre l'oppresseur saxon.

D'après Guillaume de Malmesbury, la rencontre de Hereford est suivie d'une campagne militaire contre les Cornouailles : Æthelstan chasse les Cornouaillais de la ville d'Exeter, qu'il fortifie, et établit la frontière de son royaume sur la Tamar. Les historiens modernes considèrent ici Guillaume avec scepticisme dans la mesure où les Cornouailles se trouvent sous la domination du Wessex depuis le milieu du ixe siècle. Æthelstan fonde un nouvel siège épiscopal pour la région et nomme son premier évêque, mais la culture et la langue corniques perdurent.

Æthelstan devient ainsi le premier roi de tous les peuples anglo-saxons, et de facto suzerain de toute la Grande-Bretagne. Il inaugure ce que John Maddicott appelle la « période impériale » de la royauté anglo-saxonne, de 925 à 975 environ, durant laquelle les souverains gallois et écossais assistent aux assemblées des rois anglais et témoignent sur leurs chartes. Æthelstan s'efforce de se concilier l'aristocratie northumbrienne à travers de nombreux dons aux monastères de Beverley, Chester-le-Street et York. Il reste néanmoins considéré comme un étranger, et les royaumes du Nord de l'île préfèrent encore s'allier aux rois païens de Dublin qu'au monarque chrétien de Winchester. Sa position dans le Nord reste donc instable.


L'invasion de l'Écosse en 934

Æthelstan envahit l'Écosse en 934 pour des raisons incertaines. Il est possible qu'il ait enfin eu les mains libres après la mort de son demi-frère Edwin l'année précédente. La mort du roi de Dublin Gothfrith en 934 a pu fragiliser la situation danoise et offrir à Æthelstan une opportunité d'imposer sa domination dans le Nord. Les Annales de Clonmacnoise proposent une autre hypothèse : elles mentionnent en 934 le décès d'un souverain qui pourrait être Ealdred de Bamburgh, dont les terres auraient alors été disputées entre Constantin et Æthelstan. Le chroniqueur du xiie siècle Jean de Worcester affirme que Constantin avait rompu le traité passé avec Æthelstan.

La campagne débute en mai 934. Æthelstan est accompagné de quatre rois gallois : Hywel Dda de Deheubarth, Idwal Foel de Gwynedd, Morgan ap Owain de Gwent et Tewdwr ap Griffri de Brycheiniog. Sa suite comprend également dix-huit évêques et treize comtes, dont six Danois. Il arrive à Chester-le-Street fin juin ou début juillet et offre des cadeaux somptueux au sanctuaire de saint Cuthbert. D'après Siméon de Durham, les armées d'Æthelstan s'enfoncent jusqu'à Dunnottar, dans le nord-est de l'Écosse, tandis que sa flotte ravage la région de Caithness, qui relève alors probablement du royaume viking des Orcades.

Les chroniques ne mentionnent aucun affrontement et ne précisent pas l'issue de la campagne. On sait seulement qu'Æthelstan est de retour à Buckingham en septembre avec Constantin, qui témoigne sur une charte en tant que subregulus, autrement dit comme roi vassal d'Æthelstan. Il apparaît également sur une charte de 935 aux côtés d'Owain de Strathclyde, Hwel Dda, Idwal Foel et Morgan ap Owain. Les rois gallois reviennent à la cour d'Æthelstan à Noël la même année, mais Constantin ne y les accompagne plus.


Brunanburh et ses suites

Olaf Gothfrithson succède à son père Gothfrith comme roi de Dublin en 934. Il consacre les trois premières années de son règne à l'élimination de ses rivaux en Irlande, et ce n'est qu'à partir d'août 937 qu'il se tourne vers le royaume d'York. Trop faible pour s'opposer seul au Wessex, il noue une alliance avec Constantin d'Écosse et Owain de Strathclyde pour envahir l'Angleterre à l'automne. C'est une saison inhabituelle pour la guerre, qui se déroule d'ordinaire en été. Sous le coup de la surprise, Æthelstan semble avoir réagi lentement : un poème latin repris par Guillaume de Malmesbury l'accuse de paresse. Néanmoins, Michael Wood salue sa prudence : selon lui, Æthelstan ne s'est pas laissé entraîner au combat avant d'y être prêt, contrairement à Harold Godwinson en 1066. Ainsi, tandis que ses adversaires pillent le nord-ouest du royaume, il rassemble une armée au Wessex et en Mercie avant de marcher à leur rencontre. Les Gallois restent neutres dans ce conflit69.

Les deux armées se rencontrent à Brunanburh, dont l'emplacement reste débattu. La bataille de Brunanburh se solde par une victoire écrasante d'Æthelstan, tandis que Constantin y perd un fils et qu'Olaf est contraint de fuir à Dublin avec le reste de ses troupes. Les troupes anglaises subissent également de lourdes pertes, parmi lesquelles deux cousins d'Æthelstan. Une génération plus tard, le chroniqueur Æthelweard l'appelle « la grande bataille », et la Chronique anglo-saxonne lui consacre un poème épique dans lequel Æthelstan est décrit comme le souverain d'un empire britannique.

L'importance de la bataille fait débat chez les historiens. Pour Alex Woolf, il s'agit d'une victoire à la Pyrrhus : la campagne semble avoir débouché sur une impasse et affaibli le royaume d'Æthelstan, permettant à Olaf de s'emparer sans peine de la Northumbrie après sa mort. Alfred Smyth considère qu'il s'agit de « la bataille la plus importante de l'histoire anglo-saxonne », mais d'après lui, elle n'a pas eu les conséquences majeures qu'on lui prête souvent. À l'opposé, Sarah Foot juge difficile de surestimer l'importance de la bataille : une défaite anglo-saxonne aurait signé l'arrêt de mort de leur hégémonie sur la Grande-Bretagne. Michael Livingston y voit « l'acte de naissance de l'identité anglaise », et « l'une des batailles les plus importantes de l'histoire de l'Angleterre et de toutes les îles Britanniques ».


Le gouvernement du royaume

Sur l'échelle du pouvoir, le niveau juste au-dessous de celui des rois anglo-saxons est occupé par les ealdormen. Au ixe siècle, le Wessex compte un ealdorman pour chacun de ses comtés, mais leur autorité s'étend progressivement sur des territoires de plus en plus vastes. Ce développement est probablement initié par Æthelstan, qui cherche ainsi à gouverner plus efficacement son vaste royaume. L'un de ces ealdormen, qui porte également le nom d'Æthelstan, se trouve à la tête de l'Est-Anglie, une province du Danelaw qui est la plus vaste et la plus riche d'Angleterre. Après la mort du roi, il acquiert une telle puissante qu'on le surnomme « Demi-Roi ». Plusieurs des ealdormen du règne d'Æthelstan portent des noms scandinaves. Bien qu'il soit impossible d'identifier leurs domaines, il s'agit très certainement de chefs militaires danois combattus par Édouard l'Ancien, mais dont Æthelstan a fait ses représentants au niveau local. Au niveau inférieur, les reeves, des propriétaires terriens nobles, relaient l'autorité royale pour une ville ou un domaine. Les autorités laïques et ecclésiastiques travaillent ensemble étroitement ; évêques et abbés ont une place aux conseils du roi.

En s'appuyant sur les réformes de ses prédécesseurs, Æthelstan met au point le gouvernement le plus centralisé qu'ait connu l'Angleterre jusqu'alors. Cela se reflète dans ses chartes. Leur production est jusqu'alors assurée soit par des prêtres au service du roi, soit par des membres d'une maison religieuse, mais entre 928 et 935, elles sont toutes l'œuvre d'un scribe unique, surnommé « Æthelstan A » par les historiens. Ce monopole témoigne d'un contrôle inédit de la royauté sur la production de chartes, une activité cruciale pour le gouvernement du royaume. Les diplômes d'« Æthelstan A » se distinguent par l'attention qu'ils portent aux détails, comme le lieu et la date précise de leur adoption, ainsi que leurs très longues listes de témoins. Cependant, ces caractéristiques ne se retrouvent pas dans les chartes postérieures à 935 : elles sont donc vraisemblablement le fruit du travail du seul « Æthelstan A », et non liées à la naissance d'une véritable chancellerie.


