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Les guerres de Mithridate -88 -66

Il y a trois guerres de Mithridate entre la République romaine et le Royaume du Pont durant le ier siècle av. J.-C.. Elles sont nommées d'après Mithridate VI, roi du Pont et célèbre ennemi de Rome.

  • Première guerre de Mithridate (-88 à -84). Les légions romaines sont commandées par Lucius Cornelius Sylla. Les batailles les plus significatives sont la bataille de Chéronée et la bataille d'Orchomène en -86. La guerre se termine avec la victoire romaine et la paix de Dardanos en -85.
  • Deuxième guerre de Mithridate (-83 à -81). Les armées romaines sont commandées par Lucius Licinius Murena. La guerre se termine après une défaite incertaine et l'ordre de désengagement de Sylla.
  • Troisième guerre de Mithridate (-75 à -63). Les armées romaines sont commandées par Lucius Licinius Lucullus (-75 à -66) puis par Pompée (-66 à -63). La guerre se termine par la défaite et le suicide de Mithridate VI en -63.

Les forces du royaume du Pont sont détruites, Rome affirme son pouvoir sur l'Asie Mineure.


Pièce de monnaie en argent à l'effigie de Mithridate VI.


Relèvement du royaume du Pont sous Mithridate VI

Montant sur le trône en 112 av. J.-C., Mithridate VI Eupator avait 20 ans. Il emprisonne sa mère, régente abusive, ainsi que son frère. Son royaume est alors complètement sclérosé, déchu du rang qui avait été le sien lorsqu'il était dirigé par son père, Mithridate Evergète. Mais le royaume se relève sous son impulsion, devenant à nouveau grand et fort, à l'image de son roi. À peine a-t-il soumis l'Euxin qu'il prépare déjà la conquête de l'Asie Mineure. Les succès et les victoires de Mithridate et de son allié arménien Tigrane II incitent les Romains à réagir.


La Cappadoce, objet de convoitise

Mithridate veut s'assurer le contrôle du royaume de Cappadoce. En -99, après en avoir assassiné le roi, son neveu Ariarathe VII, il met sur le trône son propre fils Ariarathe IX. Le roi de Bithynie, Nicomède III, que les menées de son voisin Mithridate inquiètent, soutient un autre prétendant au trône de Cappadoce. L'affaire est soumise à l'arbitrage du Sénat romain, qui rejette les deux prétendants et accorde la liberté aux Cappadociens. Ces derniers, qui veulent malgré tout un souverain, choisissent Ariobarzane. Mithridate persuade alors son allié arménien, Tigrane II, de le chasser du trône. Réfugié à Rome, Ariobarzane convainc le Sénat romain de le restaurer. L. Cornelius Sylla, proconsul de Cilicie, est chargé de diriger l'expédition. À la tête d'une petite armée, il balaye les troupes arméniennes. Il remet Ariobarzane sur le trône et noue des liens diplomatiques avec le roi des Parthes, un autre Mithridate, suzerain du roi d'Arménie, qui s'abstient de réagir face aux Romains. Le roi du Pont est le grand perdant de cette campagne, car son alliance avec les Arméniens est mise à mal. Au début de l'année -91, la domination romaine sur l'Asie Mineure paraît solidement établie. Mithridate et Nicomède IV (roi de Bithynie) restent indociles, mais rejetés derrière leurs frontières.


Nouvelle donne

C'est alors que survient ce qui a été appelé « la Guerre sociale », comme un coup de tonnerre, fin -91. Rome doit alors rappeler, menacée de l'intérieur comme elle l'est, les contingents maritimes de ses alliés. La Macédoine, désormais sans défense, est laissée aux ravages des Thraces. Pour Mithridate, comme pour tous les autres dirigeants asiatiques, cette brusque explosion est une surprise ; par ailleurs, elle arrive bien trop tôt dans ses plans. Sa flotte est encore en chantier, et la moitié de son armée guerroie au nord ; son faisceau d'alliance n'est pas encore totalement constitué. Mais il ne peut se permettre de ne pas profiter de la situation, et d'agir en Asie Mineure.

Après avoir vainement tenté de faire assassiner Nicomède IV de Bithynie, Mithridate lui oppose son demi-frère réel ou supposé, Socratès Chrèstos, et le chasse, tandis qu'en Cappadoce, Mithras et Bagoas (sans doute deux Arméniens) expulsent une nouvelle fois Ariobazarne. Les deux rois ainsi détrônés, en exil, se rendent ensemble à Rome pour plaider leur cause et supplier le Sénat de les aider.

Mithridate pense que les Romains sont trop occupés par leur crise intérieure, et qu'ils laisseront les rois qu'il a installés affermir leur pouvoir et leur trône. Sylla lui reprochera ce calcul plus tard lors d'une entrevue : « Quand tu as entendu que l'Italie s'était révoltée contre nous, tu as saisi l'occasion alors que nous étions occupés, pour tomber sur Ariobarzane, Nicomède, la Galatie, la Paphlagonie, et finalement sur notre province asiatique ».

