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La bataille de Gergovie -52

Le siège de Gergovie, en 52 av. J.-C., est une des batailles principales de la Guerre des Gaules. Elle vit les forces gauloises rassemblées sous la conduite de Vercingétorix repousser victorieusement les assauts des légions romaines de Jules César, qui assiégeaient l'oppidum de Gergovie, à proximité de la cité arverne de Nemossos (l'actuelle Clermont-Ferrand).

Le récit de la bataille dépend avant tout de celui de César, source qui n'est évidemment pas objective et tente de masquer au mieux la défaite. Comme pour le reste du récit césarien, il faut donc prendre le texte de César avec la critique historique nécessaire.


FORCES EN PRÉSENCES

Jules César dispose de 6 légions ; les 4 autres sont sous le commandement de Labiénus qui mène des batailles plus au nord contre les Parisii et les Sénons. Ses alliés gaulois sont de moins en moins nombreux et leur fidélité plus fragile. Les dirigeants des cités gauloises se sont divisés, y compris au sein des alliés les plus fidèles, les Éduens. À Decize, César, au retour d'Avaricum, est intervenu dans les affaires politiques des Éduens et pensait les avoir réglées en sa faveur en choisissant Convictovitalis comme magistrat suprême des Éduens. 


Avec les Arvernes, César se trouve confronté à l'un des peuples les plus prestigieux et les plus puissants. L'archéologie a récemment révélé la densité de l'occupation humaine antique dans la plaine de la Limagne et ses abords. Elle a aussi confirmé les témoignages antiques, essentiellement celui de Posidonios, sur le faste des rois arvernes de la fin du IIe siècle avant notre ère. Si les Arvernes avaient été déjà vaincus par les Romains lors de la conquête de la future Narbonnaise, et étaient restés prudemment neutres lors des débuts de la guerre des Gaules, leur puissance et leur richesse étaient toujours considérables. César cependant espérait peut-être que des dissensions éclateraient au sein des Arvernes : la prise de pouvoir de Vercingétorix était récente et des notables arvernes s'y étaient opposés, comme Gobanitio, l'oncle de Vercingétorix. 

Mais du côté Gaulois la légitimité de Vercingétorix semble s'être accrue, et la défaite d'Avaricum a entériné son discernement et son sens stratégique plus qu'elle n'a entamé le moral des Gaulois dont les pertes sont annulées par des ralliements. Le décompte exact des forces gauloises est inconnue, mais la plus grande partie des forces de la coalition était présente revenue depuis Avaricum et renforcée de récents ralliement, comme celui des Nitiobroges venus d'Aquitaine ou des Rutènes et des Gabales venu du sud du pays arverne 

César et ses troupes arrivèrent sur place depuis le nord en suivant le cours de l'Allier sur la rive droite. Après un franchissement de l'Allier qui nécessita la ruse, César parvint en quatre étapes à Gergovie. 


DISPOSITIONS DES TROUPES

L'oppidum (70ha) et les sommets voisins sont occupés par les troupes de Vercingétorix. Compte tenu des difficultés d'accès à l'oppidum constatées par César, le siège de la ville n'est décidé qu'après avoir assuré l'approvisionnement des troupes. César fait d'abord construire un grand camp et cherche à améliorer ses positions, d'autant plus que des engagements réguliers ont lieu. Il utilise alors deux légions pour déloger une troupe gauloise d'une colline proche de l'oppidum. Il y fait installer un petit camp ainsi qu'un double fossé de douze pieds de large qui permet aux Romains de circuler entre les deux camps en étant protégés des forces ennemies. 


LA CAVALERIE ÉDUENNE

À ce moment là du siège, César dispose encore du soutien des Éduens qui doivent lui envoyer des cavaliers. Toutefois, c'est sans compter sur Convictolitavis qui tente de faire comprendre à certains jeunes Éduens — notamment Litaviccos — que leur aide serait plus précieuse aux Gaulois qui se battent pour l'indépendance de leurs territoires. C'est ainsi que les Romains doivent faire face à la défection de ce peuple qui était jusqu'alors leur principal soutien. Derrière les motivations de ce retournement, telles que rapportées par César - corruption et volonté d'indépendance - il faut deviner un basculement politique dans le cadre de luttes politiques internes aux cités gauloises (voir S. Lewuillon, 1999). 