Les rois anglo-saxons n'ont pas de capitale fixe : leur cour se déplace en permanence, et ils tiennent conseil (witan) dans diverses villes de leur royaume. Æthelstan passe néanmoins le plus clair de son temps au Wessex. Il exerce son contrôle sur les régions périphériques du royaume en convoquant leurs seigneurs à ses conseils. Ces réunions, jusqu'alors réduites, deviennent du fait de l'agrandissement du royaume des événements plus importants auxquels assistent ealdormen, évêques, thegns, grands propriétaires terriens et souverains indépendants s'étant soumis à Æthelstan. Pour Frank Stenton, ces conseils sont de véritables « assemblées nationales », qui jouent un rôle important dans la réduction du sentiment provincial, obstacle à l'unification de l'Angleterre. John Maddicott va plus loin en considérant Æthelstan comme « le véritable fondateur (à son insu) du Parlement anglais ».


Une monarchie britannique ?

Les titres extravagants que se donne Æthelstan ont attiré l'attention des historiens. Ses monnaies et ses chartes l'appellent rex totius Britanniae, soit « roi de toute la Bretagne ». Dans un évangile dont il fait don à Christ Church, il se nomme « roi des Anglais et souverain de toute la Bretagne ». À partir de 931, il est dans ses chartes « roi des Anglais, élevé par la main droite du Tout-Puissant au trône du royaume entier de Bretagne », et la dédicace d'un manuscrit lui donne même du « basileus et curagulus », titres des empereurs byzantins. Pour plusieurs historiens, comme Alex Woolf et Simon Keynes, le roi prend ses désirs pour des réalités, mais George Molyneaux considère que ces titres sont à replacer en contexte. À l'époque d'Æthelstan, le titre de « roi » n'implique pas une domination aussi forte qu'à partir du xie siècle, et les titres dont ils se parent reflètent une hégémonie réelle, quoique faible.

À l'étranger, Æthelstan est également décrit en des termes panégyriques. Pour le Franc Flodoard, il est « le roi d'outremer » ; pour les Annales d'Ulster, « le pilier de la dignité du monde occidental ». Certains historiens contemporains ne sont pas moins dithyrambiques : Michael Wood le considère comme « le souverain le plus puissant qu'ait connu la Grande-Bretagne depuis les Romains », tandis que Veronica Ortenberg le juge comme « le plus puissant souverain d'Europe », considéré par ses contemporains comme « un nouveau Charlemagne » à une époque où les Carolingiens sont plongés dans des luttes intestines.


Une diplomatie européenne active

La cour du Wessex entretient des relations avec les Carolingiens au moins depuis le mariage d'Æthelwulf de Wessex, l'arrière-grand-père d'Æthelstan, avec Judith de Flandres, la fille de Charles le Chauve. L'une des demi-sœurs d'Æthelstan, Eadgifu, s'est mariée avec le roi de Francie occidentale Charles le Simple vers la fin des années 910. Après la déposition de Charles, en 922, Eadgifu envoie leur fils Louis en sécurité de l'autre côté de la Manche. Les liens franco-saxons sont donc solidement établis à l'époque d'Æthelstan. C'est probablement pour dresser un parallèle entre son pouvoir et celui des Carolingiens qu'il se fait oindre lors de son sacre. Suivant le modèle carolingien, il apparaît coiffé d'une couronne sur la série monétaire émise entre 933 et 938, pour la première fois en Angleterre.

Comme son père, Æthelstan ne souhaite pas voir les femmes de sa famille épouser ses propres sujets. Ses sœurs embrassent donc une carrière monastique ou sont envoyées se marier avec des nobles à l'étranger. L'intense activité diplomatique d'Æthelstan est également liée à la menace des Vikings, qui pèse sur l'ensemble des royaumes d'Europe de l'Ouest. Du point de vue de ces derniers, la puissance et la réputation de la maison de Wessex sont suffisamment importantes pour qu'épouser une de ses princesses soit considéré comme une union prestigieuse. Un exemple permet d'illustrer le prestige du Wessex à cette époque : en 926, le duc des Francs Hugues le Grand envoie une ambassade à la cour d'Æthelstan pour demander la main d'une de ses sœurs. Cette ambassade, menée par le comte de Boulogne Adalolphe (un cousin du roi anglais), offre à Æthelstan de nombreux cadeaux: épices, bijoux, chevaux, mais aussi une couronne d'or massif, l'épée de Constantin le Grand, la lance de Charlemagne et un fragment de la Sainte Couronne. L'ambassade est une réussite : Hugues obtient la main d'Eadhild, une des demi-sœurs d'Æthelstan.

C'est avec les Ludolphides de Francie orientale qu'Æthelstan conclut son alliance la plus importante. La dynastie vient alors d'arriver au pouvoir après l'extinction de la branche carolingienne issue de Louis le Germanique, et Henri l'Oiseleur est alors considéré par beaucoup comme un parvenu. Il doit conclure une union prestigieuse pour son fils afin d'établir sa légitimité, mais aucune princesse carolingienne n'est disponible. La maison de Wessex constitue une alternative acceptable, d'autant plus qu'elle affirme (à tort) descendre d'Oswald de Northumbrie, un saint dont le culte est particulièrement répandu en Germanie. En 929 ou 930, Henri envoie une ambassade à Æthelstan pour lui demander la main d'une de ses sœurs pour son fils Othon. Le roi lui en envoie deux, et Othon choisit Eadgyth. L'autre, dont le nom est incertain, se marie avec un prince non identifié de la région des Alpes.

Æthelstan joue le rôle de père adoptif pour plusieurs princes dépossédés. En 936, il envoie une flotte aider son protégé Alain II à reconquérir son duché de Bretagne conquis par les Vikings. La même année, il apporte son soutien à son neveu Louis pour le trône de Francie occidentale, et en 939, il envoie une autre flotte à son secours contre des barons révoltés. Des sources scandinaves plus tardives affirment qu'il aurait également aidé Håkon le Bon, fils du roi Harald à la Belle chevelure, à s'emparer du trône de Norvège. Il est surnommé « Æthelstan le Bon » dans ce pays.

Toutes ces raisons font de la cour d'Æthelstan l'une des plus cosmopolites de l'Angleterre anglo-saxonne. Les relations étroites tissées avec le continent connaissent leur terme peu après sa mort, mais pour les familles nobles d'Europe, compter un ancêtre anglais dans sa généalogie reste longtemps une source de prestige. Pour l'historien Frank Stenton, « aucun roi anglais n'a joué un rôle aussi majeur et constant dans les affaires européennes entre Offa et Knut ».


Mort

Æthelstan meurt le 27 octobre 939 à Gloucester. Contrairement à son grand-père et à son père, il choisit de ne pas se faire enterrer à Winchester. Suivant ses dernières volontés, il est inhumé en l'abbaye de Malmesbury, où il rejoint ses deux cousins tués à Brunanburh. Ce sont les seuls membres de la maison de Wessex enterrés à Malmesbury, ce qui reflète selon Guillaume de Malmesbury la dévotion toute particulière d'Æthelstan à l'égard de ce monastère et de son abbé Aldhelm de Sherborne. Ses restes disparaissent lors de la Réforme, et sa tombe à l'abbaye, façonnée au xve siècle, est donc vide.