Mais en Italie, le gros de la crise est passé, et Rome réagit bien plus vite que ne l'a escompté le roi du Pont. Les rois déchus sont reçus à Rome. Une ambassade spéciale, menée par le consul Manius Aquilius est envoyée sur place. Lucius Cassius, proconsul d'Asie en -89, qui a une petite armée sous son commandement, est chargé d'assister les ambassadeurs dans leur mission. Mithridate cède une fois encore, et les deux rois sont remis sur leur trône sans affrontement. Mais Aquilius, déterminé à tirer soit gloire, soit fortune de cette expédition, en est fortement frustré, et cherche à ranimer les animosités. Il demande à Mithridate de payer les frais de l'expédition. Mithridate s'y refuse, s'estimant plus le créancier de Rome que son débiteur. Aquilius se tourne alors vers les deux rois de Bithynie et de Cappadoce pour en obtenir un paiement. Comme leur trésor personnel est complètement à sec, Aquilius et Cassius leur suggèrent de rétablir leurs finances aux dépens de Mithridate, en ravageant son territoire. Ariobarzane s'abstient, plus pleutre que rancunier. Mais Nicomède, sous la pression des Romains, opte pour la guerre et envahit le territoire du Pont, jusqu'à Amastris. Cette agression aurait pu dégénérer, mais Mithridate se montre plus fin : il se borne à protester officiellement.


Mauvais calculs

Les Romains n'ignorent rien des préparatifs de Mithridate. Son armée devient forte, mais les Romains le sous-estiment, voyant dans sa prudence une faiblesse. Pélopidas, envoyé par Mithridate, demande aux Romains soit de mettre un frein aux agissements de Nicomède, soit de porter assistance à leur allié Mithridate, soit de rester neutres et de laisser Nicomède et Mithridate régler leurs problèmes entre eux. Face à la réponse évasive des ambassadeurs romains, Mithridate occupe à nouveau la Cappadoce et remet Ariarathe IX sur le trône.

Pélopidas retourne vers les ambassadeurs romains et les incite à la prudence. Aquilius, par rapacité ou par ambition, sans s'en référer au Sénat et agissant de son propre chef, déclare que Mithridate devait respecter le territoire bithynien, à ses risques et périls. Quant à la Cappadoce, les Romains se chargent eux-mêmes d'y ramener Ariobarzane. Ce qui équivaut à une déclaration de guerre. Aquilius a engagé Rome dans une guerre dont il n'imagine pas une seule seconde l'ampleur future.


L'Asie mineure avant la Première guerre de Mithridate

En -88, Mithridate prend l'offensive. Il bat d'abord les troupes bithyniennes de Nicomède. Ensuite, les forces romaines en Asie mineure divisées en plusieurs corps sont écrasées par les troupes pontiques et arméniennes. Cassius, battu, se réfugie à Rhodes ; le proconsul de Cilicie, Quintus Oppius, est livré à Mithridate par les habitants de Laodicée ; Aquilius subit le sort le plus violent : après sa capture, il est promené sur un âne, puis on fait couler de l'or fondu dans sa gorge pour le punir de sa rapacité. Le cœur de la province d'Asie s'ouvre à Mithridate, qui se présente en libérateur et attise le sentiment anti-romain. Il lance un appel à l'extermination des résidents romains et italiens. Quatre-vingt mille personnes, hommes, femmes et enfants, sont massacrées, souvent de manière atroce. La flotte pontique, commandée par Archélaos, croise en mer Égée. Rhodes, dont les navires, bien qu'inférieurs en nombre, harcèlent la flotte de Mithridate, résiste à l'abri de ses remparts. Le roi finit par lever le siège. En revanche, Délos, où plusieurs milliers de Romains se sont réfugiés, est prise et vingt mille personnes y sont massacrées. Une grande partie de la Grèce continentale se rallie à Mithridate : les Lacédémoniens et toute la Béotie à l'exception de Thespies. À Athènes, les partisans du roi du Pont, dirigés par Aristion, prennent le pouvoir. Pour prix de leur collaboration, les Athéniens récupèrent le contrôle de Délos.


Premières réactions romaines

À Rome, où les nouvelles arrivent lentement, on ne s'inquiète pas trop. Les finances romaines ne sont pas brillantes, mais l'on se doit pourtant de réagir. Selon Appien on décide « de vendre les trésors que le roi Numa Pompilius avait destinés aux sacrifices des dieux ». La question qui agite le plus les esprits est celle du commandement de l'expédition. La lutte pour le commandement glorieux de cette campagne oppose deux hommes ambitieux : C. Marius et L. Cornelius Sylla. La guerre civile qui en découle retarde le départ du corps expéditionnaire de plusieurs mois. Marius parvient à évincer Sylla avec l'aide du tribun militaire L. Sulpicius, mais Sylla marche sur Rome et l'occupe militairement, tuant Sulpicius et chassant Marius. Il part à Capoue, où il retrouve ses troupes, et s'embarque dans les ports de l'Adriatique, au début de l'année 87 av. J.-C..