La menace est grave : la cavalerie éduenne pourrait prendre à revers les Romains et elle compte dix mille hommes. C'est donc un piège décisif qui peut se refermer sur l'armée romaine. César, mis au courant de cette action par Eporédorix, un notable éduen, quitte immédiatement sa position à Gergovie pour aller à l'encontre de ces Éduens. Il prend pour cela la tête de quatre légions et de toute la cavalerie. Deux légions seulement restent aux camp, dirigées par le légat Caius Fabius. César parvient à ramener une grande partie des troupes éduennes à l'alliance romaine alors que celles mises sous le commandement de Litaviccos ont tôt fait d'atteindre l'oppidum de Gergovie. 

Durant l'absence de César, les Gaulois attaquent les camps romains. César, informé de cette attaque, rentre de nuit vers Gergovie et les camps romains. Il arrive avant le lever du soleil. Bien qu'inférieurs en nombre aux assaillants gaulois, les troupes de Fabius ont tenu, en particulier grâce à leur artillerie (catapultes et balistes, voir figure 3). Le piège qui aurait pu anéantir César et ses troupes a été déjoué, mais la position romaine n'en est pas meilleure pour autant. 



L'ÉCHEC DE LA TENTATIVE D'ASSAUT ROMAINE

César tente ensuite une ruse pour vaincre l'assiégé ; il feint de vouloir prendre une colline qui auparavant était envahie de Gaulois. Pour cela, il y envoie des troupes ainsi que des légionnaires déguisés en cavaliers. Pendant ce temps il fait passer le gros de ses troupes du grand camp au petit camp grâce au double fossé. Les Éduens qu'il a réussi à rattacher à son mouvement font une attaque par la droite en sortant du grand camp. 

Cela semble fonctionner jusqu'au moment où César, à la tête de la dixième légion, sonne la fin. La topographie déjouant ses plans, bon nombre d'entre ses troupes n'entendent pas ce signal et continuent à se battre jusqu'au dessous des remparts, notamment des soldats de la huitième légion. De plus, ils confondent les Éduens qui manœuvraient en diversion sur leur flanc avec les assiégés, ce qui provoque leur retraite dans de très mauvaises conditions. L'armée romaine essuie alors des pertes importantes. Elle ne rétablit sa position que lorsque les soldats qui étaient parvenus jusqu'au rempart et avaient pu en réchapper firent la jonction avec la dixième légion et des troupes de la treizième. Vercingétorix n'a pas lancé de poursuite plus avant, c'est la fin de la bataille. Le siège n'est plus tenable les risques sont trop grands compte-tenus des troupes rassemblées par César. 

L'issue du siège est favorable aux Gaulois. Jules César admet une perte d'environ sept cent hommes dont quarante-six centurions. 


LA RETRAITE VERS LE NORD DE LA GAULE

César décide de quitter les lieux en faisant croire qu'il part pour soutenir Labiénus dans ses batailles et ne montre nullement qu'il vient de faire face à un échec important. Après avoir tenté en vain de provoquer une bataille en rase-campagne, les Gaulois étant restés dans l'oppidum, et ne sortant que pour quelques escarmouches, César et ses armées quittent l'Auvergne en reprenant l'itinéraire longeant l'Allier. Les cavaliers éduens quittent la colonne de César : l'alliance avec les Éduens est morte. 

Si le chef romain a évité le piège consécutif au retournement politique des Éduens, réussissant in extremis et momentanément à reprendre le contrôle de leur cavalerie, il a échoué à reprendre le contrôle total de la situation et il doit manœuvrer dans des contrées de plus en plus hostiles. 


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