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Trajan

Ainsi qu'on l'avait prédit, le gouvernement du vieux Nerva ne dura que deux ans. Libérateur des opprimés, il fut haï par l'armée. Seule la désignation de Trajan comme successeur évita le coup d'État.

L'adoption de Trajan (vers 98 à 117 apr. J.-C.) par Nerva fut un moment particulier de l'histoire de Rome, non pas parce qu'il s'agissait de quelqu'un n'appartenant pas à sa famille - comme cela avait été souvent le cas chez les Julio-Claudiens - mais parce qu'il avait choisi un homme populaire de l'armée. Trajan représentait un cas unique car il n'était pas italien. Né en 53 dans la colonie espagnole d'Italica, Marcus Ulpius Trajanus était déjà connu des Romains. Domitien lui avait confié, en 91, la charge de consul que son père avait déjà occupée sous Vespasien. Et surtout, ayant servi dix ans comme tribun, il avait le soutien de l'armée.

Nerva avait déjà confié à Trajan en 97 la majorité des pouvoirs du principat. En 98, il se trouvait en Pannonie sur les rives du Danube. Son intronisation loin de Rome aurait été maladroite car elle aurait dévalorisé la position des anciens empereurs. Le consciencieux et sobre Trajan possédait le charisme nécessaire pour gouverner l'Empire et lorsqu'il arriva enfin à Rome, son entrée discrète, à pied, fournit un premier indice sur sa personnalité. Il embrassa les membres du sénat, comblant en un instant l'abîme que Domitien et beaucoup de >ses prédécesseurs avaient creusé. Son épouse Plotine était tout aussi modeste. En pénétrant dans le palais, elle déclara : "J'entre ici comme une femme et j'espère l'être encore quand je partirai."

L'empereur Trajan se démena pour être a la hauteur de sa réputation. Il remit en état le réseau routier en Italie, construisît un nouvel aqueduc, édifia un gigantesque forum et des galeries marchandes, créa des institutions pour les enfants pauvres, augmenta le nombre de ceux qui recevaient une aide en blé, diminua les impôts et mit un point d honneur à nommer des administrateurs méritants et honnêtes aux postes de responsabilité, dont Pline le Jeune.

Il entretint une longue amitié avec ce dernier. Leur correspondance, très bien conservée, offre aux historiens une remarquable vision du gouvernement romain de cette époque. Trajan refusa de poursuivre la persécution des chrétiens et découragea la politique pourtant habituelle de dénonciation par écrit. " Les pamphlets anonymes qui ont été publiés n'ont place dans aucune accusation" déclara-t-il à Pline. 

UNE ÈRE DE CONQUÊTES

A l'étranger, méprisant les conseils augustéens de rester à l'intérieur des frontières impériales, Trajan se lancèrent au contraire à la conquête de nouvelles régions. Son principal objectif fut la Dacie, en Roumanie moderne. Ce pays avait déjà combattu les légions de Domitien, mais la situation était restée indécise. Trajan répondit à une intervention assez discrète du roi dace Décébale en envahissant le pays en 101. La légalité et la nécessité de cette opération étaient contestables.
Colonne de Trajan Après deux campagnes, la Dacie fut intégrée à l'Empire en 106. On retrouve le récit de ce combat dans la magnifique spirale qui orne la colonne de Trajan à Rome, et dont les détails finement sculptés éclairent plus d'une génération sur l'art de la guerre. L'empereur inaugura ce chef-d'œuvre en marbre en 113. La statue de Trajan qui surmontait l'édifice fut remplacée par celle de saint Pierre.
Trajan annexa plusieurs royaumes clients dont l'Arabie, jadis territoire des Nabatéens. En 115, il porta son attention sur la Parthie, ennemi consacré, et occupa avec succès la capitale Ctésiphon. L'empire atteignit alors sa plus grande étendue, embrassant toute la Méditerranée et s'ouvrant sur l'Atlantique, la mer Noire, la mer Caspienne, la mer Rouge et le golfe Persique. L'envergure de telles campagnes témoigne de l'intérêt qu'il portait à la vie militaire.

Il fut immensément populaire à Rome où on lui donna le titre d'Optimus Princeps ("le meilleur des princes ") parce qu'il avait fortement contribué à la qualité de vie des Romains en maintenant la guerre sur des terres étrangères. Il décéda d'une attaque d'apoplexie en 117. Cette mort foudroyante sauva peut-être sa réputation car, à cette époque, Rome essuyait de nombreux revers lors des combats menés pour protéger ses frontières. Son corps fut incinéré à Rome et ses cendres enterrées au pied de sa colonne. 

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