Débarquement de Sylla en Grèce

Métrophane, lieutenant d'Archélaos, lui-même général et ami de Mithridate, a ravagé la côte de la Magnésie, et menacé Démétrias, une place forte de Thessalie. Q. Bruttius Sura, légat du propréteur de Macédoine, attaque Métrophane à l'improviste, et récupère le butin entreposé sur l'île de Sciathos. Après cet exploit, Bruttius porte secours à Thespies, assiégée par Archélaos, un des meilleurs généraux pontiques et Aristion, tyran d'Athènes. L'affrontement a lieu à Chéronée, mais au bout de trois jours de lutte indécise, des contingents achéens et lacédémoniens obligent Bruttius à battre en retraite9 ; il attaque alors peut-être le Pirée, voire l'occupe brièvement. Il rejoint ensuite l'avant-garde de Sylla, commandée par le questeur Lucullus, qui lui demande de regagner la Macédoine.

Sylla débarque en Grèce à la tête d'environ 36 000 hommes. Les villes béotiennes qu'il traverse s'empressent de se ranger de son côté, ainsi que celles du Péloponnèse. Thèbes a tout lieu de regretter son soutien initial à Mithridate : Sylla confisque la moitié de son territoire. Il ne reste bientôt aux Pontiques que l'Attique et l'Eubée. Pour pourvoir aux dépenses militaires, Sylla s'empare des trésors des sanctuaires grecs.


Prise d'Athènes par Sylla

Archélaos et Aristion, face à cette armée d'envergure, renoncent au combat et se retranchent, Aristion à Athènes, et Archélaos dans le port du Pirée. Les Pontiques contrôlent complètement la mer, et le Pirée peut donc soutenir le siège aussitôt mis en place par Sylla. À Rome, Marius fait son retour, et sous son impulsion, Sylla est désavoué par ses pairs, déchu de son commandement, et déclaré ennemi public. Il doit donc vaincre ou mourir, et choisit la première solution. Le siège du Pirée est une opération d'envergure. Sylla fait construire des engins de siège pour s'attaquer aux épaisses murailles. Les Romains sont harcelés par des sorties des assiégés, qui, de surcroît, reçoivent des renforts par la mer, sans que leurs adversaires, qui n'ont pas de flotte, puissent l'empêcher. Les opérations, commencées en -87, se poursuivent en -86. Comme elles s'enlisent, Sylla reporte ses efforts sur Athènes. Contrairement au Pirée, la ville est coupée de tout ravitaillement et ses défenseurs sont affamés. Le 1er mars, la ville tombe pratiquement sans résistance. Sylla la livre à ses soldats qui la pillent de fond en comble et tuent de nombreux habitants. Aristion se barricade dans l'Acropole. Après la prise d'Athènes et la reprise du siège du Pirée, Archélaos abandonne la ville et se retire provisoirement dans la forteresse de Munychie. Sylla fait alors raser le Pirée. Mithridate a perdu sa principale base d'opération en Grèce.

Les auteurs antiques ne décrivent pas très clairement ce qui suit. Archélaos, qui a quitté l'Attique par voie de mer, marche ensuite vers le nord pour faire sa jonction en Thessalie avec deux autres armées pontiques. L'une est commandée par Dromichaitès. L'autre, qui opérait en Macédoine, sous les ordres d'un des fils de Mithridate, Arcathias, descend le long de la côte thessalienne. Après la mort d'Arcathias, des suites d'une maladie, Taxilus reprend le commandement de son armée. Archélaos rejoint Taxilus aux Thermopyles. Sylla marche également vers le nord à la poursuite d'Archélaos. Plutarque souligne que, bien qu'il soit périlleux d'abandonner l'Attique pour la Béotie, dont les plaines sont favorables à l'évolution de la cavalerie et des chars pontiques, les Romains manquent de ravitaillement et que Sylla souhaite faire sa jonction avec les quelque 6 000 hommes qu'Hortensius amène de Thessalie. Les troupes pontiques attendent ce dernier aux Thermopyles, mais il parvient à leur échapper.


Chéronée

Les deux généraux romains, Sylla et Hortensius, font leur jonction près de Daulis. Leur armée réunie campe sur une colline à l'est de la plaine du Céphise. Les forces en présence sont fortement disproportionnées : malgré les garnisons et détachements que Taxilus a dû laisser en route, son armée, unie à celle d’Archélaos, compte plus de 60 000 combattants, alors que Sylla et Hortensius ne disposent que de 15 000 fantassins et de 1 500 cavaliers. Selon Plutarque, Sylla renonce provisoirement à engager ses troupes, terrifiées à la vue de la multitude de leurs adversaires. Bien que nombreuses, il s'agit néanmoins de troupes fort hétéroclites, se composant de Thraces, de gens du Pont, de Scythes, de Cappadociens, de Bithyniens, de Galates, de Phrygiens, et d'autres venant de territoires nouvellement acquis à Mithridate. Tant Appien que Plutarque soulignent qu'Archélaos exerce le commandement suprême, mais que chaque contingent a son propre chef, ce qui nuit à l'ordre et à la discipline. Tandis que les Romains restent à l'abri de leurs retranchements, l’armée pontique se répand anarchiquement dans la région, pillant et saccageant les villes.