Après la mort d'Æthelstan, les habitants d'York font appel au roi de Dublin Olaf Gothfrithson, le vaincu de Brunanburh, réduisant à néant l'hégémonie anglo-saxonne dans le Nord qui semblait si solide après cette bataille. Les successeurs d'Æthelstan, ses demi-frères Edmond (939-946) et Eadred (946-955), consacrent la majeure partie de leurs règnes à reconquérir la Northumbrie. Ce n'est qu'en 954 que l'Angleterre est réunifiée, lorsque le dernier roi viking d'York, Éric à la Hache de sang, est chassé par ses sujets qui reconnaissent Eadred comme roi.



Edmond Ier (939 - 946).

Fils d'Édouard l'Ancien, Edmond hérite d'une Angleterre unifiée par son demi-frère aîné Æthelstan. Son bref règne est marqué par la lutte avec les rois de Dublin Olaf Gothfrithson et Olaf Sihtricson pour le contrôle du royaume d'York et des Cinq Bourgs, une lutte dont il sort victorieux. Il meurt assassiné à l'âge de vingt-cinq ans et son frère cadet Eadred lui succède. Ses deux fils Eadwig et Edgar deviennent rois à leur tour après Eadred.

Au début du xe siècle, l'Angleterre est partagée en deux : au nord et à l'est se trouve le Danelaw, une colonie de peuplement danoise née des invasions vikings du siècle précédent, tandis que le sud et l'ouest sont occupés par le royaume anglo-saxon du Wessex, qui a victorieusement résisté aux assauts vikings sous le règne d'Alfred le Grand (871-899). Son fils et successeur Édouard l'Ancien (899-924) conquiert la région des Cinq Bourgs et l'Est-Anglie.

Le fils d'Édouard, Æthelstan (924-939), parachève l'unification de l'Angleterre en s'emparant du royaume viking d'York en 927, chassant le roi Gothfrith. Il reçoit également la soumission des autres souverains de Grande-Bretagne : le roi d'Écosse, le roi de Strathclyde, le seigneur de Bamburgh (une poche anglo-saxonne ayant subsisté au nord du Danelaw, dans l'ancien royaume de Northumbrie) et les divers roitelets du pays de Galles. Sa suprématie est contestée en 937 par le fils de Gothfrith, le roi de Dublin Olaf Gothfrithson, qui s'allie avec Constantin d'Écosse et Owain de Strathclyde pour envahir l'Angleterre, mais leurs armées coalisées sont vaincues par Æthelstan à la bataille de Brunanburh.

Edmond est l'aîné des fils issus du troisième mariage d'Édouard l'Ancien avec Eadgifu, fille de l'ealdorman de Kent Sigehelm. Il est âgé de dix-huit ans lorsqu'il monte sur le trône en 939, ce qui situe sa date de naissance en 920 ou en 921. Deux ans avant son avènement, il participe à la bataille de Brunanburh sous les ordres de son demi-frère aîné Æthelstan.

Règne

Æthelstan meurt le 27 octobre 939, et comme il n'a pas laissé d'enfants, Edmond lui succède. Il est sacré aux alentours du 29 novembre, probablement à Kingston upon Thames. Olaf Gothfrithson met immédiatement à profit la disparition de son vieil ennemi pour envahir une nouvelle fois l'Angleterre. York tombe entre ses mains avant la fin de l'année, et de là, il dirige ses armées sur la région des Cinq Bourgs début 940. Il est repoussé devant Northampton, mais parvient à s'emparer de Tamworth. Edmond lève une armée et intercepte Olaf à Leicester, alors qu'il rebroussait chemin vers York. Les deux archevêques d'Angleterre, Oda de Cantorbéry et Wulfstan d'York, interviennent pour négocier un compromis avant qu'une bataille ne s'engage : Edmond doit céder à Olaf tout le nord-est des Midlands au nord de Watling Street.

Après une campagne contre les Anglais de Northumbrie, Olaf meurt à son tour en 941 et son cousin Olaf Sihtricson lui succède à la tête du royaume d'York. Edmond parvient à reconquérir les territoires perdus des Midlands en 942, un événement relaté en vers allitératifs dans la Chronique anglo-saxonne. La même année, il écrase la révolte du roi Idwal Foel de Gwynedd, qui meurt au combat. Edmond devient le parrain d'Olaf en 943, ainsi que celui de Ragnall, le frère d'Olaf Gothfrithson, récemment arrivé de Dublin. Tous deux sont chassés d'Angleterre par Edmond en 944, qui rétablit ainsi l'autorité anglaise à York.

En 945, Edmond mène une campagne contre le Strathclyde, peut-être avec le soutien du roi gallois Hywel Dda de Deheubarth. Le royaume est occupé et les fils du roi Dyfnwal ab Owain aveuglés sur ordre d'Edmond, qui remet ses conquêtes au roi écossais Malcolm en échange d'une alliance militaire, vraisemblablement contre les Vikings de Dublin. Ce geste prouve qu'Edmond est conscient des limites septentrionales de son royaume et soucieux de ne pas les dépasser. Le Strathclyde ne tarde cependant pas à recouvrer son indépendance.

Du fait de la politique matrimoniale menée par son père, Edmond est apparenté à plusieurs souverains du continent européen : l'empereur Otton Ier (936-973) est son beau-frère, et le roi de Francie occidentale Louis IV (936-954), qui a grandi à la cour d'Æthelstan, est son neveu. En 945, Louis est capturé par les Normands et reste captif du duc Hugues le Grand jusqu'à ce qu'Otton et Edmond intercèdent en sa faveur. Ils obtiennent sa libération en 946.


Politique intérieure et réforme monastique

Il subsiste trois codes de lois promulgués sous le règne d'Edmond. Le premier concerne principalement les affaires religieuses, et semble avoir été rédigé à l'instigation de l'archevêque Oda. Les deux autres sont consacrés aux affaires temporelles : le second cherche à réguler les vendettas et le versement des wergelds, tandis que le troisième, proclamé à Colyton, traite des peines encourues par les voleurs, en particulier les voleurs de bétail. Ces deux derniers codes témoignent de l'importance des serments de fidélité et du lien qui unit les seigneurs à leurs serviteurs.

Le versant anglais de la réforme bénédictine du xe siècle trouve ses origines sous le règne d'Edmond, avec la nomination d'Oda le Sévère à l'archevêché de Cantorbéry et celle de Dunstan à la tête de l'abbaye de Glastonbury. Le roi fait néanmoins bon accueil aux moines de Saint-Bertin qui fuient la réforme imposée à leur maison par Gérard de Brogne en 944, et leur accorde refuge à l'abbaye de Bath.


Mort et succession

Le 26 mai 946, Edmond est tué par un voleur nommé Léofa ou Liofa à Pucklechurch, une propriété royale. D'après Jean de Worcester, le roi aurait trouvé la mort lors d'une échauffourée en voulant porter secours à son sénéchal, attaqué par Léofa. Il est inhumé en l'abbaye de Glastonbury.

La première femme d'Edmond, Ælfgifu, lui donne deux fils, Eadwig (né vers 940) et Edgar (né vers 943-944). À sa mort, en 944, elle est inhumée à Shaftesbury, où un culte se développe autour de sa personne. Edmond se remarie avec Æthelflæd de Damerham, qui ne lui donne pas d'enfants. Elle lui survit et épouse par la suite l'ealdorman Æthelstan Rota. En raison du jeune âge des fils d'Edmond, c'est son frère cadet Eadred qui monte sur le trône à sa mort.



Eadred (946-955)


Le fils d'Édouard, Æthelstan (924-939), parachève l'unification de l'Angleterre en s'emparant du royaume viking d'York en 927. Il reçoit également la soumission des autres souverains de Grande-Bretagne : le roi d'Écosse, le roi de Strathclyde, le seigneur de Bamburgh (une poche anglo-saxonne ayant subsisté au nord du Danelaw, dans l'ancien royaume de Northumbrie) et les divers roitelets du pays de Galles2. La domination anglaise sur York est remise en question après la mort d'Æthelstan en 939, mais son demi-frère et successeur Edmond (939-946) parvient à s'en rendre à nouveau maître en 944, chassant le roi Olaf Sihtricsson.

