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La guerre antiochique -192 -188

Le roi Antiochos III menait une politique de restauration de la puissance séleucide qui l'amena à intervenir en Asie Mineure et en Thrace, se heurtant au royaume de Pergame, allié de Rome, dès -198. Une fois la guerre terminée en Cœlé Syrie, et profitant de la guerre entre les Romains et la Macédoine, alors en phase finale, il put entreprendre à partir du printemps -197 des opérations en Anatolie, parvenant jusqu'à l'Hellespont au début de 196, puis occupant les Détroits, soumettant les cités grecques autonomes ou anciennement sous autorité lagide ou macédonienne. Il fit d'Éphèse sa base navale principale.

Cette situation inquiétait les autres puissances anatoliennes, dont Pergame et Rhodes ; deux cités grecques, Lampsaque et Smyrne, refusèrent de se soumettre et firent appel à Rome, qui venait de soumettre la Macédoine. Passé en Thrace au printemps 196, Antiochos envoya une ambassade aux Romains, qui les rencontra aux jeux isthmiques, au cours desquels Flamininus énonça le principe de la liberté des Grecs ; les Romains interdirent à Antiochos de s'en prendre aux Grecs d'Asie Mineure et d'envoyer une armée en Europe. Peu après, une conférence eut lieu à Lysimachéia, mais elle n'aboutit pas, chacun campant sur ses positions. En -195, Antiochos accueillit à sa cour Hannibal, ennemi notoire des Romains, ce qui renforça leur méfiance. En -194, les dernières légions évacuèrent la Grèce après avoir aidé leurs alliés achéens à vaincre Sparte dans la guerre contre Nabis.

La ligue étolienne, alliée de Rome au cours de la précédente guerre contre la Macédoine, n'était pas satisfaite des termes du traité de paix, ce qui avait provoqué une tension avec les Romains. La ligue étolienne chercha à mettre sur pied une coalition anti-romaine et se rapprocha du tyran de Sparte, Nabis, qui avait pu se maintenir au pouvoir malgré sa défaite.

Le déclenchement de la guerre

Le fait déclencheur de la guerre est considéré par Polybe, comme le débarquement des troupes (pas assez nombreuses selon Hannibal) d'Antiochos à Démétrias. Mais plus généralement, on considère que le massacre d'une troupe de 500 soldats romains dans un sanctuaire grec détruisent les derniers espoirs d'éviter la guerre.

Appelé par les Étoliens qui lui promettaient le ralliement d'une grande partie des Grecs, Antiochos débarqua en octobre 192 à Démétrias. L'armée qu'il amenait était beaucoup moins importante que ce qu'espéraient les Étoliens, tandis que les ralliements grecs furent rares contrairement à ce que ceux-ci avaient fait espérer à Antiochos. Athènes conserva sa neutralité tandis que la ligue achéenne, fidèle à l'alliance romaine, déclara la guerre à Antiochos et aux Étoliens.

Les Romains ne possédaient pas au début du conflit de forces importantes sur place, et Antiochos et les Étoliens remportèrent plusieurs succès dont la prise de Chalcis et de Démétrias. Les premiers renforts romains arrivèrent fin 192 d'Illyrie, sous le commandement de M. Baebius, qui rejoint Philippe V à Larissa. Il fut suivi début 191 par Manius Acilius Glabrio avec 20 000 hommes. Les alliés romains et macédoniens remportèrent une série de succès, dégageant la Thessalie, envahissant l'Athamanie et atteignant le golfe lamiaque. Antiochos tenta alors de leur barrer le chemin vers la Grèce centrale en se retranchant aux Thermopyles, mais fut battu et dut s'enfuir vers l'Eubée, d'où il repartit en Asie en avril.