Sylla, pour occuper ses hommes, les oblige d’abord à creuser des fossés. Au bout de trois jours de pénible labeur, les soldats aspirent à combattre. Sylla décide alors de s'emparer de la citadelle en ruine des Parapotamiens située sur la rive gauche du Céphise. C’est une position capitale et Taxilus l’a compris, mais il est devancé de peu par Sylla. Ce dernier se montre à nouveau plus rapide en installant une garnison à Chéronée, à sept kilomètres (40 stades) au sud-est de la citadelle en ruine. Ainsi, il tient toutes les issues de la plaine du Céphise et ne laisse aux Pontiques qu’une seule route de retraite, difficile à emprunter, contournant le lac Copaïs pour aboutir face à Chalcis. Ainsi débute la bataille de Chéronée, remportée par les Romains.


Réaction de Mithridate

Après la défaite d’Archélaos, Mithridate, touché de plein fouet, lève une nouvelle armée. Craignant que ses alliés fassent défection, il veut impressionner les esprits. Il s'en prend aux habitants de Chios, contre lesquels il nourrit une rancune particulière depuis qu’une de leurs trières a accidentellement éperonné son navire pendant le siège – infructueux – de Rhodes. Il les accuse de pencher du côté romain et leur impose une énorme indemnité de deux mille talents. Une fois l'or remis, Mithridate accuse les habitants d'avoir triché sur les poids, les fait rassembler et déporter. Il doit également faire face à plusieurs complots intérieurs, qu’il noie dans le sang (1 600 victimes). Il envoie alors un détachement de 60 000 hommes sous le commandement de Dorylaos, qui doit rejoindre le restant des troupes d’Archélaos.


Orchomène

Par son courage et sa capacité de meneur d’hommes, Sylla inflige alors une nouvelle défaite cuisante à l’armée de Mithridate, à Orchomène. Malgré leur surnombre, la défaite des forces pontiques face aux Romains prouve l'infériorité de la phalange, dont s'est inspiré Mithridate pour réformer son armée. Cela l'oblige à traiter, d'autant plus qu'il a eu affaire à une deuxième armée romaine. En effet, à Rome, Flaccus a été élu consul et s’est embarqué pour la Grèce, soi-disant pour lutter contre Mithridate, mais en réalité pour le faire contre Sylla. Une fois en Grèce, il entre en conflit avec un de ses subordonnés, Caius Flavius Fimbria. Celui-ci profite de l'absence de Flaccus pour monter les soldats contre lui. Flaccus est décapité et Fimbria prend la tête de l'expédition. Il se porte à la rencontre de Mithridate, qu'il assiège dans le port de Pitanè en Éolide. Comme il n'a pas de flotte, il ne peut le capturer.


Paix de Dardanos

Entre-temps, par l'intermédiaire d'Archélaos, Sylla, qui a hâte d'en finir, car sa position est délicate (pour le Sénat, il est un ennemi public), offre des conditions avantageuses à Mithridate : renoncer à ses conquêtes, livrer sa flotte et payer une indemnité de 20 000 talents. Le roi du Pont se permet pourtant d'essayer d'en obtenir de meilleures. Il entend conserver la Paphlagonie et refuse de céder sa flotte. Il insinue même qu'il pourrait traiter avec Fimbria. Sylla est tellement irrité par ces atermoiements qu'Archélaos, effrayé, lui promet qu'il convaincra Mithridate. Le général romain et le roi du Pont se rencontrent enfin à Dardanos, en Troade. Un accord est rapidement conclu.

Il reste à Sylla un problème à régler avant de quitter l'Asie : celui des deux légions de Fimbria. Ce dernier a semé la terreur en Bithynie, où il a notamment livré Ilion au pillage. Sylla l'intercepte et lui ordonne de lui remettre ses deux légions. Devant son refus, Sylla met le siège devant son camp. Fimbria finit par se suicider à Pergame alors qu'il quittait la région selon Appien, ou dans son camp, selon Plutarque.

Sylla met alors de l'ordre dans la province d'Asie. Au cours de l'hiver 85-84, il s'installe à Éphèse, qui paie cher sa participation aux massacres de -88. il impose à la province une indemnité de guerre de 20 000 talents et la réorganise fiscalement. Les villes qui sont restées fidèles à Rome en sont récompensées, comme en témoignent des inscriptions retrouvées par les archéologues.


Le royaume du Pont avant le règne de Mithridate VI (violet foncé), avec ses conquêtes avant (violet) et pendant la première guerre mithridatique contre Sylla (rose)

La deuxième guerre de Mithridate 

La deuxième guerre de Mithridate opposa de 83 av. J.-C. à 81 av. J.-C. la République romaine au Royaume du Pont.

