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La bataille de Baecula -208

Après les lourdes pertes subies par Rome en Hispanie avec la mort des frères Scipion en 211 av. J.-C., la situation semblait désespérée. Cependant, Publius Cornelius Scipion, fils de l'un des généraux tués, prit le commandement des forces romaines en Hispanie en 210 av. J.-C. et mena une campagne audacieuse. En 209 av. J.-C., il captura Carthagène, un point stratégique majeur, consolidant ainsi la position romaine et obtenant le soutien des tribus ibériques grâce à la libération des otages détenus par les Carthaginois.

En 208 av. J.-C., Scipion s’efforça de déloger les trois armées carthaginoises stationnées en Hispanie pour éviter qu'elles ne renforcent Hannibal en Italie. Parmi elles, l'armée d'Hasdrubal Barca, frère d’Hannibal, se trouvait dans une position défensive près de Baecula, dans le sud de la péninsule. Hasdrubal préparait une expédition pour rejoindre Hannibal avec des troupes et des ressources.

Déroulement de la bataille

  1. Position défensive carthaginoise :
    Hasdrubal avait établi son camp sur un plateau naturellement protégé par une rivière à l’arrière et des pentes escarpées en avant. Les troupes légères étaient positionnées sur un niveau inférieur pour repousser les premières attaques, tandis que son infanterie lourde et ses éléphants étaient situés sur la partie supérieure.

  2. Approche prudente de Scipion :
    Scipion, conscient de la difficulté d'attaquer une telle position, hésita dans un premier temps. Mais, pour éviter que Hasdrubal ne reçoive des renforts ou ne traverse les Pyrénées, il lança l’attaque au troisième jour. Il bloqua d'abord les voies d'accès à la vallée pour sécuriser ses arrières.

  3. Offensive romaine :

    • Les vélites romains engagèrent les troupes légères carthaginoises dans la vallée. La discipline et l'équipement supérieur des Romains leur permirent de repousser ces forces malgré la difficulté du terrain.
    • Scipion divisa ensuite son infanterie lourde en deux ailes pour une manœuvre en tenaille. Lui-même dirigea l'aile gauche, tandis que Caius Laelius commandait l'aile droite.
    • Hasdrubal, pensant à une simple escarmouche, ne mobilisa pas correctement ses troupes principales, ce qui permit aux légionnaires romains de percer les défenses carthaginoises.
  4. Retraite d’Hasdrubal :
    Bien que son armée subît des pertes, Hasdrubal parvint à s'échapper avec ses éléphants, ses bagages et le cœur de ses troupes. Le pillage du camp carthaginois par les soldats romains permit cette retraite.



Conséquences

  1. Retraite d’Hasdrubal vers l’Italie :
    Hasdrubal traversa les Pyrénées pour rejoindre Hannibal en Italie, mais sa progression fut ralentie, et il perdit le soutien de nombreuses tribus ibériques, qui passèrent du côté romain.

  2. Critiques envers Scipion :
    Certains historiens considèrent que Scipion aurait dû poursuivre Hasdrubal pour l'empêcher de rejoindre Hannibal. Cependant, cette décision aurait exposé son armée aux deux autres armées carthaginoises encore présentes en Hispanie, ce qui aurait pu être désastreux.

  3. Consolidation de la domination romaine :
    La victoire de Baecula permit à Scipion de renforcer son contrôle sur le sud de l’Hispanie, ouvrant la voie à la conquête de la vallée du Guadalquivir. Cette région stratégique devint une source majeure de richesses et de ressources pour Rome.

  4. Renversement des alliances ibériques :
    Après Baecula, de nombreuses tribus ibériques, impressionnées par la victoire romaine et séduites par la clémence de Scipion, se rallièrent à Rome, affaiblissant encore davantage la position carthaginoise.

  5. Impact sur la guerre globale :
    Bien qu’Hasdrubal ait réussi à rejoindre l’Italie, sa défaite à la bataille du Métaure (207 av. J.-C.) mit fin à l’espoir de Carthage de renforcer Hannibal. En Hispanie, la victoire de Baecula marqua une étape décisive vers la domination romaine, prélude à la victoire finale à Zama en 202 av. J.-C.



Sources :

  • Polybe, Histoires (Livre X).
  • Tite-Live, Histoire Romaine (Livre XXVII).
  • Appien, Histoire romaine : Guerres Ibériques.
  • Historien moderne : Adrian Goldsworthy, The Punic Wars.


Auteur : Stéphane Jeanneteau

Janvier 2011


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