Les Romains se tournèrent ensuite vers l'Étolie. Après la chute d'Héraclée Trachinienne, des négociations s'ouvrirent, mais les conditions romaines furent refusées par l'assemblée fédérale et Acilius mit le siège à Naupacte. Dans le Péloponnèse, les Achéens s'étaient tournés contre les deux seules cités leur échappant encore, Élis et Messène. La première accepta de négocier mais la seconde subit un siège par les Achéens. Des frictions entre Romains et Achéens se produisirent à cette occasion : les Achéens menés par Philopœmen entendaient agir seuls, en tant qu'alliés à égalité avec Rome, tandis que le représentant romain, Flamininus, cherchait à imposer son patronage sur les affaires grecques. Il fit ainsi lever le siège de Messène, après avoir reproché au stratège achaien de l'avoir entrepris sans son autorisation, mais fit néanmoins adhérer la ville à la ligue ; Élis adhéra elle aussi peu après plus ou moins spontanément. Les Romains occupèrent aussi l'île de Zakynthos, que le gouverneur venait de vendre aux Achéens après l'élimination de son précédent propriétaire, Amynandros d'Athamanie.

De son côté Philippe V profitait de la situation pour récupérer de nombreux territoires aux dépens des Étoliens, dont Démétrias, ce qui finit par indisposer les Romains. Le siège de Naupacte s'avérant infructueux, Flamininus poussa le consul à y renoncer pour se tourner vers Antiochos et mettre fin aux opérations de Philippe. Des négociations s'ouvrirent et les hostilités cessèrent donc provisoirement en Grèce au début de l'automne -191.

En -190, la poursuite des opérations fut confiée aux frères Scipion, qui arrivèrent en Grèce avec de nouveau renforts au printemps. La guerre venait de reprendre avec les Étoliens qui avaient refusé les conditions du Sénat ; désireux de se tourner le plus rapidement possible vers Antiochos, les Scipion poussèrent à la conclusion d'un nouvel armistice afin de reprendre les négociations. S'étant assurée de l'attitude de Philippe V, l'armée romaine traversa ensuite la Thessalie et la Macédoine en direction des Détroits.


La guerre navale

Après la défaite d'Antiochos III en Europe, la domination dans l'Égée devint un enjeu important du conflit car elle conditionnait le passage des armées romaines en Asie, qu'elle choisissent de passer par les Détroits ou de traverser directement la mer. Les flottes alliées romaine, pergaménienne et rhodienne opérèrent ainsi à partir de l'été 191 au large des côtes anatoliennes. Un premier succès pergaméno-romain au début de l'automne au large du cap Korykos, près d'Érythrées permit aux alliés d'occuper les rives de l'Hellespont, mais la flotte dut ensuite revenir vers le sud à la suite de la destruction de la flotte rhodienne à Samos, due à une trahison. Des combats indécis opposèrent ensuite les ennemis le long des côtes anatoliennes pendant plusieurs mois.

Après la bataille de Magnésie du Sipyle 

Après la défaite, le Roi Séleucide Antiochos III (223-197) se dirigea avec un poignée de soldats restants à Sardes (la capitale Lydienne), qu'il quitta rapidement pour Apamée. Bien qu'il laissa le contrôle des différentes villes majeures (comme Sardes et Éphèse) sous le commandement de certains de ses Généraux. Les différents habitants des villes reconnurent la puissance de Rome et préférèrent s'y soumettre plutôt que de subir un long siège. Ainsi, les Gouverneurs Séleucide durent abandonner les villes. Le Consul Lucius Cornelius Scipion se dirigea avec grande partie de son armée, y compris son allié le Roi de Pergame Eumène II  sur Sardes. Là, les Romains se mirent d'accord avec des Ambassadeurs d'Antiochos III pour ouvrir des négociations. 