Depuis presque un siècle les Romains étaient devenus une puissance dominante en Grèce et en Asie mineure. Ils tentaient de contrôler (directement ou non) tous les royaumes locaux, mais Mithridate VI, roi du Pont, entreprit d'agrandir son royaume. La première guerre mithridatique se termina mal pour lui, et le général romain victorieux, Sylla, laissa son légat Lucius Licinius Murena en Asie Mineure comme gouverneur. Mithridate, confronté à des révoltes en Colchide et en Crimée, construisit alors une flotte et leva une armée. L'importance de ces préparatifs pouvait laisser penser qu'ils étaient dirigés contre les Romains, d'autant plus que le roi du Pont tardait à évacuer la Cappadoce, comme c'était prévu. Comme il soupçonnait son général, Archélaos, d'avoir fait trop de concessions à Sylla lors de la paix de Dardanos, Archélaos se réfugia auprès de Murena et accusa son ancien maître de préparer une nouvelle guerre.

Murena, voyant que Mithridate devait faire face à ces rébellions, intervint alors pour prendre et saccager la ville de Comana du Pont, dont il pilla le célèbre temple, sous le prétexte que Mithridate menaçait de reprendre les armes contre Rome. Lorsque les envoyés du roi du Pont lui rappelèrent le traité de Dardanos, Murena répliqua qu'il ne s'agissait que d'un accord verbal que le sénat romain n'avait pas ratifié. Mithridate envoya alors des ambassadeurs à Rome pour en appeler au Sénat. Au printemps de l'année 82 av. J.-C., Murena franchit le fleuve Halys et s'empara de 400 villages pontiques. Un émissaire du sénat, un certain Calidius, vint intimer publiquement à Murena l'ordre de ne plus attaquer Mithridate. Appien rapporte ensuite sans autre précision que Calidius alla parler seul à Murena. Les auteurs contemporains se sont livrés à des conjectures sur de la teneur de cet entretien : il n'est pas impossible qu'en privé il ait encouragé Murena à poursuivre ses attaques. Quoi qu'il en soit, ce dernier se remit en campagne. Mithridate réunit alors ses troupes. L'armée pontique et l'armée romaine se retrouvèrent face à face de chaque côté du Halys. Mithridate, qui participa en personne aux combats, franchit le fleuve et mit les Romains en déroute. Murena fut obligé de se retirer en Phrygie par des chemins de montagne. Pour célébrer cette victoire qui redorait son blason, Mithridate offrit un sacrifice solennel à Zeus Stratios.

L'intervention inconsidérée de Murena n'était pas du goût de Sylla qui chargea le tribun Aulus Gabinius de négocier. De son côté, Mithridate, qui devait faire face à une révolte des tribus du Bosphore, ne désirait pas presser son avantage. En 81 av. J.-C., on arriva à un accord : le mariage d'une fille de Mithridate avec un fils de son vieil ennemi Ariobarzane, roi de Cappadoce, était censé sceller leur réconciliation. Mais cet accord ne fut pas ratifié pour autant et la mort de Sylla (78 av. J.-C.) rendit inévitable une nouvelle et troisième guerre dont la mort de Nicomède IV, qui légua son royaume, la Bithynie, aux Romains, fournit l'occasion. Mithridate ne négligea rien pour préparer le conflit : il s'allia à Sertorius, un officier romain contrôlant l'Espagne, entretint ses relations avec les Scythes, les Thraces et les Bastarnes, reconstruisit sa flotte (jusqu'à 400 navires) et soutint les pirates ciliciens.


La troisième guerre mithridatique 

La troisième guerre mithridatique opposa de 74 av. J.-C. à 63 av. J.-C. la République romaine à Mithridate VI, roi du Pont. Elle se termina par la victoire finale de Rome et par le suicide de Mithridate, dont le Royaume du Pont, joint à la Bithynie, devint une province romaine.

En 74 av. J.-C., Nicomède IV mourut en léguant le royaume de Bithynie aux Romains. Dès qu'il l'apprit, Mithridate, qui comptait sur l'aide du roi d'Arménie, Tigrane II, et sur celle du marianiste Sertorius qui résistait toujours en Espagne, partit en campagne. Au printemps il envahit la Bithynie : une partie des habitants l'accueillit en libérateur. De nombreux Romains, qui n'avaient pas oublié les massacres perpétrés en 88 av. J.-C. lors de la première guerre mithridatique, se réfugièrent dans Chalcédoine, à l'entrée méridionale du Bosphore. Le proconsul Cotta crut pouvoir vaincre Mithridate sans attendre le renfort de Lucius Licinius Lucullus, gouverneur de Cilicie. Mithridate disposait de cent vingt mille fantassins et seize mille cavaliers, ainsi que de chars armés de faux. Grâce aux conseillers militaires envoyés par Sertorius, la formation de ces troupes était la même que celle des Romains. Cotta, ayant perdu soixante vaisseaux et quatre mille fantassins, dut s'enfermer dans Chalcédoine.


Passant outre l'avis de son état-major, qui était d'attaquer directement le royaume du Pont, Lucullus, qui disposait de trente mille fantassins et deux mille cinq cents cavaliers, se dirigea vers Chalcédoine pour délivrer Cotta. Selon Plutarque, il se retrouva à Otryae en Phrygie face à une partie de l'armée pontique dirigée par Marius, un général envoyé d'Espagne par Sertorius. Au moment où le combat allait s'engager, un grand corps enflammé serait tombé entre les deux armées, qui, effrayées, se retirèrent chacune de leur côté. Pour Théodore Reinach, qui parle de « la chute d'un bolide », Lucullus trouva là un prétexte pour ne pas livrer combat à un ennemi supérieur en nombre. On ne peut pas exclure qu'il s'agisse de la chute d'une météorite, surtout si Otryae est l'actuelle Kayakent où un cratère de cet âge a été répertorié. Mithridate étant allé mettre le siège devant Cyzique, Lucullus le poursuivit.