Eadred est le deuxième fils issu du troisième mariage d'Édouard l'Ancien avec Eadgifu, fille de l'ealdorman de Kent Sigehelm. Il est le frère cadet d'Edmond, né en 920 ou en 921.

Le roi Edmond est assassiné le 26 mai 946. Il laisse deux fils, Eadwig et Edgar, mais le trône revient à leur oncle Eadred en raison de leur jeune âge. Eadred est sacré le 16 août 946 à Kingston upon Thames par l'archevêque Oda de Cantorbéry.

Eadred s'entoure des mêmes conseillers que son frère avant lui : outre l'archevêque Oda, il favorise Ælfsige, nommé évêque de Winchester en 951, et l'abbé de Glastonbury Dunstan. L'ealdorman d'Est-Anglie Æthelstan Demi-Roi reste le plus puissant magnat du royaume.

Eadred soumet définitivement la Northumbrie en 952, mais les sources se contredisent sur le déroulement précis des événements ayant conduit à la fin de la souveraineté viking dans la région. Il semble qu'Olaf Sihtricsson soit revenu à Jórvík en 947 et qu'il s'en soit rendu maître, peut-être avec l'accord tacite d'Eadred (leurs monnaies sont frappées sur le même modèle). Olaf est chassé de son royaume quelques années plus tard, probablement en 949, et la région semble être alors repassée sous le contrôle direct d'Eadred.

Un nouveau prétendant fait son apparition à ce moment-là : le Norvégien Éric « à la Hache sanglante », qui obtient la soumission de Jórvík. Eadred réagit aussitôt en menant ses armées en Northumbrie. Son expédition dévastatrice est notamment marquée par la destruction de l'église de Ripon, fondée deux siècles auparavant par Wilfrid. Malgré les lourdes pertes qu'il subit à Castleford lorsque les troupes d'Éric fondent sur son arrière-garde, Eadred promet aux Northumbriens de mener une seconde campagne dans leur pays, encore plus destructrice. Ces derniers abandonnent Éric pour se soumettre à Eadred. La datation de ces événements est incertaine : la campagne d'Eadred a pu avoir lieu en 948, 950 ou 952. Quoi qu'il en soit, Éric est tué en 954, dans des circonstances tout aussi incertaines, et Eadred attribue la Northumbrie à Osulf de Bamburgh.

Vers la fin de sa vie, Eadred est victime d'une maladie qui l'empêche presque entièrement de se nourrir, d'après le récit qu'en fait une hagiographie de Dunstan. Il meurt le 23 novembre 955 à Frome, dans le Somerset, et est inhumé à Winchester. L'aîné de ses neveux, Eadwig, lui succède.


Eadwig (955-959)


Eadwig, ou parfois Edwy est roi d'Angleterre de 955 à sa mort. Son court règne est marqué par des relations difficiles avec l'aristocratie du royaume et avec l'Église, notamment l'abbé Dunstan et l'archevêque Oda.


Eadwig est le fils aîné du roi Edmond par sa première femme Ælfgifu de Shaftesbury (morte en 944). Il a un frère cadet, Edgar, né en 943. À la mort de leur père, en 946, c'est leur oncle Eadred qui monte sur le trône d'Angleterre, probablement en raison du jeune âge des fils d'Edmond.

Eadred meurt le 23 novembre 955 et Eadwig lui succède. Il est couronné au début de l'année 956, peut-être le 26 janvier. Ce couronnement se déroule vraisemblablement à Kingston upon Thames.

Le nouveau roi ne tarde pas à se brouiller avec les conseillers de son oncle, et notamment avec l'abbé de Glastonbury Dunstan. Selon la Vita S. Dunstani, une hagiographie de Dunstan rédigée vers l'an 1000 par un moine uniquement connu sous le nom de « B. », la brouille entre les deux hommes serait due à un incident survenu le jour du couronnement d'Eadwig. Après la cérémonie, le roi aurait quitté le banquet pour aller prendre du bon temps avec une mère et sa fille. Choqué, l'archevêque Oda de Cantorbéry aurait envoyé Dunstan et l'évêque Cynesige de Lichfield morigéner le jeune roi et le ramener de force au banquet. Que cet événement ait réellement eu lieu ou qu'il ne s'agisse que d'une invention de l'hagiographe visant à discréditer Eadwig, Dunstan s'exile peu après en Flandre et Cynesige semble être tombé en disgrâce, n'apparaissant que rarement comme témoin sur les chartes du nouveau roi.

Eadwig épouse à une date inconnue Ælfgifu, fille d'Æthelgifu, qui sont la mère et la fille de l'anecdote rapportée par « B. ». L'origine d'Ælfgifu n'est pas claire, mais elle semble être la sœur de l'historien Æthelweard, lequel affirme descendre du roi Æthelred de Wessex. Æthelweard dépeint d'ailleurs le règne d'Eadwig sous un jour positif dans son Chronicon : c'est lui qui rapporte son surnom de « Pankalus », dû à sa grande beauté. Une autre hypothèse fait d'Ælfgifu une descendante de l'ealdorman Æthelfrith de Mercie, qui pourrait être le mari d'une nièce par alliance du roi Alfred le Grand.


Vers le début de son règne, Eadwig procède à de nombreuses promotions et donations : on connaît une soixantaine de chartes royales pour l'année 956, un nombre inhabituellement élevé. Les scribes auteurs de ces chartes font preuve d'une grande variété quant aux titres prêtés à Eadwig, qui y est appelé « roi des Anglo-Saxons », « roi des Anglais », « roi de toute la Bretagne » ou même « roi d'Albion » ; il faut remonter au roi Æthelstan pour retrouver une telle diversité. Le nouveau roi distribue les terres confisquées à Dunstan et à sa grand-mère Eadgifu et nomme des nouveaux venus à des postes importants : le thegn Ælfhere devient ealdorman de Mercie en 956 en n'étant apparu que sur deux chartes jusqu'alors, tandis que Byrhtnoth devient ealdorman d'Essex sans jamais avoir témoigné sur une charte. L'auteur de la Vita S. Dunstani affirme qu'Eadwig est mal conseillé par des individus aux intentions égoïstes, mais il est plus probable qu'il cherche à s'assurer des soutiens fidèles face aux conseillers de ses prédécesseurs.


La division du royaume

En 957, le royaume d'Angleterre est partagé entre Eadwig et son frère Edgar, alors âgé de quatorze ans : ce dernier obtient la Mercie et la Northumbrie, tandis qu'Eadwig conserve le Wessex et le Kent. La Tamise sépare les domaines des deux frères. Malgré le récit de la Vita S. Dunstani, qui parle d'une révolte armée contre Eadwig, il semble que cette division se soit faite pacifiquement : Eadwig reste « rex Anglorum », tandis que son frère n'est que « roi des Merciens », et les monnaies continuent à porter le nom d'Eadwig dans toute l'Angleterre. Il est possible que ce partage soit issu d'un accord antérieur entre les deux frères. La version de la Chronique anglo-saxonne situe même l'avènement d'Edgar à la tête de la Mercie au même moment que celui de son frère à la tête du Wessex, en 955.

La situation profite nécessairement aux adversaires d'Eadwig. Edgar rappelle notamment Dunstan de son exil sur le continent et le fait évêque de Worcester en 957, puis de Londres l'année suivante.

Au début de l'année 958, l'archevêque Oda annule le mariage d'Eadwig pour cause de consanguinité, une décision vraisemblablement plus politique que religieuse. En effet, un enfant issu de ce couple aurait certainement eu des droits sur le trône supérieurs à ceux d'Edgar, ce qui ne peut que gêner Oda et Dunstan, voire Edgar lui-même. Après la mort d'Oda, le 2 juin, Eadwig choisit d'abord pour lui succéder l'évêque Ælfsige de Winchester, un proche de la famille d'Ælfhere de Mercie, mais il meurt de froid dans les Alpes en se rendant à Rome pour y recevoir le pallium des mains du pape. Eadwig choisit ensuite l'évêque Byrhthelm de Wells.


