Premier empereur à porter la barbe, Hadrien possédait d'innombrables qualités mais manquait de verve et de vigueur pour devenir un grand souverain. Les témoignages de son règne qui subsistent sous forme de pierre et de mortier, ont occulté les critiques qu'il dut affronter.
Publius Aelius Hadrianus (.vers 117 à 138 pr. J.-C.) naquît en 76 à Italica en Espagne, d'une famille de coloniaux ambitieux. Il fut élevé à Rome, mais garda toujours son accent provincial. Après la mort de son père, Hadrien fut pris en charge par des amis espagnols et par des membres de la famille de Trajan. Les deux groupes se rapprochèrent, mais on ignore si l'empereur Trajan avait décidé d'adopter Hadrien ou de le choisir comme successeur.
Hadrien bénéficia d'une rapide promotion dans l'armée et la sphère politique jusqu'à Le que sa carrière ralentît, sans doute parce que Trajan avait favorisé un de ses rivaux. Bien qu'on ne connaisse que peu de choses sur cette période de sa vie, une inscription prouve qu'il était en poste officiel à Athènes en 112. A la mort de Trajan, il était commandant de l'armée en Syrie.
En remerciement de son soutien actif à Plotine, la veuve de Trajan - il avait caché la nouvelle de la mort de l'empereur jusqu'à ce que les papiers nécessaires à l'adoption fussent remis au Sénat -, Hadrien fut salué comme César. L'opposition se dressa, mais avant même qu'il n'arrive à Rome le 9 juillet 118, ses partisans au Sénat avaient fait exécuter ses adversaires, quatre anciens consuls.
La politique d'Hadrien rompit avec celle de son prédécesseur. Convaincu que l'Empire avait atteint ses limites, il arrêta les conquêtes Les troupes furent retirées du cours inférieur de l'Euphrate et les nouvelles provinces mésopotamiennes remises à des rois clients. En Bretagne, il interdit toute expansion vers le nord et fit du Rhin la frontière septentrionale de la Germanie.
L'objectif d Hadrien était de consolider l'Empire par la romanisation des populations qui dépendaient de sa sphère de pouvoir. La subtilité de ce plan ne fut pas immédiatement perçue par une poignée de membres du Sénat qui fomentèrent un coup d'Etat. Seule la loyauté de la Garde prétorienne permit à l'empereur mis en difficulté de surmonter la crise.
En réponse, Hadrien procéda à une célébration inaugurale autour d'un feu de joie dans lequel furent jetées les listes des impôts impayés. Perspicace, il comprit ses priorités. L'aristocratie romaine fut largement ignorée et les militaires, bien que ne combattant plus pour l'Empire, furent gardés en activité par d'extravagantes manœuvres. II parcourut les provinces avec acharnement visitant les légions et menant une vie de soldats. Il s'intéressa aussi au bien-être de ses sujets provinciaux qui bénéficièrent de nouvelles routes, d'aqueducs, de ponts, de thermes, de temples et d'autres bâtiments publics.
Les voyages d'Hadrien furent motivés par son intérêt profond pour l'art, la littérature, la culture grecque - il fut assez vaniteux pour utiliser des fers à friser à la manière des grecs - et les paysages exotiques. Son comportement en voyage ressemblait à s'y méprendre à celui des touristes modernes, visitant tous les sites et tous les monuments, et gravissant les montagnes pour admirer un coucher de soleil. Bien qu'ayant épousé la petite nièce de Trajan, Vibia Sabina, Hadrien était ouvertement homosexuel. Son amant Antinoüs, qui l'avait accompagné lors de sa visite aux temples de l'Egypte antique, se noya accidentellement dans le Nil. Plus tard, Hadrien fit de son colossal palais de Tibur (Tivoli) un mémorial à l'amoureux perdu.
L'échec principal de la politique coloniale d'Hadrien survint quand il voulut renommer Jérusalem Aelia Capitonna et en restreindre l'accès aux juifs à un seul jour par an. La rébellion de 132 qui s'ensuivit se termina par un carnage et par la dispersion des juifs de la région. À la fin de 132, Hadrien revint à Rome et abandonna les voyages pour se consacrer entièrement à sa passion des arts.
C'est pendant son règne que les fortifications romaines des principales frontières furent élevées; l'une d'entre elles - le mur du nord de la Bretagne qui porte son nom - demeure très bien conservé. Hadrien passa presque la moitié de son règne loin de Rome, et la plupart de son temps à Tivoli lorsqu'il se trouvait en Italie. Cet éloignement et la manière cavalière avec laquelle il traita l'opposition écornèrent sa réputation. Quand il mourut en 138, affaibli par la maladie, il était devenu un personnage distant et mal aimé. Son successeur Antonin le Pieux rencontra plus de succès.