Le siège de Cyzique en Mysie, sur la Propontide, constitua un tournant de la guerre. Les raisons pour lesquelles Mithridate voulait prendre la ville demeurent inconnues. Selon Eutrope, Mithridate considérait la cité comme la clé de l'Asie. Plutarque avance l'idée que le roi voulait se venger des Cyziciens, qui s'étaient portés au secours des Romains à Chalcédoine. Après avoir tenté en vain d'ébranler le moral des habitants en exhibant sous leurs murs leurs compatriotes prisonniers, Mithridate attaqua la ville tant par mer que par terre au moyen de formidables machines de siège. Il commit cependant l'erreur de laisser Lucullus occuper une position extrêmement favorable, d'où il pouvait à son gré intercepter les convois de ravitaillement pontiques. Les Romains bloquèrent et affamèrent les assiégeants, contraignant Mithridate à lever le siège au printemps suivant, après de très lourdes pertes. Tandis que le roi du Pont s'échappait par mer, les débris de son armée, qui comptait encore une trentaine de milliers d'hommes, gagnèrent Lampsaque par voie de terre. Lucullus ayant mis le siège devant cette ville, Mithridate dut la faire évacuer.


Le seul atout restant de Mithridate était sa flotte, dont une escadre était passée en mer Égée. Lucullus, après avoir capturé treize navires pontiques près de Ténédos, détruisit ce qui restait de la flotte de Mithridate près de Lemnos. Au cours de ces combats, il captura et fit exécuter Marius. Lucullus espérait mettre fin à la guerre en s'emparant de Mithridate qui s'était réfugié à Nicomédie, mais Voconius, le légat chargé de l'intercepter, tarda à bloquer les issues de la ville et le roi, bien qu'il eût subi de lourdes pertes en mer à cause du mauvais temps, parvint à nouveau à s'enfuir et à regagner ses États. Dans cette situation désespérée, Mithridate sollicita l'assistance de son fils Macharès, roi du Bosphore cimmérien, ainsi que celle de son gendre Tigrane, roi d'Arménie. Selon Memnon, ce dernier, quoique réticent, se laissa convaincre par son épouse.

De son côté, loin de se décourager, Lucullus poursuivit Mithridate dans son royaume, où il assiégea les cités de la côte. Mithridate, qui avait confié la défense d'Amisos au général Callimaque, se replia à Cabira et organisa la défense des vallées intérieures. Au cours de l'hiver 72-71 av. J.-C., il avait réuni une armée qui comprenait quarante mille fantassins et quatre mille cavaliers. Au début de 71 av. J.-C., Lucullus marcha sur Cabira, mais fut d'abord tenu en échec par la cavalerie adverse. Il installa son camp sur les hauteurs dominant la ville. Le plan de Mithridate était de couper les approvisionnements de Lucullus qui venaient de Cappadoce. Au printemps, un contingent pontique qui avait attaqué un convoi de ravitaillement romain, fut pratiquement anéanti. À l'annonce de ce revers, Mithridate jugea plus prudent d'évacuer discrètement la place. Au vu des préparatifs, la panique s'empara des soldats de l'armée royale, qui crurent qu'on les abandonnait. Au cours d'une invraisemblable débandade, Mithridate ne dut son salut qu'à la cupidité des cavaliers romains lancés à sa poursuite : s'étant emparés d'une mule chargée d'or, ils laissèrent échapper le roi. Ce dernier, qui avait expédié ses sœurs et les femmes de son gynécée dans la forteresse de Pharnacie, donna alors des ordres afin qu'elles périssent toutes pour éviter qu'elles ne tombent esclaves entre les mains des Romains. Seule Hypsicratia, restée auprès du roi, y échappa.


À bout de ressources, Mithridate se retira auprès de son gendre Tigrane, roi d'Arménie, qui l'accueillit à contre-cœur sans même l'admettre en sa présence et lui assigna une résidence écartée. Lucullus envoya à la cour de Tigrane son beau-frère Appius Claudius Pulcher pour exiger qu'on lui livre Mithridate.

Entre-temps, les Romains assiégeaient les villes de la côte pontique. Lucullus emporta d'assaut Amisos. La ville fut pillée et incendiée par des soldats romains enragés, malgré les efforts de Lucullus pour la sauver. Le général romain, qui admirait la culture grecque, entreprit aussitôt de la reconstruire.

Après avoir pris ses quartiers d'hiver (71-70 av. J.-C.) dans la province d'Asie, Lucullus s'occupa de soulager la misère qui régnait dans cette région accablée de dettes et saignée par les publicains. Cette situation était la conséquence de l'indemnité de guerre de 20 000 talents que Sylla avait imposée au Pont au terme de la première guerre mithridatique. Pour y mettre fin, Lucullus prit diverses mesures financières qui lui assurèrent la gratitude des Pontiques, mais aussi la rancune des publicains, qui le dénigrèrent à Rome.