Mort et damnatio memoriae

Eadwig meurt dans des circonstances inconnues le 1er octobre 959, âgé de seulement 17 ou 18 ans. Il est inhumé à l'abbaye New Minster de Winchester. Il ne laisse pas d'enfants, ce qui permet à Edgar de réunifier le royaume d'Angleterre. Sa veuve Ælfgifu semble s'être réconciliée avec le nouveau roi, qui lui fait plusieurs donations dans les années 960.

La réputation posthume de souverain débauché et incompétent qui reste attachée à Eadwig est façonnée par les hagiographes de Dunstan et Odon à partir du xie siècle. À l'exception notable de Henri de Huntingdon, les chroniqueurs des xiie siècle et xiiie siècle décrivent à leur tour Eadwig comme un mauvais roi. Son histoire fait l'objet de plusieurs pièces de théâtre durant la seconde moitié du xviiie siècle, et des peintres historiques comme William Dyce ou Richard Dadd le prennent comme sujet jusqu'au milieu du xixe siècle.



Edgar le pacifique (959-975)


Edgar est né en 943 ou 944. Il est le deuxième fils d'Edmond Ier, qui règne sur l'Angleterre de 939 à 946, et de son épouse Ælfgifu. Edmond est assassiné en 946, alors que ses fils sont encore jeunes : Edgar n'a que trois ans et son frère aîné, Eadwig, cinq. C'est leur oncle Eadred, le frère cadet d'Edmond, qui devient alors roi. Edgar est envoyé auprès du puissant Æthelstan Demi-Roi, ealdorman d’Est-Anglie, et reçoit l’éducation de l’abbé Dunstan de Glastonbury.

En novembre 955, Eadred meurt et Eadwig lui succède. Il se fait rapidement de nombreux ennemis et, en 957, il est obligé de partager le royaume avec son frère Edgar, alors âgé de quatorze ans, qui reçoit ainsi la Northumbrie et la Mercie. Il est possible que ce partage ait été prévu dès l’avènement d'Eadwig, comme une façon de reconnaître le rang d’Edgar en tant qu'héritier du trône. Cette division ne dure pas : Eadwig meurt le 1er octobre 959 et Edgar devient le souverain de toute l’Angleterre.


Règne

Edgar rappelle immédiatement Dunstan d'exil pour le nommer évêque de Worcester, puis de Londres et enfin archevêque de Cantorbury. L'allégation selon laquelle Dunstan aurait d'abord refusé de couronner Edgar car il désapprouvait son mode de vie, fait référence à l'histoire populaire de Wulfthryth, la maîtresse d'Edgar, une femme de Wilton qui lui donne une fille, Eadgyth, en 961. Dunstan reste toutefois le conseiller de Edgar durant son règne.

Le mouvement de réforme monastique qui restaure la règle bénédictine dans les communautés monastiques peu disciplinées, est à son maximum pendant la période de Dunstan, d'Aethelwold et d'Oswald. Toutefois, la portée et l'importance de ce mouvement restent controversées.

Pendant son règne, il encourage la destruction des loups qui disparaissent pratiquement d'Angleterre à cette époque.


Le sacre de 973

Edgar remonte la Dee à bord d'une barge dont huit rois forment l’équipage (illustration de James William Edmund Doyle, 1864).

Edgar est sacré à Bath le 11 mai 973, dans une cérémonie impériale envisagée non pas comme l'entrée en fonction, mais comme l'apothéose de son règne. Cette cérémonie, conçue par Dunstan lui-même, et célébrée dans un poème de la Chronique anglo-saxonne, forme la base de l'actuelle cérémonie anglaise du couronnement. Le couronnement symbolique est une étape importante : peu après, d'autres rois viennent jurer fidélité à Edgar à Chester, dont Kenneth II d'Écosse et Mael Coluim mac Domnall de Strathclyde ainsi que les princes gallois Iago ab Idwal et Hywel ab Ieuaf et le « Roi des Îles » Mac Harald. Les grandes lignes de la « soumission à Chester » sont reconnues comme vraies, bien que l’histoire ait probablement subi des embellissements par la suite (ainsi les « huit rois » qui manient les rames de la barge d'Edgar sur la Dee).


Mort et succession

Edgar meurt le 8 juillet 975 à Winchester, et est enterré à l'abbaye de Glastonbury. Il est à peine âgé de trente-et-un ou trente-deux ans et ne semble pas avoir pris de mesures concernant sa succession. Ses deux fils peuvent prétendre au trône, Édouard en tant que fils aîné et Æthelred en tant que fils de la reine Ælfthryth. En fin de compte, la couronne revient à Édouard, mais il est assassiné trois ans plus tard, peut-être à l'instigation d'Ælfthryth, dont le fils monte à son tour sur le trône.

Par contraste avec le règne troublé de son fils Æthelred, l'époque d'Edgar est considérée a posteriori comme un âge de paix et de stabilité, ce qui lui vaut le surnom de Pacificus, « le Pacifique », dans la chronique de Jean de Worcester, rédigée au xiie siècle3. Il est reconnu comme saint par l'Église catholique romaine qui le célèbre le 8 juillet.


Édouard le Martyr 

Fils aîné, peut-être illégitime, du roi Edgar, il lui succède à sa mort, mais non sans heurt, car une partie de la noblesse préfère rallier son demi-frère cadet Æthelred. C'est en grande partie le soutien des archevêques Dunstan de Cantorbéry et Oswald d'York qui permet à Édouard, encore adolescent, d'être couronné.

Le bref règne d'Édouard est marqué par une violente réaction anti-monastique : la noblesse profite de la succession difficile et de la jeunesse du roi pour déposséder les monastères bénédictins du royaume des biens que leur avait cédés le roi Edgar. Dans le domaine politique, la querelle opposant les deux principaux nobles du royaume, les ealdormen Ælfhere de Mercie et Æthelwine d'Est-Anglie, est près de dégénérer en guerre civile ouverte.

Édouard est assassiné à Corfe Castle après moins de trois ans de règne, dans des circonstances troubles, et Æthelred lui succède. Il est rapidement considéré comme saint et martyr, et son culte prospère à l'abbaye de Shaftesbury, où ses reliques sont transportées en 981. Plusieurs hagiographies lui sont consacrées, dans lesquelles il apparaît fréquemment comme une victime des machinations de sa belle-mère Ælfthryth, la mère d'Æthelred. L'Église orthodoxe, l'Église catholique et l'Église d'Angleterre le fêtent le 18 mars.



Æthelred le Malavisé


Æthelred est le benjamin des fils du roi Edgar, et le deuxième que lui donne sa dernière femme Ælfthryth. Il a un frère aîné, Edmond, mort jeune vers 970. À la mort d'Edgar, en 975, il est écarté de la succession en faveur de son demi-frère aîné Édouard le Martyr. Il devient roi après l'assassinat de ce dernier en 978. Ce crime est commis par des partisans d'Æthelred, parmi lesquels peut-être sa mère. Le jeune prince n'est alors âgé que d'une dizaine d'années au maximum.

L'Angleterre vit une longue période de paix depuis la reconquête du Danelaw, pendant la première moitié du xe siècle. Cependant, en 991, Æthelred II doit faire face au renouveau des invasions vikings : la flotte la plus grande depuis « l'armée d'été » de Guthrum, un siècle plus tôt, conduite par le Norvégien Olaf Tryggvasson, arrive avec pour ambition de libérer son pays de la domination danoise. En 991, l'armée anglaise sous le commandement du seigneur Byrhtnoth est écrasée à la bataille de Maldon, et Æthelred est forcé de verser à Olaf un lourd tribut annuel, lequel rentre en Norvège. Cela apporte un certain répit à Æthelred, mais l'Angleterre subit encore fréquemment les raids vikings. Bien qu'Æthelred les combatte, il opte régulièrement pour la politique menée depuis longtemps, notamment par Alfred le Grand, c'est-à-dire qu'il verse de l'argent aux envahisseurs. Cette pratique est sécularisée sous le nom de Danegeld, littéralement « l'argent des Danois ».