Lucius fut très rapidement rejoint dans la ville par son frère Publius (Qui avait guéri de sa maladie) et quelques jours après par la délégation Séleucide composée par les Généraux Zeuxis (Qui avait été nommé Gouverneur provisoire de la Lydie) et Antipater qui se présentaient à Sardes, en tant que principaux représentants du pouvoir royale, pour négocier la paix avec Rome. Ce fut Publius qui présenta les conditions. Selon Tite-Live, les conditions avaient été déjà rédigées par les Romains, avant l'arrivée des Ambassadeurs :


   "[…] aujourd'hui que nous sommes vainqueurs et vous vaincus, nous ne changeons rien à ces conditions. Renoncez à toute possession en Europe, abandonnez toute l'Asie au-delà du mont Taurus. Pour les frais de la guerre, vous nous donnerez quinze mille talents, dont cinq cents comptant, deux mille cinq cents lorsque le Sénat et le peuple Romain auront ratifié la paix et les douze mille autres en douze paiements égaux, d'année en année. Vous paierez aussi quatre cents talents à Eumène [...]" (Tite-Live, Livre XXXVII, 37, 45).

De plus, Scipion demanda qu'on remette à Rome 20 otages entre autre Hannibal Barca  et l'Étolien Thoas (Un des chefs principaux ayant guidé les rebellions Étoliennes et s'étant réfugié à la cour d'Antiochos III). 

Ces conditions ne prirent une valeur officielle (Surtout en ce qui concerne l'abandon des territoires) que durant le traité d'Apamée en 188 av.J.C. Bien que l'Empire Séleucide ait subit une grosse perte de territoires, il se maintint sous Antiochos III tout de même assez "stable". Cependant, la mort du Roi ne fut pas du tout glorieuse. Il fut tué durant le pillage du trésor d'un temple du royaume d'Élymaïs en Perse, lors de sa campagne militaire contre le Luristan. Ce ne fut vraiment qu'avec la mort d'Antiochos IV Épiphane (175-164, fils cadet d'Antiochos III) en 164 que commencera le vrai déclin de l'Empire Séleucide. 

De son côté, Rome n'avait aucun intérêt à maintenir ses légions en Asie Mineure. Elle les retira donc en 189, tout en laissant ses alliées, Pergame et Rhodes, plus puissantes que jamais avec leurs nouveaux territoires acquis. En ce qui concerne Lucius, il reçut un grand triomphe à Rome, ainsi que le surnom "d'Asiaticus". Cependant, sa fin ne fut également pas mémorable. En effet, il fut accusé d'avoir encaissé pour son propre compte une partie des indemnités payées par Antiochos III. Les accusations l'affaiblirent politiquement, le laissant ainsi (Lors de ses dernières années de vie) dans une "crise financière". 

Publius Cornelius Scipion Africanus, le "grand sauveur de Rome" s'était fait durant sa carrière militaire et politique beaucoup d'ennemis. Malheureusement, sa "clémence" envers Antiochos III lui apporta à son tour de nombreuses accusations. Bien que le Sénat ne puisse rien prouver contre lui, les dégâts avaient été faits et Publius se retira de la scène politique à Liternum (Actuelle Lago Patria en Campanie, Italie) où il y mourut humblement, sans recevoir aucun triomphe. On peut donc conclure qu'indirectement, la Guerre Antiochique impliqua les plus grands commandants et conquérants de l'époque, ainsi que l'une des plus grandes confrontations entre légionnaire et phalangiste. 

Hannibal Barca chercha refuge chez le Roi de Bithynie Prusias I Cholus "le Boiteux" (ou Prousias, 229-182). Celui-ci le nomma commandant de sa flotte. Il ne regretta pas son choix vu qu'Hannibal réussit à battre la flotte de Pergame en 184 durant une bataille navale. Rome dut alors menacer Prusias I pour que celui-ci lui remette son Amiral. En 183 il le livra à Rome pour éviter les représailles. Hannibal Barca afin de ne pas tomber entre les mains de ses anciens ennemis, s'empoisonna (Certains historiens mentionnent aussi une mort causée par l'infection d'une blessure). 

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