Lorsqu'Appius Claudius Pulcher, après une longue attente, fut reçu par Tigrane, il lui signifia d'emblée que si Mithridate ne lui était pas remis, les Romains déclareraient la guerre à l'Arménie. Un auteur moderne livre une analyse des motivations complexes des différents protagonistes: Tigrane pouvait difficilement livrer son propre beau-père, et il semble qu'il ne pensait pas les Romains capables d'engager une coûteuse guerre simplement pour mettre la main sur l'ex-roi du Pont. C'était une erreur : d'une part Lucullus ne pouvait pas laisser impuni un tel refus, et d'autre part, comme l'avait montré l'épilogue de la première guerre mithridatique, aussi longtemps que Mithridate était vivant, il constituait une menace qu'il fallait éliminer une fois pour toutes.

Au printemps 69 av. J.-C., Lucullus traversa l'Euphrate et pénétra avec deux légions et cinq cents cavaliers en territoire arménien. Plutarque souligne à quel point l'entreprise paraissait dangereuse : les Romains pénétraient dans un pays immense disposant de dizaines de milliers de combattants. Dans un premier temps, Tigrane se refusa à croire que Lucullus avait mis sa menace d'invasion à exécution et fit mettre à mort le messager qui apportait la nouvelle. Il envoya à la rencontre de l'armée romaine un contingent de cavalerie commandé par Mithrobarzane, qui fut mis en déroute. Lucullus marcha ensuite sur Tigranocerte, la capitale que Tigrane venait de faire construire et en fit le siège, estimant que le roi d'Arménie n'abandonnerait pas son gynécée et les trésors qu'il y avait entassés. De son côté, Tigrane rassembla deux cent cinquante mille fantassins et cinquante mille cavaliers. Il envoya 6 000 cavaliers qui parvinrent à franchir les lignes romaines autour de Tigranocerte et à en ramener les concubines royales. L'Arménien, enhardi par ce succès et confiant dans sa supériorité numérique, ignora l'avis de Mithridate qui avait conseillé de ne pas affronter Lucullus en bataille rangée, mais de le harceler et de couper ses lignes de ravitaillement. L'affrontement eut lieu le 6 octobre près d'un fleuve que Plutarque n'identifie pas formellement, probablement le Tigre. Franchissant le fleuve, Lucullus donna l'assaut sans laisser aux troupes arméniennes le temps de se ranger en ordre de bataille. Il mit rapidement en déroute la cavalerie lourde, qui reflua vers l'infanterie et y jeta le désordre. Le combat tourna alors au carnage. Plutarque rapporte que plus de cent mille fantassins ennemis et la plus grande partie des cavaliers furent tués, tandis que les Romains ne comptaient que cent blessés et cinq tués. Plutarque cite également un des livres disparus de Tite-Live où celui-ci affirme que jamais on ne vit une telle disproportion de forces, les Romains combattant à un contre vingt. Lucullus s'empara ensuite de Tigranocerte et la livra au pillage.

Tenu à l'écart durant plus d'un an et demi, Mithridate reprit du service aux côtés de Tigrane, dont il réorganisa l'armée durant l'hiver 69-68 av. J.-C. Les deux rois offrirent une alliance au roi des Parthes, Phraatès III. De son côté, Lucullus envoya également un ambassadeur aux Parthes. Prenant prétexte d'un double jeu de Phraatès, il décida d'envahir son royaume, pour vaincre « comme un athlète, trois rois », écrit Plutarque. Il voulut faire venir du Pont deux légions qu'il y avait laissées. Ces deux légions (que l'on appelle souvent « fimbriennes », parce qu'elles avaient combattu sous les ordres de Gaius Flavius Fimbria lors de la première guerre mithridatique) étaient notoirement indisciplinées : elles se mutinèrent et refusèrent de marcher. La mutinerie gagna les troupes accompagnant Lucullus, qui se vit forcé de renoncer à son projet. Il prit alors le chemin de l'ancienne capitale arménienne, Artaxata. Cette fois, les troupes arméniennes évitèrent le combat ouvert et harcelèrent les Romains. Le haut-plateau arménien est une région au climat inhospitalier où l'été est court et, malgré les supplications et les exhortations de Lucullus, les légionnaires épuisés refusèrent de continuer. À l'automne de 68 av. J.-C., le général romain dut faire retraite. Il repassa le Taurus et prit Nisibe, où il hiverna.

Il alla ensuite de déboire en déboire. Son beau-frère Publius Clodius Pulcher, qui faisait partie de son état-major, répandit, par rancune personnelle ou pour des raisons politiques, un esprit séditieux parmi les soldats romains, dénigrant Lucullus qu'il accusait de ne rechercher que son propre enrichissement et de risquer la vie de ses hommes dans des entreprises hasardeuses. À Rome, ses détracteurs travaillaient également à sa perte. Il fut peu à peu dépouillé de ses pouvoirs. En 68 av. J.-C., on lui enleva son poste de gouverneur d'Asie, tandis que Quintus Marcius Rex était nommé gouverneur de Cilicie. Au début de l'année suivante, le tribun de la plèbe Aulus Gabinius proposa que la Bithynie et le Pont fussent attribués à Manius Acilius Glabrio. Par le même plébiscite les légions fimbriennes furent licenciées.