Désireux de se débarrasser des Danois, Æthelred aurait commandité le massacre de la Saint-Brice du 13 novembre 1002 (massacre des Danois, dont la sœur du roi Svein de Danemark), ce qui est décrit par les Chroniques de John de Wallingford. En réponse à cela, en 1013, le Danois Sven entame une série de campagnes en vue de conquérir l'Angleterre, ce en quoi il réussit. Cependant, Sven ne survit que cinq semaines à son succès. Réfugié en Normandie auprès de son beau-frère le duc Richard II, Æthelred retrouve donc son trône en février 1014, car, après la mort prématurée de Sven, les grands du royaume d'Angleterre le rappellent au pouvoir. Il meurt deux ans plus tard, le 23 avril 1016, à Londres, où il est enterré. Son fils Edmond Côte-de-Fer lui succède, alors que le pays est plongé en pleine guerre civile entre ses partisans et ceux de Knut le Grand, le fils de Sven.

Malgré le flot incessant des attaques des Vikings, le règne d'Æthelred n'est pas aussi désastreux que l'image qu'il a laissé à la postérité. Æthelred introduit des réformes majeures dans le fonctionnement du gouvernement anglais, et est le créateur des premiers magistrats de comté, les shire reeves, ou shérifs. La qualité de la frappe de la monnaie, bon indicateur des conditions économiques, reste très bonne pendant son règne.


Réputation posthume

Le surnom vieil-anglais de ce roi, Unræd, signifie « mal conseillé », « sans conseil », et non pas « mal préparé », comme le laisserait supposer la forme anglaise moderne de ce surnom, the Unready. Il s'agit d'un calembour avec son nom de baptême Æthelred, composé des éléments æthel « noble » et ræd « conseil ».



Edmond parfois appelé « Edmond II » ou Edmond Côte-de-Fer (1016 - 1016)


Edmond est le troisième fils du roi Æthelred le Malavisé par sa première femme Ælfgifu. Lui et ses frères sont élevés par leur grand-mère paternelle Ælfthryth. Edmond commence à apparaître sur les chartes de son père en 993 aux côtés de ses frères aînés Æthelstan et Egbert, et de son frère cadet Eadred (en). Il est alors probablement âgé d'environ cinq ans.

En décembre 1013, Æthelred est chassé d'Angleterre par le Danois Sven à la Barbe fourchue. Ses fils ne semblent pas l'avoir accompagné en exil. Sven meurt en février 1014, et son fils Knut est acclamé par les habitants du Danelaw, mais le Witan rappelle Æthelred et Knut doit rapidement fuir l'Angleterre. Edmond devient l'héritier du trône en juin 1014, à la mort de son frère aîné Æthelstan (le deuxième fils d'Æthelred, Egbert, étant mort vers 1005). Dans son testament, Æthelstan lègue à Edmond des terres et plusieurs objets, dont une épée ayant appartenu au roi Offa de Mercie.

En 1015, les thegns de la région des Cinq Bourgs Morcar et Sigeferth sont assassinés par le puissant ealdorman de Mercie Eadric Streona, conseiller très écouté du roi Æthelred. Ce dernier s'empare des biens des deux thegns et enferme la veuve de Sigeferth, Ealdgyth, à l'abbaye de Malmesbury. Durant l'été de 1015, Edmond l'en sort contre la volonté de son père et l'épouse, puis se rend dans le Nord de l'Angleterre pour revendiquer les biens de Morcar et Sigeferth. La population des Cinq Bourgs se soumet à lui. Il se trouve ainsi en rébellion ouverte contre le roi son père et l'ealdorman Eadric.

Au même moment, Knut lance une nouvelle invasion de l'Angleterre avec deux cents navires, relatée en détail dans la Chronique anglo-saxonne. Il débarque dans le Kent et harasse le Wessex, qui se soumet à la fin de l'année 1015. Tandis qu'Eadric rallie l'envahisseur avec quarante vaisseaux, Edmond tente de lever une armée pour s'opposer à l'avancée de Knut à travers les Midlands, sans succès, et les forces qu'il parvient à réunir avec le comte de Northumbrie Uchtred le Hardi ne lui servent qu'à ravager les possessions d'Eadric dans l'Ouest de la Mercie (Cheshire, Staffordshire, Shropshire). Lorsque les armées de Knut envahissent le Yorkshire, Uchtred quitte Edmond pour aller prêter hommage à l'envahisseur, mais il est assassiné peu après et Knut place un de ses alliés, Éric Håkonsson, à la tête de la Northumbrie, avant de rebrousser chemin vers le Wessex.

De son côté, Edmond part rejoindre son père à Londres. Celui-ci meurt le 23 avril 1016 et Edmond est acclamé par la noblesse présente en ville pour lui succéder. Knut vient mettre le siège devant la ville peu après, mais ne parvient pas à réduire ses puissantes fortifications. Entre-temps, le jeune roi se rend au Wessex pour y briser toute velléité de rallier Knut et lever des troupes fraîches. Après deux batailles indécises à Penselwood et à Sherston, Edmond brise le siège de Londres et bat les Danois à Brentford. Cependant, ses pertes l'obligent à retourner au Wessex pour y refaire ses forces, permettant à Knut de revenir camper sous les murailles de Londres. Après un assaut infructueux, les Danois battent en retraite dans le Kent, où ils sont à nouveau vaincus par les troupes d'Edmond à Otford. Sentant le vent tourner, Eadric Streona rallie Edmond à Aylesford.

Knut reprend la mer et débarque en Essex à l'automne, puis s'enfonce dans les terres pour ravager la Mercie. Il rencontre l'armée d'Edmond à Assandun le 18 octobre, et remporte une victoire écrasante grâce à la défection d'Eadric Streona. De nombreux dirigeants anglais sont tués, et Edmond est contraint de battre en retraite vers le Gloucestershire. Il est possible qu'il ait livré une dernière bataille près de la forêt de Dean, mais seule la Knútsdrápa d'Óttarr svarti mentionne cet affrontement.

Au terme des combats, les deux rois se rencontrent sur l'île d'Alney et conviennent de se partager l'Angleterre : Edmond conserve le Wessex et le Kent, tandis que Knut obtient la Mercie et (probablement) la Northumbrie. La Tamise sépare les domaines des deux rois, la ville de Londres revenant au Danois.

Le 30 novembre, quelques semaines à peine après le partage du royaume, Edmond meurt à Oxford ou (plus vraisemblablement) à Londres. Knut devient alors seul roi d'Angleterre. Bien que cette mort l'arrange, elle ne semble pas avoir été provoquée, en dépit des récits fantaisistes qu'en font les chroniqueurs plusieurs décennies plus tard, accusant Eadric Streona de son meurtre.

Les jeunes fils du roi défunt, Edmond et Édouard, quittent l'Angleterre peu après l'avènement de Knut pour se réfugier en Hongrie. Ce n'est qu'en 1057, après la restauration de la maison de Wessex sur le trône en la personne d'Édouard le Confesseur, demi-frère cadet d'Edmond Côte-de-Fer, qu'Édouard, qui a reçu le surnom d'« Exilé », est invité à revenir sur le sol anglais. Son frère Edmond est probablement mort avant cette date.

Le corps d'Edmond Côte-de-Fer est inhumé à l'abbaye de Glastonbury. Il disparaît après la dissolution des monastères, au xvie siècle.



Édouard le Confesseur (1042-1066)

Édouard le Confesseur est un prince de la maison de Wessex né vers 1004 et mort le 5 janvier 1066. Fils du roi Æthelred le Malavisé, il règne sur le royaume d'Angleterre de 1042 à sa mort. Sa succession contestée est à l'origine de la conquête normande de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant quelques mois après sa mort.