Entre-temps, profitant de la lassitude des Romains, Mithridate, à la tête de 8 000 hommes, dont 4 000 Arméniens, pénétra en Arménie mineure, où il fut accueilli en libérateur. Il remporta une première victoire sur Fabius Hadrianus, le légat affecté à la région, lui tuant cinq cents hommes au cours d'un combat où il fut blessé. Au printemps 67 av. J.-C., il infligea ensuite à Triarius, un autre légat de Lucullus, une défaite écrasante à la bataille de Zéla : plus de sept mille Romains furent tués, dont cent cinquante centurions et vingt-quatre tribuns. La catastrophe aurait été pire si Mithridate n'avait été gravement blessé par un centurion romain qui avait réussi à l'approcher. Tandis que Mithridate reconquérait le Pont, Tigrane ravageait la Cappadoce. Quant à Lucullus, il n'exerçait plus aucun contrôle sur ses soldats, qui en étaient arrivés à le tourner en dérision.


Pompée supplante Lucullus

Mais, au printemps de 66 av. J.-C., Pompée, vainqueur des pirates et qui avait obtenu par le vote de la lex Manilia des pouvoirs d’imperium exceptionnels en Asie mineure, arriva de Cilicie. Selon Dion Cassius, sa première action aurait été de proposer la paix à Mithridate, qui aurait ignoré ces ouvertures, espérant gagner le roi des Parthes Phraatès à sa cause. Pompée se montra plus rapide et conclut lui-même une alliance avec ce dernier, l'incitant à attaquer le territoire arménien. Effrayé, Mithridate aurait alors demandé la paix. Face aux exigences exorbitantes de Pompée, les soldats pontiques se révoltèrent et il ne put les calmer qu'en prétendant que ses émissaires n'avaient pas été chargés de négocier, mais d'observer ce que faisaient les Romains.

Pompée se rendit en Galatie pour relever Lucullus de son commandement. L'entrevue commença de manière courtoise, mais le ton monta entre les deux hommes, et il s'en fallut de peu qu'ils n'en viennent aux mains, retenus par leurs gardes du corps.

Les Romains prirent alors l'offensive. Face à l'avance romaine, Mithridate évita le combat, harcela l'ennemi et détruisit les régions qu'il traversait pour l'affamer. Plutarque écrit qu'il « n'osait risquer la bataille ». S'ensuivirent une série de marches, dont les auteurs antiques font un récit souvent confus. Pompée se dirigea vers l'Arménie Mineure. Mithridate s'était retranché dans un réduit montagneux, mais dut l'évacuer par manque d'eau. Comme il avait ensuite établi son camp sur une hauteur bien pourvue d'eau, Pompée l'encercla. Au bout de quarante-cinq jours, Mithridate, ayant fait tuer les malades et les blessés, s'échappa à nouveau à la faveur de la nuit. Les Romains, ne lui laissant pas de répit, finirent par le rattraper et le surprirent au milieu de la nuit. Plutarque en a laissé un récit souvent repris. Les officiers de Pompée le convainquirent de ne pas attendre le matin et d'attaquer immédiatement. Les légionnaires ayant la lune dans le dos, celle-ci projetait des ombres très longues qui trompèrent leurs adversaires : les soldats pontiques lancèrent leurs javelots trop tôt sans atteindre les Romains. Mithridate, qui perdit plus de 10 000 morts dans l'affaire parvint néanmoins à s'échapper avec une poignée de fidèles, dont sa concubine Hypsicratie.

Rejeté par Tigrane, qui offrit même cent talents pour sa capture, Mithridate n'eut d'autre choix que de gagner la Colchide où il passa l'hiver 66-65 av. J.-C. Il se rendit ensuite à Panticapée. S'étant rendu maître du Royaume du Bosphore, sur les bords de la Méotide, où il écrasa l'armée de son fils Macharès qui tentait de lui résister, il aurait conçu le projet hasardeux de transporter une armée dans l'Ouest du Pont Euxin, en Dacie, chez son allié Burebista, pour attaquer avec ce dernier l'Italie. Mais, par un blocus naval, Pompée poussa à la révolte les cités grecques de Chersonèse et de Scythie mineure, exaspérées par la fiscalité pontique et la ruine de leur commerce. Une révolution de palais, menée par son fils Pharnace, contraignit Mithridate au suicide. Joint à la Bithynie, son royaume héréditaire constitua une nouvelle province romaine, tandis que Pharnace recevait de Pompée le royaume du Bosphore, succédant à son frère Macharès.

Mithridate a laissé, comme Hannibal, le souvenir d’un adversaire déterminé de Rome. Mais il a épuisé ses ressources dans des expéditions mal calculées, de telle sorte qu’il ne put résister à l’assaut final.

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