Sa grande piété (il n'aurait jamais consommé son mariage avec Édith de Wessex) lui vaut son surnom et le fait d'être ensuite canonisé en 1161. Une autre raison de sa canonisation est le fait que, trente-six ans après sa mort, on aurait ouvert son tombeau sans constater la moindre trace de décomposition du corps.

En 1013, il doit fuir devant l'invasion danoise avec son frère Alfred Ætheling et leur mère Emma de Normandie pour se réfugier auprès de son oncle Richard II de Normandie. Plus tard, en 1036, il échoue dans une tentative pour s'emparer du trône d'Angleterre aux dépens de Harold Pied-de-Lièvre. Son frère Alfred est tué à cette occasion par la trahison du comte Godwin de Wessex. Il retourne en Angleterre en 1041, invité par son demi-frère Hardeknut, qui en fait probablement son héritier, avec le soutien de Godwin de Wessex avec qui Édouard s'est réconcilié. Il accède au trône à la mort de Hardeknut le 8 juin 1042 et est couronné à la cathédrale de Winchester le 3 avril 1043.

Son règne est marqué par la paix et la prospérité. Les comtes Godwin, Léofric de Mercie (époux de lady Godiva), Siward de Northumbrie, ont un pouvoir important. Édouard favorise son entourage normand, ce qui mécontente les nobles danois et saxons, qui forment un parti anti-normand autour de Godwin de Wessex, qui devient le beau-père d'Édouard à la suite du mariage de ce dernier avec Édith de Wessex, le 23 janvier 1045. À la suite d'une embuscade tenue à Douvres contre Eustache II de Boulogne lors d'une émeute, Godwin, qui a refusé de punir les coupables, est exilé avec sa famille en septembre 1051. Léofric et Siward quittent le conseil du roi, et la reine Édith est enfermée dans un monastère. En 1052, Godwin revient à la tête d'une armée. Il obtient le soutien du peuple et est restauré à la tête de son comté. Il meurt peu après lors d'un banquet royal à Winchester le 15 avril 1053 ; on dit qu'il se serait étouffé en mangeant un morceau de pain alors qu'il niait être impliqué dans la mort d'Alfred Ætheling, frère du roi. Harold Godwinson, son beau-frère, hérite du Wessex et devient l'homme le plus puissant du royaume. Pour contrebalancer son influence, le roi favorise le Normand Ralph le Timide qui devient comte de Hereford.

Le roi rappelle Édouard l'Exilé, fils d'Edmond Côte-de-Fer, pour en faire son héritier, mais celui-ci meurt peu de temps après son retour en février 1057. Harold, qui se distingue notamment par des campagnes victorieuses au pays de Galles, revendique alors l'héritage de la couronne, en compétition avec Guillaume de Normandie (le fils du cousin maternel du roi, Robert le Magnifique).

Il meurt sans descendance le 5 janvier 1066 à l'abbaye de Westminster, qu'il a lui-même fondée sur les ruines d'un ancien monastère. Son décès déclenchera une crise de succession au trône d'Angleterre entre Harold (qui s’empara aussitôt de la couronne après la mort d’Édouard) et Guillaume. Il semble cependant que tous deux aient été dans leur bon droit car, de son vivant, Édouard aurait fait des promesses identiques à d'autres grands féodaux voisins, de manière à s'assurer de leur neutralité faute de pouvoir les contenir par la force. Néanmoins, la rivalité entre Harold et Guillaume aboutira finalement à la conquête normande du royaume par ce dernier.



Harold Godwinson ou Harold II (1066-1066)

Harold Godwinson  est le dernier roi anglo-saxon d'Angleterre du 6 janvier au 14 octobre 1066, date de sa mort à la bataille d'Hastings.

Harold, né vers 1022 ou 1023, est le deuxième fils de Godwin et de son épouse Gytha Thorkelsdóttir. Son père, d'ascendance obscure, s'élève rapidement sous le règne de Knut le Grand, recevant le titre de comte de Wessex vers 1018. Sa mère est quant à elle d'origine danoise et apparentée par alliance au roi : la sœur de Knut, Estrid Svendsdatter, est la femme de son frère Ulf. Ils ont au moins huit enfants, dont six fils : Harold, son frère aîné Sven, et ses frères cadets Tostig, Gyrth, Léofwine et Wulfnoth. La fratrie compte également trois filles : Édith, Gunhild et Ælfgifu.

En 1042, Godwin soutient l'arrivée au pouvoir d'Édouard le Confesseur, après avoir apporté successivement son appui aux deux fils de Knut. Il donne la main de sa fille Édith au roi en 1045. La même année, Harold est titré comte d'Est-Anglie. Il accompagne son père en exil en 1051, puis l'aide à restaurer sa position un an plus tard.

À la mort de Godwin en 1053, Harold lui succède comme comte de Wessex (qui à l'époque représente un tiers de l'Angleterre), devenant ainsi l'homme le plus puissant d'Angleterre après le roi. Il devient également comte de Hereford en 1057, et prend la place de son père dans l'opposition à l'influence normande grandissante à la cour d'Édouard le Confesseur. Ce dernier, fils d'Emma de Normandie, a passé près d'un quart de sa vie en Normandie et s'est entouré de conseillers normands afin de contrebalancer la puissance des Godwin.

À l'ouest, Harold défend l'Angleterre contre Gruffydd ap Llywelyn. Ce roi de Gwynedd a conquis tout le pays de Galles et réalise de fréquentes incursions sur le sol anglais, mettant en déroute le comte de Hereford Ralph le Timide en 1055 et tuant l'évêque de Hereford Léofgar l'année suivante. Harold entreprend une vaste campagne pour mettre un terme à ces incursions en 1062. Son frère Tostig envahit le Nord du pays, tandis que Harold conduit la flotte par le sud avant de mener ses troupes vers le nord, afin d'encercler Gruffydd. Réfugié en Snowdonia, celui-ci est tué par ses propres soldats le 5 août. Vainqueur incontesté, Harold accepte la soumission des Gallois et place deux roitelets à leur tête, les frères Bleddyn et Rhiwallon ap Cynfyn.

En 1064, Harold fait naufrage sur les côtes du Ponthieu. Capturé par le comte Guy Ier, il est retenu prisonnier au château de Beaurainville (Belrem sur la Tapisserie de Bayeux), puis est livré au duc Guillaume de Normandie qui exigeait sa libération. Guillaume se considère comme le successeur légitime d'Édouard le Confesseur, qui n'a pas d'enfants. Il obtient d'Harold le serment de lui fournir son appui à la succession d'Angleterre. Guillaume aurait forcé Harold à lui jurer vassalité, mais ne lui aurait révélé qu'après coup que la boîte sur laquelle ce serment avait été fait contenait des reliques sacrées. Harold s'estime alors dégagé de ce serment, obtenu par ruse, mais Guillaume obtient du pape son excommunication. Après la mort d'Harold, les Normands n'hésitent pas à insister sur le fait que Harold s'est parjuré en acceptant la couronne d'Angleterre. Le chroniqueur Orderic Vital écrit : « Cet Anglais était très grand et élégant, remarquable pour sa force physique, son courage et son éloquence, ses plaisanteries vives et ses actes de bravoure. Mais qu'étaient ces dons sans l'honneur, qui est la racine de tout ce qui est bon ? »

En 1065, les Northumbriens se soulèvent contre leur comte Tostig, le frère d'Harold. Ce dernier apporte son soutien aux rebelles et à leur candidat Morcar, et Tostig est chassé du pays. Ce faisant, Harold s'est présenté comme le probable successeur d'Édouard, mais il a également divisé sa propre famille : Tostig s'est réfugié auprès du roi de Norvège Harald Hardrada.

Édouard le Confesseur meurt le 5 janvier 1066. Harold déclare que le roi lui a promis la couronne sur son lit de mort, et le Witenagemot approuve son couronnement, qui a lieu le lendemain. Guillaume de Normandie et Harald de Norvège entreprennent chacun des préparatifs pour une invasion : le premier affirme que le royaume lui a été promis par le roi défunt, ainsi que par Harold, tandis que le second s'appuie sur un accord conclu entre Harthacnut, le prédécesseur d'Édouard, et son oncle Magnus selon lequel les possessions du premier à mourir devaient revenir à l'autre.

Harald et Tostig débarquent en Angleterre le 20 septembre et défont les comtes Edwin de Mercie et Morcar de Northumbrie à la bataille de Fulford, près d'York. Harold est pris par surprise par l'arrivée d'une armée hostile dans le Nord du royaume : il se trouve alors dans le Sud, attendant l'arrivée de la flotte de Guillaume. Il réunit rapidement autant d'hommes qu'il peut et les conduit à marche forcée vers le nord. L'armée d'Harold couvre la distance en quatre jours, prenant les Norvégiens par surprise : le 25 septembre, ces derniers sont vaincus à Stamford Bridge, et Harald et Tostig trouvent la mort au combat. Selon Henri de Huntingdon, avant l'affrontement, Harold aurait offert à son frère de lui rendre son comté s'il le rejoignait. Tostig lui aurait demandé ce que recevrait le roi de Norvège pour ses peines, et Harold aurait répondu : « Six pieds de terre, ou même autant qu'il lui sera nécessaire, étant donné qu'il est plus grand que la moyenne. »

Guillaume débarque à son tour à Pevensey le 28 septembre, avec environ 7 000 hommes. L'armée anglaise doit parcourir 250 milles en l'espace de quelques jours à peine pour l'intercepter. Harold fait édifier des fortifications sommaires en terre près d'Hastings et s'y retranche. Les deux armées s'affrontent à la bataille d'Hastings, près du village de Battle, le 14 octobre. Harold est tué, et son armée mise en déroute. Ses frères Gyrth et Léofwine sont également tués dans la bataille.

Selon la tradition et tel que le décrit la Tapisserie de Bayeux, c'est d'une flèche dans l'œil que Harold perd la vie. Que Harold ait effectivement été tué de cette façon reste incertain, car cette mort est traditionnellement associée au parjure au Moyen Âge. Toujours d'après la tradition, on fait venir la maîtresse de Harold, Édith au Col de cygne, pour identifier le corps du roi, ce qu'elle fait à l'aide d'une marque de naissance connue d'elle seule, son visage étant défiguré au point d'être méconnaissable.

Selon le chroniqueur normand Guillaume de Poitiers, la bannière de Harold, livrée par Guillaume le Conquérant au pape Alexandre II, représente un homme en armes brodé en or. Cependant, la Tapisserie de Bayeux montre Harold combattant sous une bannière représentant une vouivre, peut-être le dragon du Wessex.



Edgar Ætheling ou Atheling 

Edgar Ætheling ou Atheling est le dernier descendant mâle de la maison royale de Wessex issue de Cerdic.

Il est le fils unique d’Édouard l'Exilé († 1057) et de son épouse Agathe, qui vivent la majorité de leur vie en Hongrie. Son père est le fils et héritier d’Edmond II Côte de fer, roi d’Angleterre en 1016, mort la même année.

Knut Ier d'Angleterre, vainqueur d'Edmond, voulait assurer son autorité en faisant assassiner le petit Édouard âgé de quelques mois mais des proches le mirent en sécurité à Kiev. Édouard l'Exilé épousa Agathe, et mourut en 1057, peu après son retour en Angleterre. Edgar, probablement né en Hongrie, pouvait alors à son tour prétendre à la couronne, mais il n’avait que six ans.

Il existe quelques preuves qu’Édouard le Confesseur, son grand-oncle, voulait qu'il lui succède. Mais pour les sources contemporaines, à sa mort en 1066 le roi transmet son royaume à Harold Godwinson. De toute façon, le couronner n'est pas une option réaliste, car il est trop jeune et n'a surtout pas l'assise politique et le soutien d'une famille puissante telle que celle des Godwinson. Après la mort d’Harold II à la bataille d'Hastings, quelques mois plus tard, sa candidature au trône est prise sérieusement, et à Londres, les citoyens et l'archevêque Ealdred d'York souhaitent qu'il soit couronné. Mais il n'arrive pas à obtenir le soutien ferme des deux plus puissants comtes survivants du royaume, Edwin de Mercie et Morcar de Northumbrie. En décembre à Berkhamsted, il se soumet au duc Guillaume le Conquérant en même temps que d'autres évêques et comtes.

Il est emmené en tant qu'otage en Normandie par Guillaume le Conquérant en 1067 avec entre autres les comtes Edwin, Morcar et Waltheof. Il est de retour en Angleterre à la fin de l'année, libre et accepté à la cour royale. Il s'enfuit de la cour avec sa famille en 1068, en même temps que les comtes Edwin de Mercie et Morcar de Northumbrie, et se réfugie à la cour d'Écosse. Il se joint à leur rébellion en 1069-1070, et participe à l'attaque sur York avec une armée danoise débarquée à l'été 1069. À l'arrivée du Conquérant, il s'enfuit et trouve refuge en Écosse. Il est obligé d'accepter que sa sœur Marguerite épouse le roi d'Écosse Malcolm III probablement en 1070.

Après le traité d'Abernethy (1072) entre les rois anglais et écossais, il part d'Écosse et en 1074, il est en Flandre. Cette même année, il retourne en Écosse, puis en France. Philippe Ier l'accueille dans l'espoir de se servir de lui pour provoquer des troubles en Normandie. Il lui offre le château de Montreuil à partir duquel il pourra effectuer des raids. Mais il ne prend pas possession du château ayant fait naufrage sur le chemin. Il préfère alors rentrer en Écosse.

Il se réconcilie avec Guillaume le Conquérant, et il est de nouveau le bienvenu à la cour d'Angleterre. D'après Guillaume de Malmesbury qui le critique de manière peu amène, il reçoit quelques terres et propriétés, ainsi qu'une pension journalière d'une livre qu'il échange contre un cheval. C'est probablement durant cette période qu'il se lie d'amitié avec Robert Courteheuse, le fils aîné du roi, car il est écrit, par Orderic Vital, que les deux s'entendent comme des frères.

En 1086, il est autorisé à lever une force de 200 hommes pour aller combattre en Apulie (Italie du Sud). De retour en Normandie, Robert Courteheuse, désormais duc de Normandie après la mort de son père en 1087, lui permet de s'installer et lui donne des terres. En 1091, Guillaume le Roux, qui a succédé au Conquérant sur le trône d'Angleterre, et son frère Robert Courteheuse règlent leur différends par le traité de Caen. Guillaume obtient de son frère qu'Edgar soit dépouillé de ses terres et expulsé, n'appréciant visiblement pas son indépendance. Edgar n'a pas d'autre solution que d'à nouveau se réfugier en Écosse. Il incite alors son hôte à envahir le nord de l'Angleterre. Guillaume le Roux, aidé par son frère Robert, mène alors une campagne contre les Écossais. Edgar et Robert négocient un accord pour les deux rois, et repartent ensemble en Normandie, le 23 décembre 1091.

Toutefois, Guillaume le Roux se réconcilie avec Edgar en 1093. Après la mort de Malcolm III d'Écosse cette même année, Donald monte sur le trône écossais et est particulièrement hostile au roi anglais. Guillaume le Roux reconnaît alors Edgar, le neveu d'Edgar Atheling, comme roi d'Écosse. En 1095, Edgar accompagne le roi anglais dans sa campagne pour soumettre Robert de Montbray, le comte de Northumbrie, qui avait fomenté une conspiration contre lui. Fin 1097, Edgar est mis à la tête de l'armée anglo-normande qui envahit l'Écosse pour mettre son neveu Edgar sur le trône écossais

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